Mouvement de révolte dans les ENSA

De manière sporadique d’abord, plusieurs écoles d’architecture ont fait remonter des demandes en termes de progression pédagogiques, mais aussi de moyens attribués à la pédagogie, et surtout sur les conditions d’apprentissage. L’amalgame avec les mouvements sociaux actuels n’est pas étranger à ce grand ras-le-bol national que nous montre la presse à travers la crise de la santé, de l’économie, des énergies, de l’enseignement, etc. Nous vivons une crise perpétuelle dans laquelle s’engouffrent de multiples revendications. Et cela ne date pas d’hier. En effet, depuis déjà plusieurs années, des sites Internet relaient des humiliations, des critiques anti-pédagogiques, des dénigrements, du sexisme, des petites phrases assassines, sur fond de charrette. Que se passe-t-il ?

Malgré la loi sur l’égalité des chances de 2005, et les lois successives, le système de compensation dans les UE n’est pas toujours appliqué, et des coefficients monstrueux font barrage à ce dispositif quand ce ne sont pas les enseignants eux-mêmes qui notent très sévèrement afin de contrer ces effets pourtant prévus dans les accords de Bologne. 

Par ailleurs, le harcèlement sexiste, sexuel et moral est mis en avant dans certains ateliers de projet, toutes écoles confondues, et nous avons du mal à constituer un dossier accumulant des faits car les étudiantes et les étudiants ont souvent peur des conséquences. Mais depuis quelques semaines, ils se lâchent…

À l’heure de l’écriture de ce billet, une quinzaine d’écoles d’architecture ont rejoint ce mouvement de blocage afin de soutenir, en premier lieu, l’école de Normandie, bloquée depuis février. Cette initiative a amorcé un vent de révolte, et viennent s’ajouter les questions d’ordre pédagogique, et aussi ce que l’on appelle les violences pédagogiques, c’est-à-dire des violences proférées dans le cadre pédagogique, mais qui n’ont rien de pédagogique.

Va-t-on vers un nouveau mai 68 ? Aucun sociologue sérieux ne pourrait encore l’affirmer, cependant que toutes les conditions d’une révolte à grande échelle sont réunies (montée des prix des produits de première nécessité, inflation, crise sanitaire, écologique et politique, perte de l’espérance en l’humanité…).

« Dans mes relations aux autres qui n’ont pas nécessairement fait choix des mêmes options politiques, éthiques, esthétiques ou pédagogiques que moi, je ne peux partir du point de vue que je dois « les conquérir » à n’importe quel coût, mais je ne dois pas non plus craindre qu’ils prétendent « me conquérir », nous dit Paulo Freire.

=> Paolo Freire, Pédagogie de l’autonomie, Toulouse : Erès, 2019, p. 146

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