Localisation de l’espace étudié (voir rectangle rouge sur l’image ci-dessous, cliquer ci besoin pour agrandir)
Il s’agit d’une portion de littoral d’environ 2 km de long au nord de la péninsule dakaroise. Elle se situe dans le quartier de Yoff à l’ouest d’une zone de pêche traditionnelle du même nom
(voir article).
1) La « course à la mer » : une pression urbaine mal contrôlée.
a) L’évolution sur la décennie 2000-10
On peut la percevoir à partir d’images satellitaires comparées (Googleearth)
On voit nettement qu’en 10 ans, la zone de construction s’est fortement densifiée et a avancé vers la mer.
L’image 2009 montre -outre l’apparition de campements touristiques (à gauche), une ligne de front de mer rectiligne que semblent franchir de nouvelles constructions.
b) L’évolution de ces derniers mois, inquiétude pour l’avenir.
Ci-dessous une vue du sol (novembre 2009) correspondant à ce qui vient d’être observé sur la vue aérienne.
Le franchissement de la ligne de front de mer par de nouvelles constructions s’opére de façon illégale, au regard d’une loi sur le littoral identique à celle qui existe en France
(interdiction de construire sur une bande de 100 mètres à compter du rivage.)
Des vues plus récentes (février 2010) font apparaître une différence entre des édifices en voie d’achèvement et d’autres qui restent à l’état embryonnaire (cliquer sur les images pour agrandir)
Un examen attentif de la dernière image permet d’observer les tiges métalliques tordues et des débrits de parpaings. Il s’agirait d’interventions de forces publiques pour empêcher les constructions et ainsi faire respecter la loi. D’autres évoquent une action des habitants du quartier eux-mêmes.
Cette différence entre ce qu’on laisse et empêche de construire met en cause selon certains la la complicité des pouvoirs publics.
Ici ce qui compte n’est pas tant de savoir ce que l’on peut faire mais de savoir ce qu’on laisse faire!
c) Croquis-bilan (à partir de l’image GE 2009)
Cliquer sur l’image pour télécharger le fichier Powerpoint
2) Un espace public récréatif menacé
a) La plage de Yoff, terrain de jeu des Dakarois
Dans un contexte de rareté d’espaces publics et de saturation de l’espace au sein de l’agglomération , la plage de de Yoff est un élément essentiel à la vie quotidienne de milliers de Dakarois.
Le loisir balnéaire est limité à une période saisonnière (juin-octobre). De novembre à mai, la température de l’eau se fraîchit sous l’effet de courants marins et dissuade des
baigneurs habitués à de températures maritimes tropicales.
Ce sont en réalité les activités sportives qui prédominent sur cet espace à longueur d’année. Les week end et jours de semaine à partir de 17h00, le littoral de Yoff forme sur des kilomètres et sans discontinuité une enfilade de terrains de foot improvisés.
L’espace est alors monopolisé au point de rendre impossible toute autre activité récréative.
b) Un espace récréatif mal partagé.
Certes, des campements touristiques se sont développés pour offrir un usage sédentaire des lieux.
Le calme (relatif), l’ombre et la propreté sont garantis mais ces avantages ont un prix : 1500 francs cfa le parasol (un peu plus de 2 euros) c’est peu pour la bourse d’un Européen, c’est un luxe pour un Sénégalais de quartier populaire pour qui un repas coûte déjà 500 francs.
Ces campements ont une apparence- on les dit touristiques- mais aussi une réalité : ils restent désespérément vides à l’exception de la période estivale. Peu d’autochtones, encore moins de touristes étrangers, peu nombreux à Dakar.
c) Espace sacré, activités profanes : une cohabitation difficile
Face à la mer un sanctuaire musulman regroupe mosquée, mausolée et cimetière
Voir localisation sur Google Map
Devant le mur du cimetière, un panneau annonce la couleur…
L’activité sportive, bruyante, profane est jugée inconvenante devant un lieu estampillé sacré.
A quelques mètres de là, un autre appel au calme évoque la notion de respect.
L’existence même de ce type d’affichage montre que la cohabitation entre tradition et modernité sur un tel littoral n’est pas sans tensions.
d) Attention, la mer monte, l’espace se raréfie!
La photo ci-dessus a été prise en février 2010. En cette période de l’année, la mer est beaucoup plus haute qu’en phase estivale (N.B : ici la marée n’a qu’une faible amplitude). Plusieurs font remarquer qu’elle gagne du terrain d’année en année. (Voir constats et hypothèses sur l’article « Le match de foot n’aura pas lieu… »)
On observe d’une part que le terrain de foot improvisé est des plus étriqués, sensiblement incliné et offrant des marges aquatiques aux ailiers de débordement les plus valeureux.
On note d’autre part que la nécessité impose ici sa loi : les jeunes Sénégalais ont fini par faire fi de l’interdiction religieuse. Mausolée et cimetière ou pas, on joue au foot, faute de place!
e) « Attention je passe » : la plage est aussi une route!
On n’oubliera pas que le littoral sablonneux constitue une liaison importante entre la zone de pêche de Yoff et d’autres quartiers de Dakar (voir article). Le va et vient quotidien
et quasi permanent des charrettiers sur la grève s’ajoute donc au phénomène de saturation. Tenter un débordement sur l’aile, c’est d’abord vérifier que la voie est libre!
f) Attention, obstacle à franchir : le déversement des eaux usées.
C’est le parcours d’obstacles des joggeurs de la plage : tous les 500 mètres environ, il faut un grand bon pour pouvoir enjamber les rivières d’eaux usées qui se
déversent à ciel ouvert sur le littoral.(voir image satellitaire et croquis en haut de l’article). Si les adultes semblent avoir conscience du danger sanitaire que cela représente, ce n’est pas toujours le cas d’enfants que l’on voit jouer avec des eaux épaisses et sombres.
3) Des schémas en guise de bilan
a) L’interprétation géographique
Cliquer sur l’image pour télécharger le fichier Powerpoint
b) Le développement durable en question (en collaboration avec D Champigny, IPR ac Créteil)
Cliquer sur l’image pour télécharger le fichier Powerpoint