Levi-Strauss et l’ethnocentrisme

De ma lecture, je choisirais comme définition de l’ethnocentrisme de Lévi-Strauss l’extrait suivant :  » L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu’elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles: morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. »
L’ethnocentrisme consiste à considérer d’autres groupes sociaux, d’autres sociétés, en ne considérant que sa propre culture, avec une tendance notamment à la trouver supérieure ou de plus grande valeur que celle des autres. L’an passé nous avons commenté un extrait de l’œuvre de l’Anthropologie de Laplantine qui s’interrogeait sur la nécessité de développer une « problématique de la différence », celle-ci permettrait une « décentration » de l’individu par rapport à la société dans laquelle il évolue afin d’éviter l’ethnocentrisme et de s’ouvrir pleinement à d’autres cultures. Cette décentration permettrait à terme de mieux comprendre sa propre société au regard du fonctionnement et de la culture d’autres sociétés.
La citation de Lévi-Strauss répond à cette idée, dans le sens où il explique que chaque individu peut effectivement éprouver des difficultés à se décentrer lorsqu’il est face à quelque chose qu’il ne comprend pas, qui est nouveau et surprenant, car c’est inée chez lui. Il interprète ou cherche un sens à cette nouveauté selon ses propres codes de compréhension, sa propre culture, et peut donc avoir une tendance à rejeter cette nouveauté. Cet individu qui ne peut se décentrer, ne peut donc pas éviter l’ethnocentrisme et rejette donc toute forme de culture différente de la sienne, et par incidence, l’autre, celui qui est différent de soi.

2 réflexions sur « Levi-Strauss et l’ethnocentrisme »

  1. Eviter l’ethnocentrisme en s’ouvrant à d’autres cultures, je veux bien mais ce sont des mots. Concrètement dans la réalité, qu’est-ce que cela veut dire s’ouvrir aux autres? La vie est constituée d’une multitude de détails. Nous vivons dans les détails. Quand je m’aperçois avec consternation comment deux individus d’une même appartenance culturelle peuvent en venir aux mots ou aux mains pour une histoire de dentifrice mal bouché, ou je me dis que c’est illusoire de donner des conseils ou/et d’appliquer des idées pour essayer de s’adapter à l’altérité. La décentration, c’est d’abord un travail, une réflexion de longue haleine. C’est une connaissance de soi, de remise en question, d’interrogations devant un miroir. Ce sont des années parfois de mauvais jugements, de mesquins reflexes inculqués par l’entourage. La décentration demande de l’humilité, du cœur et suffisamment d’intelligence pour faire abnégation de soi. Seulement après, on peut se mettre à la place de l’autre. C’est accepter que sa propre vérité est toute relative. C’est comprendre qu’on ne vaut pas mieux ou qu’on vaut autant que l’autre. Malgré l’orgueil mal placé de l’homme, malgré son entêtement sur des positions séculaires, je crois. Je crois qu’il existe des gens suffisamment lucides et humbles pour regarder l’autre comme ils se regardent eux-mêmes, comme des hommes. Malheureusement, quand je vois le monde dans lequel nous avançons, je me dis que les murs ne sont pas prêts de tomber. Ca fait très peur. C’est un constat qui parle de lui-même.

  2. « L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu’elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles: morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. »
    Chacun de nous a des repères culturels bien ancrés dans son existence, son code de valeurs. Naturellement et de façon égoïste, nous avons la ferme conviction que notre culture est meilleure que les autres, la norme, la référence. Cette manière de percevoir les choses participe de « la logique de l’ethnocentrisme » et ne favorise pas l’acceptance contribuant plutôt au rejet des autres qui pour nous représentent la différence, l’inconnu voire même le mal.
    Cette citation de Levi Strauss illustre bien les évènements récents de l’actualité partout dans le monde. L’intolérance, la peur de l’autre, le rejet d’autrui, l’appréhension de la nouveauté dans toutes les formes culturelles se développent de plus en plus dans nos sociétés. Dans notre école, nous œuvrons, à notre petit niveau, pour une communauté soudée à travers des échanges, des rencontres, des occasions pour partager, travailler ensemble.

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