Commentaire d’une citation extraite de Race et Histoire de Lévi-Strauss

« Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. »

La définition du Littré nous indique que le barbare est :

  • étranger par rapport aux grecs et aux romains

  • non civilisé, mal civilisé

  • sauvage, grossier, sans humanité, cruel.

Cette phrase de Lévi-Strauss est très pertinente de mon point de vue. En effet, dans un premier temps, elle nous invite à considérer l’homme dans son entièreté. Chaque homme peut devenir barbare s’il croit que son alter-ego est un barbare. Ainsi, ce propos nous mène à une réflexion sur la barbarie et ce que nous considérons comme barbare. Il est nécessaire d’observer en prédicat que Lévi-Strauss est un ethnologue qui prône un relativisme des civilisations ; cela est notamment traité dans son ouvrage Tristes tropiques. Ce dernier montre ainsi que ce que nous considérons comme une civilisation avancée ne doit pas seulement être vu sous le prisme de l’avancée technologique, du confort matériel ou de pratiques sociales. Ainsi, le modèle de civilisation occidentale serait une option d’humanité parmi d’autres.

Le barbare ou l’étranger mal civilisé est alors celui qui ne croit pas à l’altérité, celui qui ne reconnaît pas l’homme en l’homme. C’est un défaut de décentration, une méconnaissance de l’autre qui engendre la barbarie.

Cette phrase est très intéressante car elle permet à chacun de considérer ses propres pensées sur l’autre. Sommes-nous capables de nous remettre en question en considérant l’autre, quels que soient sa manière de vivre, son chemin de vie ?

Ce relativisme est pour moi un premier pas vers l’altérité, cela nous mène à considérer que nous pouvons imaginer se mettre à la place de l’autre.

2 réflexions sur « Commentaire d’une citation extraite de Race et Histoire de Lévi-Strauss »

  1. « Le barbare, c’est d’abord celui qui croit à la barbarie ».
    Je suis tout à fait d’accord avec ce que vous dites concernant cette citation. Aucune culture n’est supérieure à une autre. Très souvent, ceux qui jugent les autres cultures, ne considèrent qu’un seul aspect, le physique, la couleur de la peau par exemple. Or, la culture est bien plus ce que l’on aperçoit de prime abord.
    Pour apprécier la culture de l’autre, il faut échanger, partager avec l’autre et c’est en valorisant les différences culturelles qu’on fait preuve de respect envers sa propre histoire et son identité culturelle.
    Celui qui croit à la barbarie, qui rejette ce qui est différent et n’accepte pas d’apprendre des autres cultures est lui-même barbare car dévaloriser ce qu’est l’autre, c’est lui refuser l’humanité.

  2. Bjour,

    votre approche me dérange dans votre formulation à savoir….{Chaque homme peut devenir barbare s’il croit que son alter-ego est un barbare. »}
    L’homme ne peut pas devenir barbare en ce sens que tout homme est barbare car la barbarie est propre à l’humanité.
    C’est justement ce à quoi veut ns amener Claude Lévi-Strauss dans notre réflexion.
    Il cherche à expliquer la Société et ses manifestations comme un tout doté d’une cohérence interne autorégulée, échappant à la conscience des individus.
    L’homme ne naît pas homme, il le devient. L’homme doit apprendre à être humain. Il reçoit son humanité en héritage. L’hérédité ne suffit pas. Ainsi si la culture est la caractéristique de l’homme, il n’y a pas d’un côté les êtres « cultivés » ou « civilisés » et de l’autre les « barbares » ou les « sauvages ». Il n’y a que des hommes.
    Je pense donc que votre vision est trop réductrice et porte principalement sur l’opinion courante qui voudrait que le barbare soit celui qui par ses actes se place hors de l’humanité.

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