Compte rendu de discussion post-simulation;

Mot clef : Expérience de pensée philosophique, libéralisme, planification économique.

– Ce texte fait partie d’une série sur les imaginaires du technocapitalisme environnemental –
Le dispositif d’enquête en philosophie de terrain fictionnelle met en scène deux protagonistes : – AP : doctorante en philosophie de l’éducation. Elle s’intéresse aux relations entre éducation au futur et formation existentielle. – TC : concepteur pour un think thank technocapitaliste environnemental : TechnoFutur.

TC : – Nous proposons de réguler la consommation des ressources naturelles au niveau mondial par intelligence artificielle. Il s’agit de limiter la consommation des ressources naturelles à un niveau supportable pour la planète, de ne pas dépasser la biocapacité annuelle de la terre.

Notre proposition articule un calcul des limites de la planète et un marché libre des ressources naturelles. Il ne s’agit pas par exemple d’allouer à chaque personne une quantité égale de ressource.

Mais de limiter la quantité de ressources exploitées au niveau international. Ensuite, ces ressources peuvent bien évidement être acheté dans le cadre d’un marché libre avec une fluctuation des prix en fonction de l’offre et de la demande.

AP : – Mais n’y a-t-il pas dans ce projet quelque chose de contradictoire ? En effet, la limitation du commerce des ressources naturelles ressemble à une forme de planification autoritaire. Elle n’est pas planifiée par l’État, mais par une IA qui a été programmée pour cela.

TC : Il faut comprendre que notre façon de concevoir le libéralisme économique n’implique pas nécessairement un régime politique démocratique. Nous sommes même plutôt favorables à une forme d’organisation rationnelle et impersonnelle de l’organisation politique. Cela éviterait des décisions irrationnelles prises par des êtres humains.

Pour nous le libéralisme repose sur la liberté des modernes (« ne pas être empêchés »), au contraire la liberté comme participation politique renvoie à la liberté des anciens (Constant).

Par exemple, on peut imaginer une IA qui a été programmée pour respecter un ensemble de droits et de liberté fondamentales des êtres humains. Il s’agit d’une IA qui respect le principe de l’État de droit.

Pour nous, le plus important est la liberté économique et le respect des libertés individuelles. Les libertés politiques nous semblent au contraire sources d’irrationalité dans le fonctionnement social.

Il y a certes une rationalité de l’action économique. Les agents pensent poursuivent leurs intérêts égoïstes et ils réalisent la prospérité économique. Néanmoins, cette rationalité du monde économique a été pensée dans le cadre d’un monde aux ressources infinies.

De ce fait, le recours à l’IA permet d’introduire, dans le cadre de la rationalité du fonctionnement économique, la prise en compte de cette contrainte.

AP : – Mais n’y a-t-il pas dans votre projet une contradiction. TechnoFutur promeut l’idée que l’innovation technologique peut résoudre l’ensemble des problèmes de l’humanité. De ce fait, on peut supposer que la limitation des ressources naturelles n’est pas un problème car l’innovation technologique serait en mesure de créer des matières premières et des énergies qui soient inépuisables.

TC : Vous avez raison. La régulation par l’IA des limites planétaires n’est pour nous qu’un pis aller transitoire en attendant de trouver les innovations technologiques qui permettent une croissance illimitée de l’économie.

Commentaires :

– Cette expérience de pensée vise à explorer la possibilité de contradictions entre écologie, libéralisme économique et recours aux technologies.

– Il est possible d’imaginer utiliser d’utiliser le recours à des IA afin de réguler la consommation des ressources naturelles, mais une telle conception pose des problèmes par rapport aux idéaux libéraux anti-paternalistes.