Dakar est-elle la fille de Koweit City? Questions sur l’aménagement de la corniche ouest.

Depuis peu, Dakar tient sa vitrine : la corniche ouest, une portion de littoral longée d’une voie rapide, plantée de palmiers, ponctuée de monuments et ouverte sur l’océan.

Cet aménagement a été réalisé à l’occasion du sommet de l’Organisation de la Conférence islamique qui s’est tenu dans la capitale sénégalaise en 2008.(à propos de l’OCI, lire les informations sur le site de la Documentation française , voir la carte)

Deux après, la ville porte encore l’empreinte de l’événement (photo : juillet 2010)

oci


L’objectif avoué était de fournir à la métropole ouest-africaine un aménagement littoral « aux normes internationales ».

Voir le site de l’ANOCI

3 axes prioritaires ont été définis :

– la circulation ( désengorger le centre dakarois et faciliter les liaisons pendulaires par la construction d’une 2X2 voies)

– la promotion du haut standing (hôtellerie, habitat et activités de luxe)

– l’aménagement paysager.(voir lien)

 

L’espace concerné est celui dit de la « Corniche Ouest » indiqué sur l’image ci-dessous (trait rouge).

 

dakar corniche GE

 

Sa position est éminament stratégique : assurant une liaison majeure entre l’aéroport et le centre ville, elle constitue une vitrine idéale pour la ville elle-même et le pouvoir en place.

 

A) Un acteur majeur d’aménagement : le monde islamique, le Koweit en particulier.

– L’OCI

– le Koweit

– M. Kharafi

 

B) L’aménagement d’un espace : à quoi ressemble la corniche ouest en 2010?

1)) L’infrastructure routière : une réussite incontestable.

2) Le haut standing : fortunes et infortunes à l’affiche

3) L’aménagement paysager se fait toujours attendre.

 

C) Dakar-Koweit city : similitudes et critères de différenciation

1) Des similitudes

–  La configuration urbaine : « un air de famille ».

–  Le paysage : une étrange ressemblance

–  Activités : le « Seaplaza«  (Dakar), un « Soukshark »  (KC) en modèle réduit.

 

2) Derrière les apparences, des mondes encore bien différents

– Sur le plan social

– Sur le plan sociétal

 

Bilan : l’aménagement d’un littoral au regard des critères de développement durable

 

A) Un acteur majeur d’aménagement : le monde islamique, le Koweit en particulier.

 

A proximité d’une grande mosquée qui jouxte la corniche, on peut voir une affiche riche d’enseignements (cliquer pour agrandir si nécessaire) :

affiche OCI corniche

Inscriptions :

Agence nationale de l’OCI.

Projet : élargissement, embellissement, aménagement de la corniche ouest de Dakar.

Financement : fonds kowetiens (FKDEA), Etat du Sénégal (ANOCI), Kharafi and sons.

 

 

L’OCI est une structure permanente dotée d’agences nationales au sein des pays membres. Via la BID (Banque islamque de développement), elle représente une capacité financière d’investissements en
application du principe fondateur de solidarité et de devoir de développement au sein du monde islamique.

Ainsi s’opère un transfert de richesses non négligeable entre les pays pétroliers du Golfe persique et les Etats musulmans d’Afrique noire.

 

Dans le cas présent, c’est le Koweit qui semble être le principal contributeur de l’opération via le Fonds Koweitien pour le Développement Economique Arabe. Il suffit de
rentrer le sigle FKDEA dans un moteur de recherche pour se convaincre de l’importance des sommes versées au profit du développement  de pays musulmans d’Afrique
(Maroc, Mali, Sénégal, …).

Le nom de Kharafi and sons vaut également l’investigation. Sur un site spécialisé dans les opérations financières (Performance Bourse), on trouve les informations
suivantes :

« L’homme le plus riche du Koweït (par ailleurs deuxième fortune du Moyen-Orient) Nasser al-Kharafi a lancé une société d’investissement afin de développer des
projets hôteliers et immobiliers à travers le monde… Elle détient en portefeuille plus d’une vingtaine d’hôtels et centres touristiques, soit un total de 4 000 chambres, essentiellement situées
au Moyen-Orient et en Afrique. »

On apprend ainsi que des fonds privés participent à l’opération d’aménagement et que d’autres mobiles peuvent s’ajouter au seul principe de solidarité et d’aide au développement.

