Déambulation urbaine sensorielle

Abri sensoriel, Bibliothèque Cabanis, Toulouse, © Mohammed Zendjebil

Déambuler pour mieux entendre, sentir et appréhender la ville

La séance de séminaire du mercredi 21 novembre 2018, a été l’occasion l’après-midi avec les responsables de l’association « Handi-Apt » (Océane de Matos et Mélanie Barrès), les étudiants présents du Master « Voir la Ville » (Marianne Pommier, Romuald Villac et Mostefa Zemouli) ainsi que des patients d’une structure médico-psychiatrique de Blagnac, de faire une expérience sensorielle en milieu urbain. Cette séance nous a amenés dans un premier temps à une déambulation urbaine sensorielle. La balade débuta à la sortie de la station de métro Jean-Jaurès, en mettant en avant notre ressenti par rapport à l’environnement immédiat (visuel, sonore, odorat et toucher), à l’aide d’une fiche technique. Lieu passant, les discussions et les éclats de rire des usagers ponctués notre présence. Les façades de briques rougeoyantes des bâtiments sous un soleil automnal, accaparé le regard ! Une seconde halte sur la place d’Arménie devant la fontaine sur les « ramblas » en cours d’aménagement nous a permis de reproduire la même démarche que précédemment. A cet endroit, le bruit des machines du chantier ainsi que l’odeur du goudron, nous a particulièrement « dérangés ». Notre ultime halte nous amena devant la médiathèque José Cabanis. Là nous attendaient les patients sensibles. Le lieu est passant, mais finalement peu bruyant, une ambiance feutrée baignait par un beau soleil de fin de journée. Cet exercice a été finalement l’occasion de se centrer sur l’environnement urbain pour recueillir nos impressions exaltées par nos sens en éveil. Cette démarche nous apprend beaucoup sur nous même, car ce sont des réflexes auxquels nous ne faisons pas vraiment attention en temps normal, par contre, exacerbé pour les patients qui nous accompagnaient.

Dans l’abri sensoriel, Bibliothèque Cabanis, Toulouse, © Mohammed Zendjebil

Des limites, des frontières pas si évidentes

Cet exercice a été l’occasion de voir dans cette déambulation, les différentes limites et frontières qui jonchent le parcours et auxquelles on ne prêterait pas attention en temps normal : tapis sensoriel au niveau des feux tricolores, bandes rugueuses au sol pour diriger/indiquer des parcours aux non-voyants, feux tricolores sonores, etc. On remarque que l’espace urbain est fait de limites, de frontières sensorielles si on y prête une certaine attention. Le son est également soumis à ces limites, car, en évoluant d’un espace à un autre, on repère bien ces successions de sons voire de bruit qui jalonnent le parcours. Le final de cette déambulation, nous a amenés dans l’abri sensoriel installé dans le hall d’entrée de la médiathèque. Dans cet abri, on est isolé du reste du monde, le bruit extérieur est atténué. C’est un lieu qui est calme, reposant, qui conforte les personnes sensibles aux différents sons de la ville. Il est un lieu qui apaise, qui calme, qui redonne confiance. Cet abri, marque une limite subjective pour certains, objective pour d’autres, mais qui ne laisse pas indifférent de par sa structure. Il impose une limite, dans laquelle on peut se réfugier pour s’isoler physiquement et psychiquement. Cet outil de médiation (l’abri) a été utile pour les patients qui nous accompagnaient, car leur réaction était tout unanime quant à l’intérêt d’un tel outil. Sa structure en bambou, briques de bois et autres tissus colorés, suggère la nature comme le voilage au plafond, bleu et blanc, rappelant le ciel. Une multitude de papillons en origami suspendus nous transporte vers un autre environnement comme pour nous extirper des limites de la ville sonore ! Les assises constitutives de ce lieu appellent à la contemplation et à la pause, pour se détacher de ce qui nous entoure, et abolir les frontières d’un espace urbain trop présent par le son et le bruit, vers une sensation de quiétude.

Mélanie Barrès de l’association Handi’Apt © Mohammed Zendjebil

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