Laplantine

 

« C’est l’illusion du « nous autres », du moi je » qui ne s’en remet pas d’être né, qui n’accepte pas que le « je » soit loin d’être simple, homogène, identique à lui-même, mais qu’il soit fait des autres. »

 

Frédéric II de Hohenstaufen, roi des Romains, de Germanie, d’Italie, de Sicile et de Jérusalem de 1220 à 1250 voulut tenter une expérience sur des nouveaux-nés. Il voulait connaître quel mot ces bébés allaient-il prononcer en premier si personne ne leur parlait. Il souhaitait ainsi par ce biais découvrir la langue originelle d’Adam et Eve. Les bébés furent donc confiés à des nourrices qui avaient pour interdiction de leur parler et d’exprimer quelques sentiments que ce soit sur leurs visages. Elles devaient uniquement les nourrir, les langer et les baigner. Faute de communication, tous les bébés moururent. Frédéric II n’eut pas la réponse à sa question mais cette expérience montre que l’humain a besoin de communication, d’interaction pour vivre. Il a besoin de l’Autre. Le « je » ne peut donc pas exister sans altérité.

En effet, lors d’un développement normal, le bébé fusionne avec sa mère. La fusion est une symbiose entre la mère et l’enfant et qui commence déjà dans l’utérus lorsque la mère  nourrit le foetus via le cordon ombilical. Elle se poursuit ensuite avec l’allaitement et par les soins prodigués par la mère. Pour le bébé, sa mère et particulièrement son sein n’est que le prolongement de lui-même. Ce n’est que vers le sixième mois, que le nourrisson va comprendre que sa mère est un être différent de lui. Le processus de séparation est alors en marche.

Peut-on rapprocher ce processus humain à l’échelle communautaire ? Puisque chez l’être humain, le « nous » précède le « je », puisque la symbiose précède la séparation et que l’interaction est vitale, n’en est-il pas de même au niveau culturel ? Une culture sans influence, sans échange n’est-elle pas une culture qui se meurt ? Les différentes identités culturelles ont-elle besoin de se nourrir les unes des autres pour créer ensuite des entités bien distinctes ? Enfin, à quels dangers s’exposerait une collectivité fermée (exclusion, racisme, communautarisme…)

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