Anthropocène vs capitalocène

Pourquoi s’en faire, le monde ne s’est jamais porté aussi bien !

Nous sommes entrés dans l’ère des effondrements : acidification des océans, disparition massive des espèces animales, épuisement des ressources naturelles (pétrole, matières premières, terres rares, etc.), guerres pour maintenir les suprématies (géopolitiques et ressources), tempêtes climatiques extrêmes, pandémies virales globales, et tout cela depuis à peine 150 ans.

Pour certains, la responsabilité incombe à l’Homme dans sa globalité et c’est pour cela que l’ère se nomme Anthropocène. Anthropos, c’est l’Homme au sens large (il inclut la femme, les enfants, les vieillards, mais aussi les riches et les pauvres), et Cène qui est l’époque géologique. Ce néologisme est donc construit sur la base des ères géologiques et pourtant il s’adresse à une période déterminée par le machinisme ­et l’industrialisation qui est au cœur de la logique capitaliste. De plus, il s’agit d’une toute petite période qui peut être longue à l’échelle humaine, mais courte à l’échelle géologique. D’autre part, l’anthropos ne fait pas la distinction entre les pays en développement et les pays industrialisés, ni entre les peuples passifs et pacifiques et l’Occident. Or, l’industrialisation débute en Angleterre au XVIIIe siècle et s’étend en Occident, avant de rejoindre les pays qui s’industrialisent comme l’Amérique du Nord, l’Europe de l’Est et plus tard l’Asie. La logique qui sous-tend ce développement est la logique capitaliste. 

C’est pour cette raison que d’autres préfèrent nommer cette période le Capitalocène, en référence à Karl Marx qui a bien décrit les mécanismes du capitalisme qui tire de la plus-value un bénéfice cumulable. En reprenant la notion d’ère géologique, et en l’associant au préfixe Capital, ils pointent la responsabilité de notre situation au capitalisme et aux capitalistes. C’est en effet le capitalisme qui a massivement permis de détruire les ressources et de penser la Terre comme un objet de rentabilité et d’accumulation. Or, la Terre est un objet fini qui tourne sur elle-même. Et c’est les capitalistes qui sont au centre de cette logique d’accumulation sans limites. 

Les plus fervents capitalistes proposent aujourd’hui d’aller coloniser Mars et d’aller puiser de nouvelles ressources sur des météorites. Cependant, ne faudrait-il consacrer notre intelligence collective à restituer à la Terre sa capacité d’hébergement des espèces animales et végétales dans un esprit d’harmonisation global ?

Comme ce sont aussi les capitalistes qui dominent l’aire politique, économique, juridique et idéologique (à travers notamment une remoralisation du capitalisme), tout est fait pour dénier les évidences et dévier les responsabilités. Aussi les deux regards sur l’époque, anthropocène et capitalocène, ont tendance à s’opposer alors qu’elles devraient s’associer pour amorcer une transition réelle et effective. Pourrait-on s’accorder sur les faits et sur les causes ?

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