Premières:questions sur un corpus: le baroque

Corpus:

Ronsard, Derniers vers, 1586,  « Je n’ai plus que les os… » et « Il faut laisser maisons et vergers et jardins »

Jean de Sponde, Sonnets sur la mort, 1588, « Mais si faut-il mourir »

Pierre Matthieu, Tablettes de la vie et de la mort, 1613, »Nous naissons pour mourir »

Texte 1: Ronsard, Derniers vers

Je n’ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé ;
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.

Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble,
Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé.
Adieu, plaisant soleil, mon œil est étoupé,
Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.

Quel ami me voyant en ce point dépouillé
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lit et me baisant la face,

En essuyant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis,
Je m’en vais le premier vous préparer la place.

Texte 2: Jean de Sponde, Sonnets sur la mort

Mais si faut-il mourir ! et la vie orgueilleuse,
Qui brave de la mort, sentira ses fureurs ;
Les Soleils haleront ces journalières fleurs,
Et le temps crèvera ceste ampoule venteuse.

Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
Sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs ;
L’huile de ce Tableau ternira ses couleurs,
Et ses flots se rompront à la rive écumeuse.

J’ai vu ces clairs éclairs passer devant mes yeux,
Et le tonnerre encor qui gronde dans les Cieux.
Ou d’une ou d’autre part éclatera l’orage.

J’ai vu fondre la neige, et ces torrents tarir,
Ces lions rugissants, je les ai vus sans rage.
Vivez, hommes, vivez, mais si faut-il mourir.

Texte 3: Pierre Matthieu, Tablettes de la vie et de la mort

Nous naissons pour mourir et mourons pour revivre,
Pour revivre immortels cette foi nous avons :
La mort plus que la vie aimer donc nous devons,
Puisque la même mort de la mort nous délivre

A qui craint cette mort, la vie est déjà morte,
Au milieu de la vie il lui semble être mort;
Sa mort il porte au sein, elle au tombeau le porte,
Car craindre de mourir est pire que la mort. […]

La vie est une table, où, pour jouer ensemble,
On voit quatre joueurs : le Temps tient le haut bout,
Et dit : passe ; l’Amour fait de son reste, et tremble ;
L’Homme fait bonne mine ; et la Mort tire tout.

Le monde est une mer ; la galère est la vie ;
Le temps est le rocher ; l’espérance, le port ;
La fortune, le vent ; les orages, l’envie ;
Et l’homme le forçat qui n’a port que la mort.
Le temps comme un vent, comme un torrent il coule,
Il passe et rien ne peut l’empêcher de courir ;
Qui sait combien de maux en un moment il roule,
Croit que cesser de vivre, est cesser de mourir.

La vie est une toile, aux uns elle est d’étoupe,
Aux autres de la fin lin et dure plus ou moins ;
La mort, quand il lui plaît, sur le métier la coupe,
Et l’heur ou le malheur comme les fils sont joints.
D’un éternel repos la fatigue est suivie ;
La servitude aura une ample liberté ;
Où se couche la mort, là se lève la vie ;
Et où le temps n’est plus, là est l’éternité

Questions:

1) Que signifie le terme « Vanité » au sens pictural du mot? Les poèmes de ce corpus vous semblent-ils pouvoir être apparentés au genre de la vanité?

2) Ces poèmes relèvent-ils tous les trois d’une esthétique baroque? Justifiez votre réponse.

(Attention à cette question! Le terme « esthétique » ne doit pas être escamoté au profit seulement d’une « thématique » baroque!)

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