La Case de l’Oncle Tom

Habitat collectif, Bruno Taut archi. 1928, photo NJ

La station Onkel Toms Hütte est située au sud-ouest de Berlin le long de la ligne U3. Dans son livre Guerre du toit et modernité architecturale, Christine Mengin (Guerre du toit et modernité architecturale : loger l’employé sous la république de Weimar, Paris: Publications de la Sorbonne, 2007) aborde la question de ce lotissement sous l’angle du combat entre l’architecture moderne et la traditionaliste (régionalisme). La cité de Berlin-Zehlendorf fut érigée entre 1926 et 1932 par les architectes Taut, Hugo Häring et Otto Rudolf Salvisberg, sous la direction de Martin Wagner.

Ce quartier pour classe moyenne vit des jours paisibles assez loin du vrombissement de la ville. Selon Christine Mengin, « l’hypothèse sur laquelle repose ce travail (sous ouvrage) est que la mise au point d’un modèle pertinent pour l’habitat de masse est d’origine syndicale et non, contrairement à ce qui est fréquemment affirmé, municipale (§. 6) ». On ne trouvera pas dans ce livre de témoignages d’habitants ni d’éléments ethnographiques permettant de savoir si on vit mieux ici qu’ailleurs. Et ce n’est pas quelques heures passées à travers le quartier qui donneront le change.

Immeuble construit par Bruno Taut, jardin d’enfants, photo NJ

L’originalité de ce lotissement tient à beaucoup de choses, notamment une implantation assez loin du centre de Berlin, avec la création à l’époque d’une station de métro. Les immeubles ou les maisons en bandes sont distribuées de façon peu denses, et chaque coin d’immeuble est réservé à un service, comme un coiffeur, un kiné ou un jardin d’enfants. Aucune résidentialisation n’est perceptible dans l’immédiateté des immeubles. On passe de la rue au trottoir à l’entrée, sans franchir des grilles, et taper des codes. Cependant, l’accès aux entrées  est protégée par un digicode. Des arceaux devant chacune d’elles hébergent des vélos (souvent deux à trois).

Immeuble collectif de Bruno Taut, photo NJ

Le toit plat, signe distinctif du courant de l’architecture moderne, fut l’objet d’une controverse et d’après l’ouvrage de Christine Mengin, défendu par les syndicats ouvriers (de gauche) qui entreprirent la construction de ce lotissement. Le nom curieux vient de celui d’une guinguette située à l’origine dans le secteur. La cité est bercée par des grands espaces boisés et une longue coulée verte qui offrent aux habitants des promenades et des loisirs (jeux, jogging, vélo). Réhabilité dans les années 1980 avec les habitants, ce quartier apparaît paisible et sans dégradation. Il offre un fort contraste avec celui de Kreuzberg ou bien juste au-dessus, autour du Mauerpark, submergé de monde hier après-midi.

Mauerpark, 22 avril 2018, photo NJ

Comme dans la plupart des parcs de la capitale, les gens viennent se reposer ou écouter de la musique en buvant une bière. Juste en face, un marché au puces permet de trouver l’objet vintage convoité, ou de s’offrir un cornet de frites (et/ou une bière). Des musiciens viennent tester leur « tour de chant » devant des parterres plutôt jeunes. Du folk à la musique techno, en passant par la chorale et une interprétation plutôt réussie d’une chanson extraite de La La Land.

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