Problématique de la différence de Laplantine

De nombreuses définitions correspondent au terme différence, les plus pertinentes en ce qui concerne ce sujet, selon le dictionnaire Larousse, sont les suivantes : « ce qui constitue un écart entre deux ou plusieurs personnes ou choses » ainsi que « absence d’identité, de similitude entre des choses, des personnes ; caractère qui les distingue l’un de l’autre». La différence indique donc un ou plusieurs écarts de caractéristiques, cette différence n’est pas forcément opposée à la norme que nous connaissons, elle n’est juste pas identique. De même, ces dites caractéristiques peuvent être variées et peuvent concerner à la fois le physique comme le psychique.
A partir de cette définition, il est possible d’introduire les deux autres : « décentration » et « ethnocentrisme ». Nous pouvons commencer par l’ethnocentrisme, cette notion indique le fait de « privilégier les normes et valeurs de sa propre société pour analyser les autres sociétés » selon le dictionnaire Larousse. Cette disposition est propre à n’importe quel être humain qui ne se poserait pas cette problématique, en effet, chaque être humain naît, grandit et se développe dans une société avec ses propres normes, codes et sa propre culture, ainsi nous comparons autrui en fonction de ce que nous sommes et pensons être. C’est uniquement lorsque cette idée d’ethnocentrisme émerge qu’il est possible d’y réfléchir, de se positionner face à elle, voire de s’ouvrir à toute autre culture. Enfin, la décentration supposerait le fait d’adopter ou du moins accepter d’autres points de vue que le sien. En somme, l’être humain devrait s’éloigner de son point de vue ethnocentrique, centré sur lui-même, ses codes, sa culture et ses propres façon de voir l’autre, de penser afin de pouvoir s’ouvrir à une autre culture, d’autres points de vue sans comparaison à la sienne.
Cette démarche de décentration vis-à-vis de l’ethnocentrisme permet, tout d’abord, de connaître l’autre ainsi que de le comprendre. Cependant ce n’est pas tout, cela favorise notre propre connaissance de nous-mêmes. C’est en apprenant à connaître autrui, ses points de vue, sa façon d’être, sa culture, en s’ouvrant aux différences que l’on apprend sur nous-mêmes, ce que nous sommes capables d’accepter ou réaliser. La décentration permet de s’éloigner des comparaisons entre cultures et se rapprocher de l’autre, or le fait est que l’on apprend d’autrui. Nous apprenons tout au long de notre vie et c’est en fréquentant d’autres personnes ayant divers parcours, cultures, points de vue que la transmission est possible entre individus et qu’il est question d’apprentissages. Au-delà de ces derniers, il est vrai que nous apprenons de nous-mêmes lorsque nous commençons à comprendre et apprendre d’autrui. Il était question, précédemment, de notre faculté d’accepter ou réaliser au contact de l’autre, il est possible d’aller plus loin en parlant de nos capacités à penser, réfléchir sur nous-mêmes, sur notre propre façon d’être et de faire au contact des comportements des autres. En somme, rencontrer un individu différent de ce que l’on est permet de s’identifier à quelqu’un n’ayant pas les mêmes normes physiques, sociales ou même culturelles et pouvoir remettre en question notre manière de vivre et de se comporter.
La question de l’ethnocentrisme et de la décentration est un sujet on ne peut plus d’actualité. C’est en raison des faits actuels et de l’ensemble des paroles, discours qu’il est possible d’entendre que cette question prend tout son sens. Il ne m’a jamais paru plus important de traiter avec les élèves, tout au long de leur scolarité, l’autre et « ses différences » en comparaison avec sa propre culture. L’élève doit pouvoir être confronté tout au long de sa scolarité « aux différences » même si ce terme à proprement parler est subjectif et difficile à évaluer. Néanmoins, il est obligatoire de l’aborder pour que l’élève puisse par la suite penser l’autre d’une manière réfléchie. Cette question peut être abordée de multiples façons et dans de nombreux domaines ou matières lors de la scolarité de l’élève. Concrètement, autrui peut se rencontrer à travers l’histoire, en effet, les individus ne sont pas les mêmes aujourd’hui qu’ils l’étaient autrefois. Il peut être question du devoir de mémoire, élément important de notre histoire, afin de ne pas oublier où l’inconnu et la haine de la différence peut mener. La géographie est une autre façon d’aborder la rencontre avec autrui, d’une manière plus classique nous pensons tout d’abord aux différents pays quand il est question « des autres » par exemple. Pour ma part, je pense qu’il est possible de lier l’ensemble des matières autour d’un projet commun afin de garantir la compréhension et la connaissance de l’altérité. La compréhension de l’autre ne passe pas uniquement et forcément par des faits historiques voire scientifiques, l’imagination ou l’émotion peuvent avoir les mêmes effets. De ce fait, des activités liées à la littérature et aux arts visuels peuvent permettre aux élèves une ouverture à la fois de l’esprit vis-à-vis de l’autre mais également culturelle. Or, c’est bien l’éducation et l’instruction qui favorisent l’esprit critique de l’élève.