Compte rendu de discussion post-simulation entre TC et A-O:

TC (représentant du Think Thank technoprogressiste TechnoFutur) : Comme vous le savez, l’un des rêves de l’humanité est en passe de se réaliser grâce au progrès technologique : la délivrance du travail par les robots. Par travail, nous entendons une activité pénible et nécessaire pour assurer notre survie et nos besoins vitaux. A partir de là, l’humanité se trouve libérer de la contrainte et pourra consacrer une grande partie de son existence au loisir entendu dans les différents sens que l’on peut donner à ce terme : divertissements, activités de création artistique, plaisir de l’étude intellectuelle…
Néanmoins, cette transformation sociale majeure ne va pas sans entraîner de profonds bouleversements économiques. Nous souhaitons mettre en place un revenu universel d’existence. Ce revenu permettra à tous et à toutes d’accéder au minimum vital.
Comme nous sommes favorables à la liberté individuelle, nous souhaitons que soit maintenu pour tous et toutes la possibilité de s’enrichir en maintenant des activités entrepreneuriales.
Les IA de gouvernance seraient chargées du calcul et de la répartition des revenus d’existence.

A-O (déléguée de la coalition anti-oppression ) : Personnellement, je vois différents problèmes à ce projet. Le premier pour moi tient aux inégalités sociales. Comme nous le disons depuis des années, de trop grandes inégalités sociales de richesse, sont attentatoire à la dignité humaine.

TC : Vous savez que nous sommes opposés à la très grande pauvreté et que nous travaillons à l’éradication de la pauvreté dans le monde. Les IA de gouvernance sont programmées pour appliquer un programme utilitariste de lutte contre la pauvreté (en se situant dans la ligné des préconisation du philosophe Peter Singer).

A-O : Mais cela va plus loin que la question de la pauvreté. Nous comprenons bien qu’avec le revenu d’existence universel, vous comptez éviter qu’une partie de la population se trouve paupérisée par la robotisation du travail et la perte de leurs emplois.

Mais, ce faisant vous entérinez deux autres fomes d’inégalités :

a) Vous acceptez que puisse se créer des inégalités de richesse telles que se constituent deux humanités. Une humanité qui ne peut avoir accès qu’au strict minimum, et une autre humanité qui accapare à son profit la grande partie des ressources naturelles et de la production de biens matériels et immatériels.

b) L’inégalité que vous entérinez, c’est un partage très inégalitaire des ressources naturelles. Les IA de gouvernance ne répartissent pas les ressources de manière égalitaires. Elles s’assurent qu’il y a un partage correspondant au minimum vital pour chacun, et le reste se trouve mis à disposition sur un marché capitaliste.

TC : Franchement, je ne vois pas de quoi vous vous plaignez. Cela fait des années que vous nous parler de sobriété et de simplicité volontaire. Nous accordons à tous ceux et celles qui le souhaitent la possibilité de vivre selon ce modèle de simplicité volontaire.

En revanche, ceux qui ne le souhaitent pas et veulent continuer à consommer de manière capitaliste doivent pour cela participer à une lutte concurrentielle sur un marché économique capitaliste.

A-O : Mais en laissant une part importante des ressources naturelles (compatibles avec la biocapacité de la Terre) sur un marché capitaliste, vous en privez une partie des personnes. Pourquoi ne pas prévoir plutôt une répartition égalitaire ?

TC : Nous pensons que le marché libre capitaliste est nécessaire pour favoriser l’innovation technologique. De ce fait, l’innovation technologique peut grâce à des nouvelles technologies augmenter à chaque fois la biocapacité et diminuer l’empreinte écologique, de ce fait il y aura plus de richesses à distribuer à l’ensemble de la population. Le revenu d’existence ne fera que croître au fil des années.

A-O : A mon avis, si on se base sur le passé, le revenu d’existence minimum ne va pas croître, c’est la part accaparé par les plus riches qui va croître…

TC : Allons, vous savez bien que Marx s’est trompé concernant sa prédiction de paupérisation de la classe ouvrière….

A-O : Mais pas sur le fait que les inégalités de richesse ont continué à croitre. Cela a été montré par la suite dans les travaux de Thomas Piquetty sur Le capitalisme au XXIe siècle. Vous savez que depuis cette époque les inégalités de richesses entre les plus pauvres et les plus riches n’ont cessé de croître.

TC : Oui, mais les plus pauvres se sont relativement enrichis. Il y eu une baisse de la très grande pauvreté.

A-O : C’est un dialogue un dialogue de sourd. Nous considérons pour notre part qu’il ne peut pas y avoir une égale dignité des êtres humains dans un monde où il y a une telle inégalités de richesses entre les humains.