1°STG: Corrigé du baccalauréat blanc

Corrigé des questions sur le corpus

1)    Identifiez les narrateurs dans les différents textes proposés. Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des citations précises.
2)    Quels sont, selon vous, les sentiments que les auteurs cherchent à faire naître chez les lecteurs de ces textes ? Justifiez votre réponse.

Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple (1832) Le personnage d’enfant à droite a inspiré Victor Hugo pour la création de la figure de Gavroche.

1) INTRODUIRE LA QUESTION: présenter le corpus

Le corpus se compose ici de quatre extraits de romans appartenant au XIX ème ou au XX siècle. Ils racontent tous la mort scandaleuse d’un enfant: dans Les Misérables, publié en 1862, Victor Hugo décrit comment Gavroche est abattu sur les barricades pendant les émeutes de 1832. Dans L’enfant, texte datant de 1879, Jules Vallès évoque le sort terrible d’une petite fille, Louisette, tuée sous les coups de son père. Avec La Peste, roman paru  en 1947, Camus présente la ville d’Oran ravagée par l’épidémie, qui fait mourir dans l’extrait ici donné, le fils du juge Othon. Quant au texte issu d’Allah n’est pas obligé, oeuvre publiée en 2000 d’Ahmadou Kourouma, il met en scène Birahima, un enfant soldat qui raconte ici la mort de Kik, un ami, un autre enfant solda.

Noter: Variez l’expression (ne pas répéter les mêmes termes à chaque fois)
Texte /Roman / Oeuvre // paru en/ publié en/ datant de
Avec/ dans/ Quant à
Décrire/raconter/évoquer/présenter

2) QUESTION 1

Les textes de Jules Vallès et d’Ahmadou Kourouma présentent tous les deux un narrateur-personnage, qui s’exprime à la première personne: Jacques Vingtras raconte son enfance dans le roman, L’Enfant, et rappelle le souvenir de Louisette, la soeur de son ami, Bergougnard: « Mon cœur a reçu bien des blessures, j’ai versé bien des larmes ; j’ai cru que j’allais mourir de tristesse plus d’une fois, mais jamais je n’ai eu devant l’amour, la défaite, la mort, des affres de douleur, comme au temps où l’on tua Louisette devant moi« . Le narrateur d‘Allah n’est pas obligé est Birahima, un enfant-soldat: «  Bon ! Comme Kik devait mourir, était déjà mort, il fallait faire son oraison funèbre. Je veux bien la dire parce que Kik était un garçon sympa et que son parcours n’a pas été long« . Il s’agit donc dans les deux cas d’une focalisation interne.

Victor Hugo et Albert Camus ont choisi quant à eux une focalisation zéro: le narrateur est omniscient, il sait tout des personnages, et n’hésite pas à commenter l’action: ainsi Victor Hugo écrit:  » Le spectacle était épouvantable et charmant« , ou  « Ce n’était pas un enfant, ce n’était pas un homme ; c’était un étrange gamin fée« . Lorsque Gavroche meurt, il affirme: « Cette petite grande âme venait de s’envoler ». Quant à Camus, il nous fait entrer dans la pensée des personnages présents:  » tout le monde trouva naturel de l’entendre dire d’une voix un peu étouffée, mais distincte derrière la plainte anonyme qui n’arrêtait pas : « Mon Dieu, sauvez cet enfant. ». De même il justifie les réactions de Rieux:  » Rieux, accroché à sa barre de lit, ferma les yeux, ivre de fatigue et de dégoût« .

Ahmadou Kourouma (1927-2003)

3) QUESTION 2:

Tous les textes proposés ici cherchent à susciter pitié et compassion chez le lecteur, car il s’agit à chaque fois d’enfants qui meurent, victimes du monde adulte ou de circonstances extérieures aussi inévitables qu’injustes. Mais certaines nuances s’imposent d’un texte à l’autre.

 Victor Hugo met en évidence l’héroïsme de Gavroche, et cherche à faire naître un sentiment d’admiration: «  Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort ; chaque fois que la face camarde du spectre s’approchait, le gamin lui donnait une pichenette« . La mort du personnage n’en devient que plus pathétique, car le lecteur s’était presque persuadé de l’invulnérabilité du personnage. En mourant, il redevient un enfant, que des adultes n’ont pas hésité à tuer.

La mort de Louisette suscite la pitié, tant le narrateur met en avant le contraste entre sa pureté, sa fragilité et la brutalité de son père:  » Mais la mignonne qu’on battait, et qui demandait pardon, en joignant ses menottes, en tombant à genoux, se roulant de terreur devant son père qui la frappait encore…toujours !…
« Mal, mal ! Papa, papa ! »
Cependant à la fin du texte, c’est bien sa colère et son indignation qu’il veut faire partager au lecteur: «  Et on ne l’a pas guillotiné, ce père-là ! On ne lui a pas appliqué la peine du talion à cet assassin de son enfant, on n’a pas supplicié ce lâche, on ne l’a pas enterré vivant à côté de la morte !« .

L’injustice et la colère sont également présentes chez Camus, car la souffrance et la mort de l’enfant témoignent de l’impuissance des hommes devant la fatalité absurde de la maladie. Le lecteur s’identifie aux réactions de Rieux, à son sentiment de dégoût et de rage:  » Rieux, accroché à sa barre de lit, ferma les yeux, ivre de fatigue et de dégoût.
Quand il les rouvrit, il trouva Tarrou près de lui.
– Il faut que je m’en aille, dit Rieux. Je ne peux plus les supporter. »

Quant au texte d’Ahmadou Kourouma, il suscite l’horreur et la tristesse: horreur devant toutes les violences dont il est question: « Et quand on n’a plus personne sur terre, ni père ni mère ni frère ni sœur, et qu’on est petit, un petit mignon dans un pays foutu et barbare où tout le monde s’égorge, que fait-on ?
Bien sûr on devient un enfant-soldat, un small-soldier, un child-soldier pour manger et pour égorger aussi à son tour ; il n’y a que ça qui reste « .
Tristesse devant le sort de ces enfants, qui de victimes, deviennent bourreaux à leur tour, dans un cycle qui semble sans fin. A la différence de Victor Hugo, pour qui  Gavroche semblait mourir pour une bonne cause, la mort de Kik et de tous les autres enfants-soldats n’a plus aucun sens.

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