Enchanter la ville

Affiche des trois journées de performances des habitants et de la compagnie

La compagnie Les 198 os travaille sur le quartier d’Empalot depuis presque une dizaine d’années, à la faveur de la requalification du quartier.

Imaginons que la scène serait la ville, que la salle où sont assis les spectateurs serait l’intérieur d’un bus. Voilà une scène de théâtre qui se déplace avec les spectateurs. Mais quel est le sujet ? C’est la vie des gens, les histoires singulières que chacun est venu raconter au préalable dans le local du quartier général de la compagnie. Un questionnaire à la Proust et des réponses, parfois inattendues, qui feront le matériau de base pour une mise en scène à travers un parcours construit.

Derniers réglages place Ste-Germaine, Saint-Agne, © Noël Jouenne

Des entretiens sortent des « attributs » images de ce que l’on aurait voulu être, connaître, savoir, vivre…

Ces « attributs » sont reproduits en grandeur réelle et disposés ou plutôt présentés par leur « créateur ». Ils seront placés judicieusement sur le parcours qu’emprunte le bus. Une préparation minutieuse, longue et parfois entremêlée d’imprévus.

L’âne aux baskets, © Noël Jouenne

Il y a eu un accident avec l’âne au moment de le descendre et de le mettre en scène. Les rivets ont lâché et l’âne est tombé sur le sol. Pendant la répétition générale, les curieux venaient voir cet animal qui, de loin, faisait croire à un vrai. Avec des baskets, c’est plus surprenant. Il faut lui faire faire du sport. Comme habitant du quartier élargi, j’étais nommé pour remplacer la titulaire de cet attribut. Pendant les trois-quart d’heure d’attente, des nombreux enfants et quelques adultes sont venus se renseigner sur le pourquoi de cette présence. Un roumain qui habite en face est venu me voir après plusieurs hésitations et m’a dit qu’il croyait que c’était un vrai comme chez lui, en Roumanie. On dit « m?gar » me dit-il en caressant la photo de l’âne. Et « m?garit » pour une femelle. Il a traversé le rue et est reparti souriant chez lui. Quelques automobilistes se sont arrêtés soit pour photographier soit pour me saluer. Un vieil algérien s’est arrêté et m’a demandé ce que je faisais. Je lui ai dit que j’essayais d’apprendre le sport à cet âne vraiment bourrin. Il m’a répondu « comme toi ! » et a continué sa route. En situation de performance, il ne faut pas avoir peur du ridicule.

Derniers réglages et mise en place, © Noël Jouenne

Voilà un temps dans la ville qui mobilisa une quarantaine de participants pour trois représentations in vivo. Théâtre participatif, vivant, au cœur des quartiers, moment enchanteur, instant fragile qui vient déstabiliser les conventions, éveiller l’éclair de l’idée qu’il est possible de réaliser collectivement quelque chose pour enchanter la ville.

La dernière c’est ce soir !

D’après une idée originale de Virginie Baes et Hélène Olive. Les 198 os. 2018

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