A l’autre bout de la corniche, on retrouve le nom de Kharafi sur une affiche d’opération immobilère (voir géolocalisation sur Panoramio et Google earth) :

panneau intercontinetal mamellesOn notera que la
date du permis de construire (janvier 2008) correspond à quelques semaines  près au sommet de l’OCI (mars 2008).

 

Dans l’aménagement du littoral dakarois, on trouve ainsi un acteur institutionnel (l’OCI), un pays en particulier (le Koweit) et une dualité d’ investissements en termes de nature (publique,privée) et d’intérêts (solidarité, rentabilité).

 

 

B) L’aménagement d’un espace : à quoi ressemble la corniche ouest en 2010?

Voir  photographies géolocalisées sur le site Panoramio

 

On peut guider notre observation à partir des 3 axes prioritaires énoncés plus haut.

 

1) L’infrastructure routière : une réussite incontestable.

corniche Dakar en vitrine

 

L’élargissement  de la route à 2X2 voies et le creusement de plusieurs tunnels ont constitué une « voie expresse » qui  a sensiblement  fluidifié la circulation entre le centre de
Dakar coincé au sud de la péninsule et le reste de l’agglomération. L’effet de cette modernisation a soulagé le quotidien de milliers de Dakarois jusqu’alors victimes de monstrueux embouteillages générés par les mouvements pendulaires.

 

2) Le haut standing : fortunes et infortunes à l’affiche

L’aménagement de la corniche a fortement accéléré les investissements ciblant le haut standing.

Voir article sur le site de Jeune Afrique à propos du programme « Waterfront »

Non loin des hôtels de luxe (Terrou bi, Radisson) qui jalonnent l’espace littoral se sont multipliées les opérations immobilières visant une clientèle très haut de gamme. Certaines sont en voied’achèvement. (voir lien), d’autres sont à l’état de chantier ralenti ou
arrêté, derrière des palissades en tôle et de grands panneaux publicitaires. (voir liens : ab, c).

hotel baobab, affiche déchirée

Comme un symbole, l’affiche déchirée d’un hôtel de luxe programmé (le Baobab) sur fond de chantier abandonné  (voir géolocalisation) traduit un contexte particulier d’ investissements immobiliers aux origines incertaines.Le programme aurait
en effet été arrêté pour des raisons de suspicion de blanchiment d’argent (voir
article du journal « L’obs » daté de novembre 2009
)

L’image peut être comparée avec le programme hôtelier cartographié sur le site de l’ANOCI (voir lien) : le passage de la représentation virtuelle à la réalité traduit bien un problème d’interférences entre politique d’aménagement et réseaux clandestins.

 

3) L’aménagement paysager se fait toujours attendre.

Plusieurs années après le début des travaux (2006), l’espace public bordant l’océan est toujours à l’état de friche, comme en témoigne l’image ci-dessous.

corniche-espace-en-friche.jpg

Hormis deux allées de palmiers, aucun élément paysager aménagé n’apparaît  dans l’horizon. (voir autres images).

On est ici dans un cas d’interrogation prospective : sorti de l’urgence des besoins (circulation) et des objectifs de rentabilités privées et immédiates (haut standing), les promesses de réalisation au service d’un large public seront-elles tenues ou bien sacrifiées au profit d’autres intérêts?

 

 

C) Dakar-Koweit city : similitudes et critères de différenciation

 

Le lien entre donateur et bénéficiaire dans cette opération d’aménagement nous invite à élargir nos horizons et nous demander s’il y a des éléments de comparaison entre la ville aménagée-Dakar-
et la principale ville du pays donateur-Koweit city. Dans quelle mesure Koweit city aurait-elle servi de modèle d’aménagement ? On ne perdra pas de vue toutefois que la ville du Golfe persique ne représente pas en elle-même un modèle originale ni originel. Tout comme pour la ville  de Dubaï, la conception urbaine relève d’une inspiration ou d’un surdimensionnement des standards internationaux de la modernité et du luxe.

