Compte rendu de discussion post-simulation :

TC (membre de TechnoFutur) : – Nous pensons que les IA de gouvernance doivent être programmées pour orienter la démographie vers une baisse importante de la population. Cela s’explique pour plusieurs raisons : a) les limites écologiques planétaires (la biocapacité) b) la diminution drastique du nombre d’emplois liés à la robotisation de l’activité c) l’allongement de la durée de vie en bonne santé de la population. Bien évidement, comme vous le savez, les IA de gouvernance n’agissent jamais par des mesures de cohéritions violentes, mais pas des technologies qui s’appuient sur le paternalisme libéral comme les Nudges.

A-O  (Déléguée de la Coalition anti-oppression) : – Nous ne sommes pas d’accord avec cette orientation. Déjà, comme vous le savez, nous ne sommes pas d’accord au sujet des pratiques de paternalisme libéral utilisées par les IA de gouvernance. Elles orientent de manière inconsciente le choix des personnes et donc porte atteinte au respect de l’autonomie de jugement.

TC : – C’est l’éternel débat… Nous sommes tous influencés d’une manière ou d’une autre. Cette idée que nous ferions des choix de manière entièrement autonome est discutable. Les citoyens et les citoyennes savent que les IA de gouvernance utilisent des nudges. Nous les informons à ce sujet. Toutes les informations sont disponibles et avant la mise en place de ces technologies, il est toujours possible d’effectuer un recours auprès du Comité international d’éthique.

A-O : Une autre raison de notre désaccord avec l’autorisation par le Comité international d’éthique de la régulation des naissances par les IA de gouvernance vient du fait que cette orientation prise de réguler les naissances est en réalité basée sur des biais discriminatoires. En effet, cette décision ne tient pas compte du fait que la natalité est inégalement répartie sur selon les régions du monde. En fait, cela revient à faire porter le poids des limites planétaires sur les personnes qui sont économiquement les plus pauvres et non pas sur les modes de vie des plus riches.

Ce qui pose problème est TechnoFutur, c’est qu’il hors de question en réalité de toucher au mode de vie des personnes les plus riches et que cette variable d’ajustement n’a pas été incluses dans les options des IA de gouvernance lorsqu’elles ont produit des scénario.

TC : – Les inégalités de mode de vie dans la consommation des ressources planétaires sont certes une variable. Mais vous ramenez toujours tout à cela. Il ne s’agit pas de la variable la plus prépondérante sur le plan mathématiques. Il y a comme vous le savez la variable « allongement de la vie en bonne santé » et la variable « robotisation des métiers ».

A-O : – Déjà, l’allongement de la durée de vie en bonne santé ne bénéficie pas de manière égale à tout le monde. C’est justement les personnes à qui selon vous constituent le problème écologique car ils et elles ont soit disant trop d’enfants qui en ont le moins bénéficier.

TC : – Justement la baisse de la natalité permettra de redéployer des ressources médicales aujourd’hui utilisée pour le suivi des nourrissons et des jeunes enfants, vers un meilleur suivi médical des personnes adultes et donc vers l’amélioration de la vie en bonne santé.

A-O : – Mais tout votre discours ne tient pas compte de l’organisation mondiale. Avec la robotisation des emplois, vous avez mis en place une allocation universelle d’existence. Il y a désormais une société à deux vitesses. Il y a une petite masse de privilégiés qui ont un emploi salarié hautement qualifié dans des secteurs utiles socialement et il y a ceux et celles qui ont crées des entreprises dans un marché concurrentiel. Ces entreprises sont à taille variables et emploient plus ou moins de robots pour faire les tâches en fonction du capital initiale du fondateur/trice de l’entreprise ou de la croissance économique de l’entreprise. Ces deux dimensions étant très souvent liées.

De l’autre côté, une partie de l’humanité vit avec l’allocation universelle d’existence. Ils ont le minimum pour assurer leurs besoins vitaux. Mais, s’ils ou elles veulent par exemple accéder à davantage de technologies de plus haute performance, auxquels ont le droit les privilégiés, elles doivent participer à la création d’entreprises dans le marché concurrentiel. Mais comme ces personnes ont de faibles capitaux de départ, bien souvent leurs entreprises ne sont pas viables. De ce fait, elles vivent avec une économie de subsistance pour assurer une partie de leurs besoins vitaux de base et gardent une partie de la somme de l’allocation universelle d’existence pour accéder à des technologies plus performantes en matière de santé. Mais, leurs ressources pour accéder à de telles technologies sont très limitées.

TC : Grace à l’allocation universelle d’existence, nous favorisons l’égalité des chances et la lutte contre la pauvreté.

A-O : Oui, mais cela ne met pas fin aux inégalités de richesses qui sont liées à l’héritage. Vous savez que pour assurer l’égalité des chances à la naissance, il faudrait abolir l’héritage qui est la source des plus grandes inégalités économiques.

TC : Vous savez bien que cela serait insuffisant. Il faudrait mettre en place un plan systématique d’égalisation systématique des chances biologiques à la naissance et il faudrait également réparer les accidents de la vie qui peuvent par exemple provoquer un handicap.

A-O : Nous savons que pour vous les solutions se trouve dans les biotechnologies. Mais, je vous assure qu’une grande partie des problèmes seraient résolus si vous réduisiez les inégalités de richesse. Même l’égalité des chances n’est pas suffisante. Il ne suffit pas de laisser chacun et chacune poursuivre son propre intérêt. Il se reformera nécessairement des inégalités de richesses au cours de la vie des individus. Or les trop grandes inégalités de richesse conduisent à porter au principe d’égale dignité des êtres humains.