Le périurbain amène

Depuis les berges d’Ur, mars 2019, © NJ

 

Dans le discours ambiant, le périurbain est vécu comme négatif, la cause du replis des classes moyennes cantonnées à des territoires éloignés des villes et privées de leur urbanité. Le périurbain serait en crise. C’est notamment le cas des analyses qui décrivent le mouvement national des Gilets jaunes depuis décembre 2018 et qui envahissent chaque samedi les centres-villes. C’est sans compter que le périurbain est également un territoire qui abrite les classes moyennes aisées, et une plus forte proportion de diplômés que dans les faubourgs de la ville. Il faut donc reconnaître que le mouvement des Gilets jaunes n’est pas représentatif de l’ensemble des populations vivant sur les territoires périurbains.

Du côté d’Hasparren, mars 2019, © NJ

L’article de Philippe Sahuc dont j’aimerais parler dans ce billet concerne l’étude des chemins en zone périurbaine, ou plus précisément l’étude des pratiques sociales de ces chemins, dont le but est de « comprendre le sens que peut prendre la fréquentation de chemins de randonnées » (p. 147). A la recherche d’aménités, l’étude montre que les usagers de ces chemins entretenus par les collectivités sont plutôt destinés à des personnes de classe aisée, résidents sur le territoire, que l’auteur retrouve même dans les brochures destinées à « légitimer la position dominante de cette majorité supposée d’habitants pour lui en préserver la jouissance, y compris celle de l’espace intercommunal et de ses aménités » (p. 156).

Du côté d’Hasparren, mars 2019, © NJ

Cette étude du périurbain « par la marge » nous intéresse particulièrement, car elle révèle une face cachée des débats du moment, laissant entrevoir un territoire muselé pour une population captive, celle du périurbain, alors qu’en contrepartie, cette même population « profite » d’aménités dont sont exclues une autre population captive des villes, beaucoup moins diplômée et beaucoup moins riche. Cela étant, l’aménagement et l’entretien des chemins de randonnées participent à un rapport de domination en termes de normes sociales qui joue comme une forme de discrimination vis-à-vis des classes populaires. En quelques sortes, les chemins de randonnée sont destinés à une pratique « écologiquement correcte » pour une population distinguée, nous pourrions dire, qui s’exprime dans son urbanité même. Quel paradoxe !

 

=> DOI:10.1051/nss/2010019 disponible sur www.nss-journal.org

Note : Les images présentées ici en illustration ne sont pas vraiment représentatives du paysage périurbain au sens où elles ne sont pas prises sur des territoires périurbains, mais elles pourraient très bien l’être.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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