 

1) Des similitudes

 

a) La configuration urbaine : « un air de famille ».

Indépendamment de l’aménagement du littoral, une première exploration sur Google Earth nous amène à constater des ressemblances en termes de structures urbaines, comme nous le montre l’image
ci-dessous. (précisons que les échelles sont légèrement différentes et que l’image de Dakar a une orientation Sud Nord, à l’inverse de KC)

comparaison-Dakar-KC.jpg

L’expression « long littoral » s’oppose à la partie symétrique barrée par le port. Les pôles « centre » et « aéroport » posent  le principe d’une liaison majeure et d’une fonction de « vitrine » que
peut jouer le littoral. Dans cette optique, on notera que le littoral s’impose davantage comme « itinéraire recommandé » à Dakar qu’à KC (emplacement, infrastructures)

 

b) Le paysage : une étrange ressemblance

 

Dakar littoral et centre,  2010

corniche espace en réserve et centre b

Koweit city, littoral et centre, 2010 (photo prise sur Panoramio, voir lien)

koweit-c-perspective.jpg

Une route longeant le littoral, un centre en arrière-plan, (il faut tenir compte d’un effet d’échelle pour l’image de Dakar) , un panorama ouvert sur la mer forment les éléments communs aux deux photographies. Les plantations et la belle plage au 1er plan de KC pourraient laisser penser que la portion d’espace dakaroise correspondante est en attente d’aménagement. On a bien ici une impression de similitude et de modèle à copier.

 

c) Activités : le « Seaplaza«  (Dakar), un « Soukshark »  (KC) en modèle réduit.

 

sea plazza entrée

 

C’est le dernier né de la Corniche : ouvert au début de l’été 2010, le « Seaplaza » est un complexe commercial de standing qui s’inspire des normes de modernité internationale. Le concept bien connu de boutiques de marques associées à un supermarché avait déjà vu le jour en 2008 dans le quartier des Almadies (« Dakar city« ) mais le Seaplaza dépasse sa concurrente en affichant des ambitions bien plus élevées en termes de surface, d’enseignes et d’activités. Ici seront proposés des espaces de loisirs uniques à Dakar : un bowling et 3 salles de cinéma. (NB : hormis les centres culturels, il n’existe plus de salles de cinéma à Dakar, les rares salles existantes ont du fermer il y a plusieurs années).

pub seaplaza

 

Comme son nom l’indique, la marque de fabrique du complexe commercial est étroitement associée à son emplacement littoral.

 

– La structure vitrée et metallique offre  un horizon sur l’océan.

sea plazza vue sur mer

 

– On notera par ailleurs que le site de micro falaise a permis une structure en contre-bas à l’instar des édifices avoisinants (place du souvenir, hôte Radisson) ; elle assure une
horizontalité du paysage et n’obstrue pas la vue sur la mer.place du souvenir, centre commercial, horizon, horizontalit

 

Sur le site web du complexe, à la page « Concept « Environnement », on trouve des arguments de vente que l’on peut soumettre à une analyse géographique (cliquer sur l’image ci-dessous pour l’agrandir)

sea-plaza-page-web.jpg

 

Par l’image de localisation et le texte, ces arguments mettent en valeur

– le site (« merveilleusement situé en bordure de mer », « écrin naturel »),

– les commodités d’accès (la mention de l’aéroport cible la clientèle étrangère ; concernant le centre ville, on notera une erreur – hasardeuse?- de localisation ; il se situe à quelques km plus au sud)

– le voisinage : l’hôtel de luxe Radisson est localisé et mentionné. Les deux voisins – complexe commercial et hôtel 5 étoiles- s’offrent l’un à l’autre comme facteur d’attraction.

 

L’image, le site, les services proposés constituent ensemble le concept du chic au sein de l’espace dakarois. La clientèle fortunée, locale et internationale, n’est pas
la seule concernée ; la production de ce type d’espace en 2010 reflète une évolution sociale récente et très marquée au Sénégal : l’émergence d’une classe moyenne aisée au fort pouvoir d’achat.

