– Ce texte fait partie d’une série sur les imaginaires technocapitalistes –

AP  (doctorante) : – Vous avez fait le choix de procéder à des augmentations corporelles. Pouvez-vous m’expliquer pourquoi ?

TC  (membre de TechnoFutur): Il y a plusieurs raisons à cela. Les augmentations technologiques vous permettent d’augmenter vos capacités physiques et intellectuelles. Il ne s’agit pas simplement de réparer le corps ou l’esprit, mais de perfectionner l’humain. Pour moi, cette quête d’amélioration, c’est ce qui définit l’être humain. Je me situe dans la continuité de l’humanisme moderne qui croît en la « perfectibilité » de l’être humain.

AP : TechnoFutur promeut les technologies d’augmentation de l’être humain. Pour autant, ces technologies ne font pas consensus. Les opposant-e-s membres par exemple du Mouvement Anti-Oppression (A-O) considèrent que l’augmentation de l’être humain conduit à créer une double humanité : des inférieurs et des supérieurs. Les inférieurs étant ceux qui ne veulent pas s’augmenter : il y aurait de ce fait une pression sociale à l’augmentation.

TC : La pression sociale existe. Je ne vais pas le nier. Mais elle provient des progrès réalisé par les IA. Le seul moyen de ne pas être dépassé par les intelligences artificielles que nous avons créees, comme les IA de gouvernance, est de s’augmenter.

Comme vous le savez à TechnoFutur, nous considérons qu’il est plus rationnel de confier l’organisation politique à des IA pour qu’elles gèrent en particulier les ressources environnementales.

Mais nous considérons que le temps dégagé par la politique est utilisé pour pouvoir s’enrichir librement. Une société libre, c’est une société où les êtres humains peuvent avoir la liberté de s’enrichir économiquement et de poursuivre leur propre conception du bonheur.

La possibilité de s’augmenter technologiquement doit être selon nous reconnue comme une liberté fondamentale de l’être humain. Nous devons avoir tous la possibilité de nous construire et reconstruire tel que nous le désirons, comme nous devons avoir la possibilité d’aller et venir comme nous le voulons, de pouvoir nous exprimer librement…

AP : Néanmoins, on accuse aussi les technologies d’augmentation de conduire non seulement à des inégalités technologiques, mais également de reproduire inégalités économiques. En effet, les plus riches peuvent accéder à des technologies plus performantes.

TC : Je pense que vous soulevez deux problèmes différents.

Tout d’abord, nous luttons au contraire contre les inégalités biologiques. Avant même les inégalités socio-économiques, et même ce qui détermine les inégalités socio-économiques, ce sont les inégalités biologiques.

Nous sommes favorables de ce fait à l’égalité des chances à la naissance, à savoir que toutes les personnes bénéficient des mêmes augmentations de base.

En revanche, nous pensons que par la suite, chaque personne est responsable de ces choix et doit avoir la possibilité en fonction de la richesse qu’il a acquis au cours de sa vie d’accéder à telle ou telle technologie. Cela ne nous semble pas contraire à un principe de justice sociale.

AP : – En revanche, que pensez vous des décisions qui ont été pris par le Comité international d’éthique de brider les IA de gouvernance, et à l’inverse de s’opposer à la libération des Robots et à leur reconnaissance en tant que personnes et sujets de droits ?

TC : Comme je vous l’ai dit, nous nous situons dans la continuité de l’humanisme moderne. Nous ne défendons pas le posthumanisme des Hakeureuses.

Néanmoins, il est vrai que notre utilitarisme nous conduit à l’anti-spécisme concernant les êtres vivants sensibles. Pour nous, les robots n’entrent pas dans cette catégorie d’être sensibles.

Nous essayons de tenir un équilibre au sein de notre organisation entre la tendance de nos membres qui est plutôt acquise aux idées libertariennes. Ils défendent la reconnaissance des libertés individuelles de s’augmenter, le libre échange… Il s’appuient sur l’idée de droits fondamentaux des humains.

Nous avons également une tendance en notre sein qui est plutôt philosophiquement utilitaristes. Ils acceptent que l’on puisse prendre des décisions collectives qui sont orientés vers le bien-être collectifs. Or les Robots sont au service des humains.

AP : Que pensez-vous de la décision de la décision du Comité international d’éthique de rendre illégal le Mouvement « Chimères » qui prônait une libéralisation de l’hybridation des êtres humains et des animaux ?

TC : Sous l’angle de l’éthique minimale, nous pouvons n’avoir aucun opposition à l’hybridation humain et animal. En effet, nous sommes favorables à ce que chacun et chacune puisse vivre comme il le souhaite.

Sur le plan sanitaire, en revanche, il peut y avoir des dangers et ces pratiques doivent être encadrées en tenant compte de l’utilité et du bien être collectif qui peut en être tiré.