Aborder la ville à son rythme

La Garonne, la prairie des filtres, le Pont Neuf, quelles légendes adopter ? Toulouse, © NJ 2019

Découvrir une ville c’est s’y perdre disait l’autre, c’est s’y perdre en marchant.  Ce texte de Pascal Amphoux nous aidera à parcourir la ville à la recherche de traces, d’indices, de limites et de données qui font la ville, en l’abordant par la marche. Cette activité motrice retrouvée sera aussi l’occasion de se questionner sur les fonctions de la marche en ville, alors que l’accélération du temps social pousse les urbains à recourir à d’autres outils de la mobilité comme les « engins mobiles individuels ».

Dans ce texte, l’auteur propose de découvrir trois notions qui s’attachent à la mobilité : la motricité, la mouvance et l’émotion. Que reste-t-il de ces notions aujourd’hui, compte tenu des évolutions techniques de ces dernières années ?

La motricité, vers un retour à la marche ; longtemps ignorée par les études portant sur la mobilité, la marche à pied est aujourd’hui de retour, portée par un discours et des valeurs lui étant favorable. Peut-être pouvons-nous développer cette idée que l’on peut accoler aux mouvements écolos, aux injonctions pour retrouver un corps sain (marcher, bouger, manger moins, etc.).

La mouvance s’accorde avec l’espace social et socialisé. La marche devient par conséquent une pratique sociale qui tend à urbaniser la nature, surtout lorsque la marche s’effectue sur les pourtours des villes. On se reportera à l’article complémentaire de Philippe Sahuc sur les Chemins périurbains et des aménités qu’ils procurent, notamment dans les formes de sociabilité et les nouvelles pratiques face à l’environnement. Par exemple, la diminution de la tolérance vis-à-vis des pratiques anciennement « normales » dans la nature, comme la coupe d’une branche, ou la progression hors des sentiers battus, etc. qui se caractérise aujourd’hui par des rappels à l’ordre…

L’émotion est enfin le moteur de cette composante. L’étymologie elle même renvoie à la notion de mouvement (motio), et participe à sa manière au rêve. Pour reprendre l’anthropologue Pierre Sansot, « ce n’est pas moi qui rêve la ville, c’est la ville qui rêve en moi ». Là encore, on pourra rapprocher ce texte de celui de Sahuc et de la notion d’aménités. Par aménités, on entend les formes d’attrait du paysage, tout ce qui procure du bien être, de l’affabilité, du charme. Cette notion relève sans doute d’une subjectivité qu’il faut objectiver. Cependant, en termes de patrimoine, par exemple, nous avons des appuis solides. Le texte de Philippe Sahuc est en cela remarquable car il est à la fois concret, informatif et formatif.

Une lecture comparée restera enrichissante. Nous irons par conséquent en ville, à la recherche de traces, et, pourquoi pas, d’aménités.

=> Pascal Amphoux, (2004), « Marcher en ville », Annales de la recherche urbaine, 97, pp. 137-140

=> Philippe Sahuc, (2010), « Chemins périurbains: aménités vécues et enjeux réels », Natures Sciences Sociétés, 18, pp. 147-157

=> Pierre Sansot, (1971), Poétique de la ville, Paris, Klindsieck

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