 

Les conditions étaient donc propices au mimétisme de la grande soeur koweitienne. Car avoir un « beau littoral » comme à Koweit City, c’est aussi avoir son Soukshark , immmense complexe commercial luxueux en bordure de mer (voir exemples de photos géolocalisation sur une page panoramio). On précisera que le complexe dakarois relève de l’initiative d’un homme d’affaires sénégalais (voir lien) et ne doit rien à des fonds kowetiens. Mais dans le cadre plus général de l’aménagement  littoral, on ne peut que souligner certaines cohérences entre le bailleur de fonds principal (le Koweit) et un modèle urbain de référence (K City)


 

2) Derrière les apparences, des mondes encore bien différents.

Les similitudes d’un espace à l’autre s’exposent toutefois à des limites qui relativisent la comparaison

 

a) Sur le plan social,

si l’on rattache le littoral à l’ensemble de la ville, on admettra que la vitrine dakaroise fait beaucoup plus office de trompe l’oeil que son acolyte koweitienne. A titre d’exemple, la partie sud de la corniche  s’adosse au secteur de « Medina » que l’artiste Youssou N’dour a érigé en symbole de quartier populaire.

 

b) Sur le plan sociétal,

Dakar doit tenir compte de très fortes composantes traditionnelles qui occupent durablement l’espace : « Soumbédioune », zone de pêche artisanale, marché populaire, campe en plein milieu de la corniche  ; marabouts et étales artisanaux informels s’inscrivent dans le paysage sur fond d’océan. (voir liens : a, b)

Par ailleurs, dans l’esprit des Dakarois, le mot Corniche résonne avant tout comme synonyme de terrain de sport, celui qu’ils se sont appropriés sans aménagement préalable. Le visiteur est frappé par ce spectacle quotidien de fin de journée, des concentrations impressionnantes d’hommes et de femmes pratiquant le jogging et la culture physique.

Voilà une spécificité locale qui montre que l’usage d’un littoral ne se limite pas à la volonté des aménageurs, au mimétisme d’un modèle, il dépend aussi fortement de la manière dont les sociétés elles-mêmes s’approprient l’espace.

Extrait d’un article du site Seneweb sur les travaux de la corniche : « l’Agence nationale de l’Oci a initié une démarche innovante qui a consisté à aller à la rencontre des pêcheurs de Soumbédioune, des menuisiers, de nos amis du parcours sportif« 

 

 

 

Au final, peut-on affirmer que la corniche de Dakar fait de la ville sénégalaise la fille de Koweit city?

On dirait avec plus de justesse qu’il s’agit d’un processus de mondialisation de production d’espaces passant par le canal koweitien, tant en termes d’investissements que de modèle d’aménagement.

Dans d’autres métropoles d’Afrique, l’immobilier de luxe sur le littoral se développe en référence au modèle américain. (voir lien)

 

Affirmant son ambition d’être un symbole de « Renaissance africaine« , Dakar expose
avec fiereté son nouveau littoral. « Elle a tout d’une grande » dirait le slogan publicitaire. Mais exposer une vitrine, c’est aussi susciter des interrogations sur l’arrière boutique. ou
l’envers du décors. En ce sens, Dakar et Koweit City restent des cousins très éloignés!

 

 

Post scriptum  : l’aménagement littoral au regard des critères de développement durable.

 

Les 3 domaines du développement durable nous conduisent aux réflexion suivantes

 

Le développement économique procède ici de la volonté de renforcer l’internationalisation de la capitale sénégalaise par la promotion du tourisme d’affaires et l’accueil des congrès internationaux. La promotion de l’hôtellerie de luxe s’inscrit dans ce projet. Il s’agit de donner davantage d’atouts à Dakar au sein d’une concurrence entre grandes métropoles ouest africaines. Des polémiques nées de supiscions de détournements de fonds (voir lien) ou tentatives de blanchiment d’argent (voir lien) nous incitent à la prudence et nous gardent d’un optimisme exagéré sur les mécanismes et perspectives de développement.

