Premières STG: « Ce jour-là, Vercors, corrigé des questions

Vercors

« Ce jour-là »

(Le silence de la mer, 1943)

 1) Où se passe la nouvelle ?

 La nouvelle se passe dans les Alpes, dans le département de l’Isère. Il est question de « l’Isère  qui serpente sous une brume légère« , et il est aussi fait mention du Grésivaudan, la vallée où coule l’Isère (« La grande vue sur le Grésivaudan« , ligne 14). On trouve également une référence au « petit pont sur la Grisonne« .

La vallée du Grésivaudan

2) A quelle époque ?

Il n’y a pas de référence précise à une époque particulière. On peut donc penser que la nouvelle est contemporaine de l’écriture: 1943. Vercors est le pseudonyme de l’écrivain Jean Bruller (1902-1991), qui le choisit pendant l’occupation allemande. Le Vercors est aussi un massif des Alpes qui a été investi par les résistants pour s’y installer et fonder un « maquis ». A partir de janvier 1944, les Allemands entreprirent de détruire ce maquis, et la plupart des résistants furent arrêtés et tués.

La nouvelle « Ce jour-là » a été inclus dans le recueil de nouvelles, Le Silence de la mer, recueil publié clandestinement aux éditions de Minuit, elles-mêmes fondées par Vercors et également clandestines.

Vercors

3) Dans les lignes 1 à 40, relevez et commentez tous les éléments qui montrent le caractère particulier de cette promenade.

La singularité de la promenade est affirmée dès le début du texte:  » Pourtant il y avait longtemps« . La suite du passage accumule des différences entre les habitudes d’avant et les événements de cette journée:

Promenades habituelles

« ce jour-là »

Le bruit des souliers: « D’habitude il se fâchait quand il entendait ce bruit-là« . « Mais cette fois papa ne dit rien, et le petit garçon cessa de traîner ses semelles« .
La vue sur le massif: « On s’arrêterait et on regarderait Papa dirait : « Regarde le petit train « , Peut-être qu’à ce moment-là papa rirait et le prendrait sur ses épaules, une jambe de chaque côté.«  L’emploi des conditionnels marque les attentes du petit garçon. « Mais papa regarda distraitement la Grande Vue et ne s’arrêta même pas« .
La petite pente:  » Regarde, papa, je grandis… je grandis… je grandis… Regarde, je suis plus grand que toi… et maintenant je rapetisse… je rapetisse… je rapetisse.. . «  « le petit garçon ne put pas lâcher son père pour grimper la petite pente« . »Ça faisait une promenade qui ne ressemblait pas tout à fait aux autres« .

 

La pause sur le rocher: « Un peu plus loin il y avait le rocher de pierre carrée. On s’y asseyait d’habitude. Il se demanda si cette fois-ci on s’assiérait« . «  Heureusement papa se laissa tirer et ils s’assirent« . Cependant le père ne lâche pas la main de l’enfant, ce qui montre à quel point il est inquiet.
« D’habitude, ici, papa la lâchait, sa main, et le petit garçon, qui n’aimait pas rester assis bien longtemps, grimpait sous les arbres et cherchait des pommes de pin« . « Ils restaient assis et le petit garçon ne bougeait pas du tout Il faisait même attention à ne pas balancer les jambes. Pourquoi ? Savait pas, c’était parce que papa lui tenait la main comme ça« .

4) Dans les dix premières lignes, relevez et commentez les termes ou expressions qui évoquent un vocabulaire enfantin.

 De nombreuses expressions évoquent le vocabulaire enfantin: l’emploi de « papa » et de « maman« , tout d’abord. La multiplication du terme « petit » va dans le même sens: « le petit garçon« , expression répétée 4 fois, « sa petite main« , « les petits souliers« . Le commentaire sur les nuages est également présenté avec des termes qui renvoie à l’enfance: » il y avait des nuages, mais informes et tout effilochés, on n’avait pas envie de les regarder« . On peut également relever les expressions « un peu drôle« , « un peu exprès« .

 5) Comment comprenez-vous la fin de la nouvelle ?

 La disparition du pot de géranium montre que la situation est anormale, c’était un signe convenu entre le père et la mère pour dire que tout allait bien et qu’il pouvait entrer. Avec les conversations surprises par le petit garçon, on comprend que la mère a été arrêtée par les Allemands et que le père l’a été également, en cherchant à revoir sa femme:

 «  Madame Bufferand parlait de la gare. Oui, disait-elle, oui, lui aussi : il cherchait à apercevoir sa femme dans un compartiment, ils l’ont reconnu. Grands dieux, dit l’autre dame, il n’avait donc pas pu s’empêcher… Non, dit madame Bufferand, il n’a pas pu, qui donc aurait pu ? ».

 Les motifs de cette déportation restent cependant obscurs. On peut envisager deux hypothèses: les parents du petit garçon ont été arrêtés comme juifs ou comme résistants. Mais l’absence d’explication montre bien que seule compte l’horreur de cette arrestation et la souffrance qu’elle fait naître.

 6) Quelle est la focalisation choisie ici par l’auteur pour écrire ce texte ? Qu’apporte un tel choix ?

 La focalisation est ici interne: toute la nouvelle est envisagée du point de vue du petit garçon. Cela permet à Vercors de mettre l’accent sur celui qui est la victime la plus innocente de toute l’histoire. En même temps, cette focalisation introduit une distance avec le pathétique de la situation, qui de ce fait est envisagée avec beaucoup de pudeur:  » Une larme, tombée sur la plume, glissa, hésita, y resta suspendue comme une goutte de rosée ».

  Ce téléfilm diffusé en 2004 sur France 2 est une adaptation des deux nouvelles de Vercors: « le silence de la mer » et « Ce jour-là ».

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