Archive for the ‘Latin’ Category

Latin: Lucrèce, livre II vers 1 à 19: Sérénité épicurienne

mardi, décembre 7th, 2010

Pierre-Paul Rubens: Neptune déchaîne la tempête contre Enée, 1634 (Musée de Dresde)

Traduction

Il est doux, alors que,  sur la vaste mer, les vents font tourbillonner les vagues, de regarder depuis  la terre la  peine importante qu’éprouve un autre, non parce que le fait que quelqu’un soit maltraité est un plaisir agréable, mais parce qu’il est doux de voir les maux dont toi-même tu es exempt. Il est doux également de regarder d’importants combats guerriers, déployés à travers les plaines, alors que tu es à l’abri du danger, mais rien n’est plus doux que d’occuper les temples sereins élevés sur les hauteurs, bien protégés par la doctrine des sages, d’où tu peux contempler les autres de haut, et les voir errer à l’aventure, chercher à tâtons le chemin de la vie, rivaliser d’intelligence, lutter en noblesse, s’efforcer nuit et jour de s’élever à grand peine vers les plus hautes richesses, et de posséder le monde. O malheureux esprits humains! O coeurs aveugles! Dans quelles ténèbres de vie, et dans combien de dangers se passe le délai de l’existence qui leur est accordé, quel qu’il soit! Ne voyez-vous pas que la nature ne réclame rien d’autre pour elle que le fait que la douleur, écartée du corps, soit absente, et que l’esprit jouisse d’une sensation  de bien-être, éloigné du souci et de la crainte?

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Lucrèce: la vie des premiers hommes

samedi, novembre 6th, 2010

Lucrèce, De natura rerum, livre V, vers 925-944

Lucrèce, gravure de Michel Burghers (XVIIème siècle

Introduction:

Dans le De natura rerum, poème philosophique en 6 livres, Lucrèce entreprend d’initier son interlocuteur, Memnius, à la doctrine épicurienne. Au livre V, il s’intéresse à l’histoire du monde et des hommes, en réfléchissant aussi bien à certains phénomènes astronomiques qu’à l’évolution de la race humaine sur terre. Dans ce passage plus précisément, il décrit les premiers temps de l’humanité. Or si son approche se veut résolument rationnelle, dépouillée de toute considération morale ou religieuse,   il n’en reste pas moins que le mythe de l’âge d’or demeure très prégnant, ne serait-ce que par les images poétiques qu’il suscite et dont on retrouve ici l’expression.

(Attention: ne pas oublier que Lucrèce a écrit après Hésiode bien sûr, mais avant Virgile, Tibulle, Properce ou Ovide!).

I La volonté de rationalité

1) Lucrèce, en bon épicurien, réfute bien sûr toute idée de création divine (de fait la religion romaine ou grecque ne l’envisage pas non plus), mais surtout toute idée selon laquelle les Dieux se préoccuperaient des hommes: pas de règne de Saturne donc, pas d’âge de fer, sous la domination de Jupiter. Le texte ne veut pas s’inscrire dans un récit mythique des origines de l’humanité. Lucrèce recherche une explication historique et rationnelle qui rendrait compte de l’évolution de l’humanité: l’expression « ut decuit » ,comme il convenait, rend compte de cet effort de raisonnement.

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L’âge d’or, Ovide, Les Métamorphoses

jeudi, septembre 30th, 2010

Traduction du texte: livre I vers 89 à 112 (Manuel p.136)

D’abord fut semé l’âge d’or, qui, sans personne pour punir, spontanément, sans loi, cultivait la loyauté et la droiture. Les châtiments et la crainte étaient absents, aucune parole menaçante n’était lue sur les tables de bronze affichées, nulle foule suppliante ne craignait le visage de son juge, mais sans personne pour le défendre, chacun était en sécurité.

Le pin, qui n’avait pas encore été abattu de ses montagnes, pour visiter un monde étranger, n’avait pas descendu les flots liquides. Aucun mortel n’avait connu d’autres rivages que les siens.Des fossés aux pentes abruptes n’entouraient pas encore les places fortes. La trompette de bronze droit, le cor de bronze recourbé, les casques, l’épée n’existaient pas: sans recours à l’armée, les peuples tranquilles vivaient dans une douce oisiveté.

Cornouilles

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Tibulle, Elégies, L’âge d’or (III, vers 35 à 50)

mercredi, septembre 15th, 2010

Tibulle (Lawrence ALMA TADEMA: il s’agit d’un peintre anglais (1836-1912) qui s’est spécialisé dans l’évocation de scènes inspirées de l’antiquité romaine)

Traduction:

Que l’on vivait bien sous le règne de Saturne, avant que la terre n’ait été ouverte en de longues routes! L e pin n’avait pas encore bravé les flots bleu sombre, il n’avait pas offert aux vents sa voile déployée. El le marin vagabond sur des terres inconnues, à la recherche de profits, n’avait pas alourdi son bateau de marchandises venues d’ailleurs. A cette époque, le taureau plein de vigueur n’était pas placé sous le joug et le cheval ne mordait pas les freins de sa bouche domptée. Aucune maison n’avait de portes, aucune pierre n’était fixée dans les campagnes pour indiquer par des limites sûres les champs cultivés.

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