 

Le paramètre environnemental mérite une analyse nuancée. En matière d’aménagement paysager, les nombreux espaces laissés en friche nous laissent dans l’expectative. Certains projets évoquent un bétonnage inquiétant de la côte (voir lien) mais d’autres réalisations offrent une horizontalité panoramique qui n’obstrue guère le paysage (voir lien)

Le critère social est sans doutes le plus complexe. A qui profite les retombées de l’aménagement de la corniche?

La prédominance du luxe (hôtels, résidences) n’échappe pas au regard du visiteur. La fonction de vitrine prend ici tout son sens : comme pour une bijouterie de la place Vendôme, on regarde, on
rêve, mais on n’entre ni n’achète. La corniche s’affirme ainsi comme un espace social éminament sélectif.

On aurait tort toutefois de percevoir ce lieu comme exclusif et fermé. Les populations dakaroises continuent de se l’approprier de façon informelle, par la pratique massive du sport d’une part et par le maintien des activités et sociétés traditionnelles (Soumbédioune, pêche, artisanat) d’autre part.

Sur cette portion de littoral s’entrecroisent  volontés politiques d’aménagement et  appropriation des espaces par les habitants.

 

 

 

Le littoral d’un quartier traditionnel dakarois (Yoff) : le développement durable en question.

yoff pecheur presNB : cliquer sur les photos pour les agrandir


Contexte géographique

yoff peche localisation

Un littoral traditionnel : l’emprise de la zone de pêche artisanale
 
zone de pêche artisanaleLe trait jaune ci-dessus
correspond à la zone d’implantation actuelle des pirogues des pêcheurs. (environ 1 km de long)

peche et habitat précaireCette zone est la projection littorale du village
traditionnel
(voir article
évoquant  l’héritage des villages lébous dans la péninsule dakaroise)
. Le front de mer est ainsi constitué d’un habitat modeste et précaire comme le montre la photo ci-dessus.

Cette vue longitudinale montre assez bien l’intégration de cette portion de littoral dans le tissu urbain dakarois.
yoff peche et front urbain


Transport

Le mode de transport est aussi traditionnel mais particulièrement adapté aux configurations géographiques du lieu : en l’absence de route littorale, le transport des produits de la
pêche s’opère commodément par les charrettes et chevaux.
yoff plage transport poissons par charrette

Société

yoff peche enfants villageoisLes activités liées à la pêche contribuent
fortement au maintien du lien social et des traditions : pour sortir et rentrer les pirogues, tirer les filets, trier-distribuer-vendre les poissons, les villageois s’assemblent fréquemment
et mènent une existence quotidienne solidaire.
Dakar Yoff-littoral 0378

Economie
fabrique de glace

L’édification récente d’une fabrique de glace relève d’investissements extérieurs au village, en partie étrangers (société sénégalo grecque).
100 2809
Elle ouvre les produits de la pêche à un marché plus large mais profite davantage au mareyeurs qu’au pêcheurs eux-mêmes.
Il y a donc une introduction de modernité au sein de ce monde traditionnel mais elle n’a pas toutes les répercussions attendues en terme de progrès et développement local.


Environnement : la délicate gestion des déchets

a) Les déchets organiques et  l’élevage traditionnel yoff dépot d'orduresLa jeune fille déverse  un seau de détritus en bordure de mer ; il s’agit d’abord de nourrir les troupeaux de moutons, très présents sur cette
portion de littoral, avec des déchets organiques (pelures de légumes, restes de poissons, etc…).
yoff moutons orduresL’image ci-dessus (cliquer pour agrandir la photo) montre que
le tri selectif est en fait rarement opéré : aux déchets organiques se mêlent des détritus de toute sorte, en plastique en particulier. Ils restent sur les plages ou sont emportés par la mer et
contribuent sensiblement à la pollution du littoral dakarois.

