Category Archives: 2.2.2 Sélection

« Le dernier frère » de Natacha Appanah

Le dernier frère

Appanah, Natacha. Le dernier frère. Points, 2008

PRIX DU ROMAN FNAC 2007
PRIX DES LECTEURS DE L’EXPRESS 2008

Années 40. Raj, neuf ans, vit dans un campement misérable de l’île Maurice. A la misère s’ajoute l’alcoolisme et la violence du père, et cette vie ne serait pas supportable s’il n’avait ses deux frères qu’ils adore et qui le protège. Or un jour de crue, tous deux vont être emportés par la rivière sous les yeux de Raj. Ce qu’il reste de la famille traumatisée déménage à Beau-Bassin, où le père a trouvé un emploi  dans un camp de réfugiés juifs refoulés de Palestine. C’est  là que Raj, à l’affût derrière les barbelés du camp, découvre David, un orphelin de dix ans dont la blondeur et les yeux bleus le fascinent. Le coup de foudre est immédiat. David devient « le dernier frère »,  qui sera peut-être à même de combler le vide laissé par ceux qu’il a perdus. Les deux enfants sympathisent, malgré les barbelés et la langue qui les séparent,  et, pour fuir leur condition, décident de fuguer…
Histoire d’une passion fraternelle vue par un enfant que la vie n’a pas épargné, et racontée par le vieil homme qu’il est devenu, et qui, au soir de sa vie, se souvient. Très beau roman, à la fois dur et émouvant.

I.G.

« Un dieu un animal » de Jérôme Ferrari

Un dieu un animal

Ferrari, Jérôme. Un dieu un animal. Actes Sud, 2009

A vingt ans, le narrateur s’engage comme mercenaire dans la « croisade  » contre le terrorisme qui marqua l’après 11 septembre. Il entraine son meilleur ami dans l’aventure, et ils se retrouvent sur le front au Moyen-Orient. A un checkpoint où ils sont censés assurer la sécurité, une bombe explose. Seul survivant de la tragédie, détruit psychologiquement à défaut de l’être physiquement, il rentre dans son village où, incapable de partager l’horreur de ce qu il a vécu , il ne peut plus être qu’ étranger dans sa propre famille et au regard de celle de son ami. Il tentera de se reconstruire en se mettant en quête de la jeune fille qu’il a aimé adolescent. Devenue femme, celle-ci est manager dans une grande société commerciale, où seules la performance et l’allégeance totale à l’entreprise sont reconnues. Un système d’une grande violence qui broie ceux qui le servent…

Un texte presque sans ponctuation, littéralement à couper le souffle.

I.G.

« Twist » de Delphine Bertholon

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Bertholon, Delphine. Twist. Lattes, 2008

Twist, c’est le surnom de Madison, onze ans, enlevée au retour de l’école. Dès ce jour, son ravisseur la retient séquestrée dans une cave. Il lui dit s’appeler Raphaël, du même prénom que son père, et pour cette raison, elle ne l’appelera jamais autrement que R. Les jours, passent, les mois, les années… Madison grandit et, du fond de sa cave, fait entendre sa voix au lecteur à travers son journal, un cahier qu’à force de négociation elle a obtenu de son geolier et dans lequel elle raconte sa survie. Parallèlement, on lit les lettres que sa mère lui écrit inlassablement, pour survivre, elle aussi, sans jamais se résoudre à la croire perdue à jamais. Enfin, il y a Stanislas, un jeune homme de vingt-cinq ans, professeur de tennis et grand amour de Madison, amour fantasmé qui va aussi l’aider à tenir et à grandir. Stanislas raconte sa vie de jeune célibataire faussement insouciant, que la disparition de Madison continue de hanter…
Delphine de Vigan croise habilement ces trois voix pour nous raconter avec beaucoup de pudeur une histoire sensible et dramatique, sur un sujet d’actualité.

I.G.

« Des Vents contraires », d’Olivier Adam

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Adam, Olivier. Des Vents contraires. L’Olivier, 2009

Sarah, la femme de Paul Anderen, a disparu mystérieusement un matin et n’a plus donné signe de vie. Est-elle partie de son plein gré, comme le laisse entendre la police, sans aucune raison apparente ? A-t-elle été enlevée ?  assassinée ?  Paul est persuadé – et va devoir persuader -que cette disparition n’est pas naturelle. En attendant les résultats d’une improbable enquête, il reste seul avec ses deux enfants, Manon, quatre ans, et Clément, neuf ans. Trois naufragés qui tentent de survivre à cette absence inexpliquée par la force de l’amour qui les lient. Ils fuient la banlieue parisienne pour se réfugier à Saint-Malo, la ville de Paul, et se rapprocher de son frère Alex et de sa femme Nadine. Paul va, tant bien que mal, devoir taire sa propre inquiétude pour protéger ses enfants, de la souffrance liée à la perte de leur mère autant que de la brutale incompréhension du monde extérieur…

I.G.

