L’ascension de la fortune

Première de couverture du roman (édition Feedbooks)
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Guy de Maupassant, le célèbre écrivain, nouvelliste, et ancien journaliste français, nous immerge dans le Paris des années 1880. Le roman Bel-Ami, paru en 1886, est représentatif de la nature littéraire de l’auteur, qui fut le poulain de Flaubert d’ailleurs, de par le réalisme qui s’en dégage et la qualité stylistique de l’œuvre. J’ai moi-même choisi de lire ce roman car j’apprécie personnellement Maupassant, dont je trouve l’écriture attrayante puisqu’elle se montre appliquée, précise et pleine de grâce. On ajoutera que le pessimisme est aussi présent dans Bel-Ami, comme dans d’autres de ses œuvres, Une vie par exemple. Ce roman a connu un grand succès et a été plusieurs fois adapté au cinéma. Ce qui est intéressant, c’est que l’artiste s’identifiait quelque peu au personnage principal, ayant vécu à Paris un moment, et ayant le sens des affaires : « Bel-Ami c’est moi ! », plaisantait-il.

Ce roman éponyme est centré sur le personnage de Georges Duroy, alias Bel-Ami. Il s’agit d’un jeune homme qui à sa sortie de l’armée en tant que sous-officier, s’installe à Paris. Au début du récit, il se trouve dans une situation médiocre, employé aux bureaux des chemins de fer, ayant un maigre salaire et crevant la faim. Il a belle allure, étant décrit séduisant et beau garçon, et il rêve d’idylles ardentes. C’est alors qu’il va tomber sur un vieux camarade de classe, Forestier, devenu homme du monde, rédacteur à La Vie Française, un journal réputé.

Bel Ami : affiche du film avec Robert Pattinson et Uma Thurman
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Celui-ci va permettre à notre personnage de prendre son envol, en lui faisant gagner peu à peu en considération dans la société. C’est un emploi au sein du journal qui va d’abord lui sourire, puis son cercle de connaissances va s’élargir, comprenant des personnes de plus en plus importantes, haut-placées. Son envie d’amour va se voir progressivement atténuée, par les aventures passionnées qu’il vivra, ayant du succès auprès des femmes. C’est d’ailleurs la fille de sa maitresse, Mme de Marelle, qui lui donnera le surnom attendrissant de « Bel-Ami », étant apprécié au sein de la famille. Nous nous attachons rapidement à ce personnage, et apprécions également les membres de son entourage. Cependant, il convoite une femme en particulier, et son appétit ne pourrait être assouvi sans cette « acquisition »… l’obtiendra-t-il ? D’après les propos de Richard Roudaut qui préface cette édition du roman, le récit démontre « comment réussir dans l’existence avec beaucoup de prestance, très peu de scrupules et un rien de chance ».

Comment la situation de Bel-Ami va-t-elle tourner ? Cette ascension dans la société sera-t-elle perpétuelle, ou se dégradera-t-elle finalement ?

J’ai beaucoup aimé ce roman car le personnage de Georges Duroy, qui à l’origine se trouve en bas de l’échelle sociétale va progressivement se dégager de sa condition, grâce à l’amitié tout d’abord, puis à l’amour et la considération acquis, qui vont le lier à certaines personnes plus nobles.

Les rebondissements émotionnels sont intéressants car notre héros connaitra des hauts et des bas dans son parcours, se fera des amis chers, comme des ennemis ! Notre cœur bat sans cesse la chamade à la lecture, on se soucie du sort de Bel-Ami, fier d’une part, notamment dans ses conquêtes amoureuses, mais émotif de l’autre, car parfois apeuré, désespéré, alerté. Nous sommes sensibles à son évolution, et nous nous sentons davantage crispés vers la fin du récit, dont je vous laisse prendre connaissance du dénouement par votre propre lecture.

Qui plus est, cette œuvre évoque le contexte historique de l’époque, avec la mise en pratique du télégramme, l’élaboration de chemins de fer, l’utilisation accrue des voitures… On ressent aussi chez les personnages une envie de se cultiver, en allant aux Folies-Bergère par exemple, ce théâtre parisien très fréquenté. La presse aussi est au cœur de l’histoire : l’opinion publique se développe dans le cadre d’une République établie depuis peu et certains journaux se font concurrence. D’ailleurs, des affrontements entre La Vie Française et d’autres journaux sont abordés dans le récit.

J’apprécie particulièrement la description des relations humaines faite par Maupassant. En effet, il dresse une analyse très objective des pensées et agissements des personnages envers d’autres, au sens professionnel, amical, ou même romantique. Il évoque des caractères humains sans cacher l’hypocrisie, la mesquinerie, la prétention et surtout la convoitise. Ce qui est flagrant, et qui est toujours le cas de nos jours, c’est que pour espérer évoluer, il faut savoir séduire autrui, comme Bel-Ami en a le don. Ces relations liées au pouvoir de l’argent, qui se fait désirer, dont Duroy en a fait sa quête, créent un véritable feu d’artifices de péripéties dans cet éden qu’est la vie parisienne. Or, toute épopée connaît des périples …

Je vous le conseille de tout cœur : c’est un roman délectable, riche en connaissances, et en émotions !

C’est pourquoi je lui attribue la note de … 4,5 étoiles sur 5 !

 

Je vous souhaite une agréable lecture. Merci pour votre attention.

Maupassant, Guy de. Bel-Ami. Librairie Générale Française, 09/2007. 367 p.

Marion Massinon, 1ère1

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