Des campagnes de sensibilisation sont menées dans le village : on incite les femmes à déverser les eaux usées dans le réseau prévu à cet effet et à faire le tri des déchets. Mais le poids des
habitudes et l’absence de surveillance semblent prendre le dessus.
ne pas verser
La municipalité de Yoff embauche des ramasseurs…
yoff ramasseur…mais les moyens engagés restent disproportionnés : l’arrière-plan
visible sur la photo ne doit pas faire illusion. La réalité quotidienne correspond  davantage à la photo ci-dessous.
yoff moutons ordures et peche

b) Le déversement des déchets urbains.

yoff rivière d'orduresLe paysage est évocateur : il est bien ici question d’une
embouchure d’ordures qui éventre le littoral.

Les images Google earth correspondantes sont significatives.

Elles montrent d’une part que la situation a  empiré en l’espace de quelques années sous la pression de la croissance urbaine.
2002
estuaire déchets 2002
2009

estuaire déchets 2009

Par ailleurs, la comparaison entre l’image actuelle (2009) et la plus ancienne (1942) est édifiante : elle nous fait observer que la zone de déversement de déchets se situe en marge de l’espace
villageois traditionnel
. (N.B : l’outil dessin de Google eath permet une correpondance entre deux images de  période différente ; on a donc délimité la zone de déchets sur l’image 2009 et
la zone villageoise sur l’image 1942).
village et déchets 2009
le village en 42

On est donc en présence de deux logiques spatiales perpendiculaires et contradictoires :
celle d’un littoral dunaire que l’on voudrait continu, entravé par un déversement d’ordures
et celle d’un quartier traditionnel qui cherche à mettre « de côté » ses déchets.
Modernité et tradition se heurtent ici en un même espace.

Bilan : les difficultés d’un développement durable

« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (rapport Bruntland,
1987)
Le cas étudié répond-il aux différents critères du développement durable? (écologiquement viable, économiquement rentable, socialement équitable)

– L’activité économique de la pêche artisanale a permis le maintien d’une structure sociale traditionnelle. En ce sens, on assiste bien à un processus de transmission générationnelle d’un
modèle de production, échanges et relations sociales qui ne s’est pas dissout dans la modernité urbaine.

Toutefois,

sur le plan écologique, la pression urbaine associée au manque d’équipements et à une gestion déficiente des déchets a conduit à une forte dégradation environnementale.

–  l’activité de la pêche artisanale reste faiblement rentable et de surcroit s’avère socialement peu équitable. Le produit de la pêche profite en effet davantage aux
distributeurs qu’aux pêcheurs eux-mêmes. On rappellera à ce titre que la fabrique de glace pour la conservation et le transport des poissons construite au sein du village sert des intérêts externes
(société greco sénégalaise)

– enfin, les interférences entre l’échelle locale et l’échelle mondiale suscitent de sérieuses inquiétudes : 
->  la montée du niveau de la mer due au réchauffement climatique est une menace directe sur l’activité de la pêche artisanale (pirogues stationnées sur une très étroite bande
littorale)
-> les gros chalutiers étrangers (asiatiques en particulier) sont souvent accusés de réduire durablement les réserves halieutiques au large des côtes sénégalaises (utilisation de
filets à petites mailles ne répondant pas aux normes internationales).
-> cet appauvrissement est une des causes d’un renforcement des fuites migratoires clandestines : les plus grandes des belles pirogues colorées sont de celles que l’on retrouve parfois
entre le Sénégal et les îles Canaries avec les drames humains que l’on connaît.

Plus d’informations sur la pêche au Sénégal : voir le site de l’IRD du Sénégal

Au « Virage », ça dérape

virage perpective

 

Attractif de par sa position littorale, le quartier dakarois du « Virage » est en proie à une urbanisation frénétique et anarchique. (localisation, images Google Earth sur la
progression de l’urbanisation : voir lien)

En dépit de la « loi Littoral » équivalente à celle de la France, les constructions spéculatives s’opérent en toute illégalité à la vue de tous.

L’horizon de la mer tend à s’effacer et la plage elle-même, sans avoir complétement disparu, est sérieusement menacée par les chantiers et le bétonnage incontrôlé de la côte.

