Urgence écologique

Le séminaire n’est pas en pause, mais la banalisation modifie le rapport à l’acquisition des savoirs. En attendant les États généraux demandés pour la mi-mai par le mouvement Ensa en Lutte, nous pourrons écouter en podcast l’émission sur France Inter diffusée hier dans la Terre au carré.
On y entendra les architectes Philippe Rahm et Christine Leconte qui, entre deux signatures de leur dernière livraison, viennent parler de la crise que vivent les écoles d’architecture en ce moment.
L’émission démarre avec la voix des auditeurs qui rappellera aux plus vieux les séquences de Daniel Mermet (autre époque). Maintenant que France Inter est passée à droite, les vieilles recettes n’ont pas toutes été mises à la poubelle. Après, Christine Leconte revient sur son livre dont j’ai déjà parlé. Rien de nouveau puisqu’il n’est jamais question de la base du problème : le capitalisme.
Quel est le rôle des architectes dans l’effondrement global. Comment la discipline peut-elle faire face aux problèmes du « dérèglement » climatique ? En fait, le problème est-il climatique, je veux dire, seulement climatique ? Et pourquoi utiliser cet euphémisme de « dérèglement » alors qu’il s’agit d’un effondrement.
Le fait est que parler des écoles d’architecture sur France Inter, c’est quand même quelque chose.
Comment se préparer à la transition écologique ? Il faudra d’abord se mettre d’accord sur la terminologie : anthropocène, capitalocène, technocène, de quoi parle-t-on ? Ce terme est très important parce qu’il pointe les
responsabilités : non pas l’homme, mais le capitaliste, non pas le capitaliste, mais l’ère de la technologie et du capitalisme.
L’intervention d’un étudiant de Paris Val-de-Seine permet d’offrir cette fraîcheur naïve et qui essaie de tenir tête au présentateur… et à Jean Nouvel.
Changer de pédagogie nécessite d’en définir les contours, de dire de quoi on parle en parlant de pédagogie. À mon avis, il ne s’agit pas de changer de pédagogie, mais de changer les paradigmes de l’architecture et de recentrer le tout sur les questions écologiques et sociales.
Le couplet sur l’albédo et l’idée de tout mettre en blanc, dont les routes, est extrêmement drôle parce que ça ne suffira pas. C’est très naïf !
Du positif donc !
Pourquoi c’est naïf ? C’est vrai qu’en écrivant cela, je peux passer pour un rustre et un indécrottable grincheux. Alors je vais expliquer les sous-entendus qui permettront à toutes et tous de comprendre cette remarque.
L’albédo est le pouvoir réfléchissant d’une surface. Plus la surface est claire, plus l’albédo est élevé, entre 0 et 1, mais souvent converti en pourcentage. Ainsi, 80% c’est un pouvoir de réflexion important comme le béton clair, la neige ou l’aluminium poli. Donc, en théorie c’est plutôt bien que la surface au sol réfléchisse puisque les rayons du soleil ne vont pas pénétrer et réchauffer le sol. Ils ne vont pas non plus se stocker dans le matériau et réfléchir sous forme d’infrarouge la nuit.
En revanche, lorsque les rayons repartent du sol (des matériaux réfléchissants) vers le ciel, ils repassent dans les nuages et l’atmosphère. Alors que les nuages vont absorber 3 à 5% des rayons réfléchis, l’atmosphère va en absorber 23%. Cela signifie que tous les rayons renvoyés ne vont pas repartir dans l’espace, mais réchauffer l’atmosphère. En quelque sorte, cela revient à déplacer le problème, et ne règle rien dans l’absolu.
De plus, en réchauffant l’atmosphère, nous réchauffons la planète, provoquons des dômes de chaleur, et ne réglons aucun problème lié au réchauffement climatique. Cela contribue à la formation d’ouragans, de tempêtes, etc. Voilà pourquoi il est naïf de penser qu’en repeignant les murs et les toits en blanc on fera baisser la température générale de la planète. Au mieux, le réchauffement de l’atmosphère permettra de faire fondre les glaces polaires plus vite.
Les architectes ont l’habitude de déplacer les problèmes, par exemple, en réhabilitant des quartiers d’immeubles pour chasser les plus pauvres et mettre des plus riches à la place. Cela ne règle pas le problème des pauvres, mais déplace le problème. Un changement de paradigme est donc nécessaire pour voir les choses autrement, et pour ne pas déplacer le problème.
Ce qu’il faut, ce n’est pas un changement de pédagogie, c’est un changement de paradigme.

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