« Et mon coeur transparent » de Véronique Ovaldé

Et mon coeur transparent

Ovaldé, Véronique . Et mon coeur transparent. L’Olivier, 2008

Lancelot, le narrateur, apprend brutalement la mort de sa femme, Irina. Au traumatisme de la disparition de celle qu’il aimait passionnément s’ajoute la sidération en découvrant qu’Irina, qu’il croyait si bien connaître, n’était que mystères : elle trouve la mort au volant de la voiture d’un inconnu, dans un lieu où elle n’aurait jamais dû être, et l’enquête révèle progressivement que tout ce qu’il croyait savoir d’elle, jusqu’à sa biographie la plus intime, était faux. L’univers de Lancelot s’écroule. Comment peut-on vivre tant d’années avec une personne sans rien soupçonner de ce qu’elle est réellement ?

Ce livre a reçu le prix France Culture-Télérama 2008

I.G.

« L’origine de la violence » de Fabrice Humbert

L'origine de la violence

Couverture : Jean Grisoni

Humbert, Fabrice. L’Origine de la violence. Le Passage, 2009

Adrien Fabre est professeur de lettres dans un lycée franco-allemand.Issu de la grande bourgeoisie, héritier d’une vieille famille française, c’est un homme calme et posé, pourtant hanté par la violence,e t submergé parfois par des vagues de violence qu’il ne maîtrise ni ne comprend. Lors d’un voyage scolaire au camp de Buchenwald, il découvre au musée du camp la photographie d’un détenu qui est le sosie de son propre père. Troublé au point d’obtenir du directeur du musée une copie de la photo, il mène son enquête auprès de survivants du camp, et ne tarde pas à découvrir, que ce détenu, David Wagner, juif mort au camp de Buchenwald, n’est autre que son grand-père. Cela remet en cause tous les fondements de son identité, et l’entraîne dans une quête des origines, et du sens de l’Histoire autant que de son histoire, il s’interroge sur « l’origine de la violence », violence subie par les victimes, dont son grand-père, bien sûr, mais aussi et surtout violence des bourreaux nazis : comment expliquer qu’une nation aussi cultivée que la nation allemande ait pu engendré la pire des barbaries ? Et c’est à l’origine de sa propre violence qu’il se trouve confronté…

I.G.


« La Tête en friche » de Marie-Sabine Roger

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Roger, Marie-Sabine. La Tête en friche. Le Rouergue, 2008. (la brune)

Germain Chazes a qurante-cinq ans et vit dans une caravane, au fond du jardin de sa mère.  Sachant à peine lire et écrire, sa vie se passe de petits boulots en tournées au bistrot avec les copains, qui se moquent gentillement de lui.De temps à autre, il s’installe sur un banc au jardin public, pour compter les pigeons. C’est là qu’il fait la connaissance de Marguerite, une petite vieille, universitaire en retraite, qui a la passion de la lecture, et qui, avec beaucoup de tact, et  d’intelligence , va l’amener vers les livres…
Un livre plein d’humour et de sensibilité

I.G.

« Lune captive dans un oeil mort », de Pascal Garnier

Lune captive dans un oeil mortCouverture : David Pearson

Garnier, Pascal. Lune captive dans un oeil mort. Zulma, 2009

Martial et Odette, deux retraités sans histoires, sont les premiers à s’installer aux « Conviviales », cette résidence protégée pour senior en quête de tranquilité et de sécurité. Maxime et Marlène  les y rejoignent bientôt. En un autre lieu, sans doute ces deux couples n’auraient-ils rien eu à se dire, mais l’isolement, l’ennui, la proximité des pavillons obligent la sympathie. Arrive enfin Léa,  une femme seule qui n’a pourtant pas l’âge ni le profil requis, puis Nadine  l’animatrice du club-house, jeune femme un peu hippie qui dénote franchement. Si l’on ajoute M Flesh, le gardien, tout est réuni pour faire de ce huis-clos un cocktail explosif… car, contrairement aux fantasmes de résidents coupés du monde, le danger ne viendra pas de l’extérieur…

Un livre jubilatoire et peut-être plus sérieux qu’il n’y paraît sur un phénomène de société.

I.G.

« Des amants », de Daniel Arsand

Des amantscouverture : Hubert Michel

Arsand, Daniel. Des amants. Stock, 2008

Dans la France du XVIIIe siècle, l’histoire d’une passion amoureuse entre deux hommes : Sébastien , le jeune berger qui connaît le pouvoir des plantes, et Balthazar, l’aristocrate admis à la cour du roi.

Balthazar fait une chute de cheval aux pieds de Sébastien, qui le soigne et lui voue dès cet instant un amour total. Balthazar, plus distant, promet vaguement de revenir, ce qu’il fera un an après. Il emmène le berger pour faire de lui un médecin à la cour . Ils n’arriveront jamais à Paris, mais s’égareront en chemin dans une passion mutuelle et dévorante, qu’ils ne cachent même pas. Or il ne fait pas bon, dans la société du XVIIIe siècle, s’afficher avec un autre homme, même lorsqu’on a des soutiens auprès du roi…

Roman magnifique écrit dans un style proche de la poésie.

I.G.

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