 

Illustration en quelques clichés pris entre février et avril 2010

 

Obstruction panoramique : l’horizon du littoral victime du bétonnage.

obstruction en cours

 

Ci-dessous : l’impression d’une plage que l’on enfouit sous les gravats. (février puis fin avril)

plage et chantier

 

virage entrée plage

Vu de la plage :  un bétonnage apparent et oppressant

vue de la plage

 

Au delà du seul rivage, on assiste à une sauvage « course à la mer » (proximité, panorama) qui multiplie et élève les édifices.

constructions obstruction

Voir (et entendre!) la perspective panoramique en vidéo.

 

 

Voir comparaison en février 2011

Documents extraits de la manifestation à la plage du Virage en juin 2010

halte au massacre du littoral
littoral pour tous
Interviews
Propos du président d’une association pour la défense du littoral

« Il faut que le domaine public maritime qui est commun à tous les Sénégalais reste aux citoyens sénégalais et aux citoyens du monde. Il faut que les visiteurs qui viennent au Sénégal
puissent voir la mer, nous ne voulons pas de béton sur le littoral. »

« Dans les pays du Nord, les constructions pareilles, on les démolit ; il faut mettre des pergolas et pas du béton. Nous voulons qu’on détruise ces constructions . »
Documents audio
– Protestation du gérant d’une paillotte qui estime avoir été spolié par le promoteur immobilier voisin avec la complicité des pouvoirs publics.

Ce document est à prendre avec les réserves nécessaires et n’a pas la prétention d’établir la vérité sur ce contentieux. Il est destiné à montrer que la gestion de
l’espace en de pareilles circonstances est sujette à polémique et met en cause des problèmes de gouvernance.

« Je ne veux pas quitter cet endroit, c’est le Domaine Public Maritime. J’ai fait une demande en bonne et due forme. Lui (nb : le promoteur immobilier) , ce qu’il a comme titre foncier
c’est du faux. Les gens du cadastres font ce qu’ils veulent. Il faut que la corruption s’arrête ici au Sénégal. »
Doc audio

Le littoral dakarois, liens et documents

Présentation du littoral dakarois


En images, croquis et schémas. Télécharger le doc en
Pdf

La ville et ses îles. Télécharger le doc en Pdf
Documentation :
Tensions autorités/populations au sujet d’une île protégée : voir lien
Une île classée patrimoine : voir site de
l’Unesco
Capacités et méthodes : – passer de l’observation au croquis – réaliser des croquis et schémas cartographiques ; utiliser les ressources en ligne.


1) La dégradation du littoral par la pollution domestique et industrielle

 – Le cas de Yoff : croquis et images. Télécharger en Pdf
– Le cas de la baie de Hann : croquis et images   Télécharger en Pdf
Lire une image :
a) Contexte culturel, pratiques polluantes et sensibilisation environnementale. Télécharger en ppt
b) Etude d’une peinture murale : le réel et l’idéal. La perception d’un paysage patrimoine menacé.Télécharger en pptx
Texte et organigramme :
Tensions autour d’un projet de traitement des eaux usées. (télécharger en ppt)
Capacités et méthodes :– Etude critique de documents de types différents (textes, images) – prélever, hiérarchiser des informations – cerner le sens général d’un
document, le mettre en relation avec la situation géographique étudiée.

2) La dégradation paysagère du littoral : le bétonnage de la côte

Lois, protestations, contentieux : les problèmes de gouvernance.
Paysages, affiches et interviews.
– Voir article
sur le blog villesdafrique
: images et interviews audio réalisées à l’occasion d’une manifestion contre le « massacre » du littoral (juin 2010)
– Page documents (affiches et extraits d’interview) : télécharger en pdf
Capacités et méthodes : – Etude critique de documents de types différents (textes, images, …)

3) Les usages concurrentiels d’un littoral saturé
(« La concurrence pour l’espace »).

– Images, schéma géographique, schéma systémique sur le DD. Télécharger en
pdf.
– Diapo animées des schémas. Télécharger en
ppt. 
Capacités et méthodes : réaliser des schémas cartographiques, et des schémas fléchés


4) Une portion de littoral aménagé : quel modèle d’aménagement?

Documents et commentaires sur le site HG de l’Académie de Créteil : voir lien
Etude d’une séquence vidéo sur le lancement des travaux de la corniche. Comparaison Dakar/Koweit city. Croquis.
Capacités et méthodes
– analyse critique d’un document -confronter des situations géographiques, approches synchroniques – passer de l’observation au croquis.

