Marcher, photographier, cartographier, interpréter : une alternative à l’approche paysagère

Notre géographie scolaire privilégie depuis de nombreuses années la découverte du monde par l’étude paysagère mais force nous est de constater qu’elle ne donne pas toujours entière satisfaction. La quête du point de vue dominant a certes pour effet d’élargir les perspectives mais elle ordonne et déforme également les perceptions en surexposant et minorant les éléments observables. Par ailleurs, si l’on prête au paysage la fonction de l’approche concrète et du rapport au réel, on peut également admettre que la posture fixe et méditative n’est pas des plus courantes dans la manière d’appréhender l’espace. Un lieu à découvrir est aussi un lieu à fréquenter en se déplaçant d’un endroit à l’autre.

On peut en rendre compte aisément en arpentant une rue avec un outil courant de prise d’images (Caméra, smartphone, etc…). On propose ici une série de vues qui résultent d’une marche de 300 mètres dans une rue d’un quartier de Dakar (Ouakam).

Il faut certes bien avoir conscience qu’un espace si restreint ne saurait résumer les conditions de vie au sein d’une métropole. Le choix d’une rue oblige à la situer dans un emboîtement d’échelles et à la caractériser dans son espace environnant. Ceci étant posé, le regard attentif que l’on posera au fil de la déambulation s’avérera très instructif sur les composantes d’un espace de vie quotidienne, en termes d’habitat, d’équipement, d’activités et de modes de déplacement.

Si la photographie nous inscrit dans l’espace, elle pose aussi nécessairement la question du rapport au temps. L’instantané s’accompagne d’un questionnement en termes d’évolution. Dans le cas présent, la coexistence de taudis et d’habitations modernes et cossues interroge sur la préexistence de l’un par rapport à l’autre et sur le devenir de ce que nous observons . Que sera cette rue dans 10 ou 20 ans? En ce sens, la photographie n’est pas seulement une projection vers l’avenir, c’est aussi la mémoire d’un lieu, de ces lieux informels souvent ignorés et qui peuvent se dissoudre dans l’oubli.

A défaut du traditionnel croquis d’interprétation que permet le paysage, une galerie photographique peut se prêter au langage graphique par une réalisation cartographique. On identifie et classe les éléments par thème (habitat, activités, etc…), on opère un choix de figurés et on construit le croquis et sa légende qui donneront lieu à une interprétation de l’espace étudié.

A ce titre, l’outil numérique « Maps engine » de Google permet de réaliser une carte personnalisée associée à ses propres images. L’ajout de calques successifs fait office de légende et permet de sélectionner l’affichage à sa guise.

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