Se déplacer en ville 3.0 : franchir les limites du ridicule

Le président Emmanuel Macron dans les rues de Copenhague, 29 août 2018, photo AFP

Le déplacement en « mode doux » est à la mode dans les plus hautes sphères de l’Etat. Bien entendu il s’agit de la bicyclette, objet centenaire qui a fait ses preuves, qui plus est dans une des villes les plus cotée en matière de cycle. Le vélo incarne à la fois un esprit jeune et sportif, distingué et « dans le coup ». C’est aussi le signal que la terre souffre.

Cela dit, les moyens de transport individuels ont largement débordé des formes traditionnelles de la bicyclette ces dernières années. Très subjectivement, cela nous permet d’aborder la question du déplacement en ville à travers une revue d’objets pensés pour le déplacement dit « intelligent ». J’utilise pour cela un site de vente en ligne.

Topmate Mini vélo électrique ES-30 Gris – 599 euros
JX SMLRO Vélo électrique avec Deux Batteries Tricycle Électrique Vélo Scooter 14 Pouces 250 W 36 V 14.4A H – 1539 euros
6.5″ Self Balance Board Bluewheel HX420 Smart APP Hover Scooter – 249 euros

Les overboards sont de plus en plus souvent utilisés par les enfants dans leur version « jouet ». Un adaptateur permet d’ajouter une roue et un siège, ce qui rend l’objet plus attrayant à la manière d’un karting. La position debout nécessite une stabilité et un équilibre qui peut poser problème dans l’espace urbain, notamment au moment du franchissement des voies.

Inmotion P1F Mini-Scooter Mixte Adulte, Noir/Or – 900 euros

On assiste à la présence d’objets de taille réduite allant de pair avec le besoin de le stoker facilement et n’importe où. Reste un objet lourd et parfois encombrant du fait de l’électrification et du poids des batteries. Dès l’instant où la vitesse dépasse les 25 km/h, la réglementation impose le port du casque et la circulation sur la route exclusivement.

INMOTION V10F Gyroroue électrique Mixte Adulte, Noir – 1790 euros

Tous ces véhicules ont en commun d’être électrique, c’est-à-dire de consommer de l’électricité stockées dans des batteries. Disons le tout de suite, le partage de la route avec des véhicules pouvant dépasser les 30 tonnes pose problème. Le pilote ne dispose d’aucune armure comme il peut en être pour les motards, par exemple. Le corps reste vulnérable, d’autant plus que les pilotes sont souvent en costume, puisque ces objets s’adressent avant tout aux businessmen et aux professions du secteur tertiaire, nous dirions également au monde urbain, dans toute son urbanité.

Tous ces objets ont en commun un « vide juridique » sur leurs positions dans l’espace urbain vis-à-vis des autres usagers, piétons, cyclistes et chauffeurs. Faut-il être spécifiquement assuré, et faut-il porter un casque ? Peut-on rouler sur les trottoirs ou les pistes cyclables ? La motorisation offre la possibilité d’une allure plutôt rapide, et parfois supérieure à 25 km/h. Dans ce cas, les pistes cyclables ne sont plus appropriées, mais la voie publique l’est-elle pour autant ?

L’accidentologie est en manque de données et il faudra attendre encore quelques mois ou quelques années pour savoir si ces modes de transports sont plus sûrs ou plus dangereux que les modes « traditionnels ». Restes qu’ils sont assez rares, ce qui renforce cet aspect distinctif.  Enfin, la question du ridicule posée à la manière d’un concept sociologique permet de penser que l’enjeu central reste celui de la distinction. Vouloir se montrer autrement, par un objet surprenant, et surprendre à son tour. L’individu est au cœur de cette pratique. Par exemple, la monowheel, que les adeptes nomment « gyroroue » fait partie des objets ostentatoires autant que procurant une distinction. Faut-il être jeune et en forme physique pour oser se tenir debout sur plusieurs kilomètres ? Faut-il ne pas avoir peur du ridicule ?

Nous pourrions amorcer une étude dans ce sens, et poser la question à brûle pourpoint. Dans le même temps, n’est-il pas curieux de revoir ce déploiement d’objet étonnants comme nos ancêtres ont pu le voir au début du XXe siècle ? Pour preuve, voici quelques illustres objets roulants.

18-12-13, Parc des Princes, bicyclette Bunau-Varilla [vélo torpille, l’ingénieur Bunau-Varilla et Marcel Berthet] : [photographie de presse] / [Agence Rol] – BNF
[24/6/20, Parc des Princes, jubilé en l’honneur du cycliste Thorwald Ellegaard], Marcel Durand [sur un monocycle et, sur sa petite bicyclette, le] jeune Evrard : [photographie de presse] / [Agence Rol] – BNF

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