Approfondir le sujet : voir lien (site HG Créteil)

– Tous les croquis et schémas animés : télécharger en
pptx.

– Fonds de croquis et schémas à imprimer : télécharger en ppt

La dégradation du littoral par la pollution domestique et industrielle

– Pollution domestique : le cas de Yoff (croquis et images). Télécharger en Pdf

– Pollution industrielle : le cas de la baie de Hann (croquis et images)   Télécharger en Pdf

Lire une image :

a) Contexte culturel, pratiques polluantes et sensibilisation environnementale. Télécharger en ppt

b) Etude d’une peinture murale : le réel et l’idéal. La perception d’un paysage patrimoine menacé.Télécharger en pptx

Texte et organigramme :

Cambérène : tensions autour d’un projet de traitement des eaux usées. (télécharger en ppt)

Capacités et méthodes :– Etude critique de documents de types différents (textes, images) – prélever, hiérarchiser des informations – cerner le sens général
d’un document, le mettre en relation avec la situation géographique étudiée.

A propos du littoral dakarois : le regard d’un spécialiste, universitaire dakarois

Remerciements à M. L Mbow, professeur d’université, auteur d’une thèse sur Dakar, qui a bien voulu expertiser l‘étude de cas sur le littoral dakarois et ajouter les remarques qui suivent.

 

Il me paraît utile de donner des limites au littoral. D’après les schémas joints, il s’agit apparemment des côtes du département de Dakar, territoire qui alterne tracés rectilignes au nord et au sud, et, sinuosités sur la façade ouest qui s’expliquent par le substrat lithologique .

Les nombreux cas de dégradation du milieu naturel en font un espace fragile, dont les écosystèmes subissent l’agression multiforme du facteur anthropique.

Le développement proliférant des activités sur ce domaine, très convoité en raison de ses potentialités économiques et des avantages liés à son micro-climat, risque de lui faire perdre non seulement ses qualités esthétiques, mais également son identité qui est très marquée par la culture lébou (île de la Madeleine = demeure de Deuk Daour MBaye le génie tutélaire de Dakar ; île de Yoff = demeure de Mame Ndiaré le génie protecteur de Yoff, îles ayant en commun d’être inhabitées) et l’islam (présence du cimetière musulman de Gueule Tapée ; mosquée de la Divinité de la plage de Ouakam ; espace de pèlerinage de la confrérie des Layène aux Almadies).

Le développement désordonné des nouvelles formes d’occupation liées à l’extension de l’habitat et des emprises touristiques fait naître un sentiment diffus de dépossession d’un patrimoine commun aussi bien chez les autochtones des villages traditionnels qu’auprès des habitants des quartiers de création récente.

Les manifestations citoyennes de ces populations pour exprimer leur mécontentement contre le laisser-faire des pouvoirs publics soulignent assez le niveau de conscience atteint localement sur les problèmes liés à la protection de l’environnement et au développement durable.

 

Le chapitre sur les usages concurrentiels du littoral devrait s’ensuivre. L’habitat exerce une pression qui est plus particulièrement sensible dans deux secteurs cartographiables : a / le littoral de Ngor à Fenêtre Mermoz ; b / autour de la baie de Hann. Il induit un bétonnage qui se perçoit mieux à partir d’un point de vue en mer. On peut annexer à l’habitat les loisirs (plages : celles soumises à une interdiction / plages autorisées à la baignade……>  problèmes de la privatisation par les hôtels et les résidences de luxe qui restreignent l’accès au plus grand nombre / parcs d’attraction : Magic Land… > même conséquence) et à la culture (lieux cultuels et cérémoniels : cimetière, îles voisines, lieux de prières). Les activités économiques y sont principalement représentées par le secteur primaire (pêche et transformation artisanale du poisson …..> problème de l’aménagement des quais de pêche) et le secteur tertiaire (tourisme et concentration hôtelière sur le littoral). Les infrastructures sont apparues comme un facteur perturbateur de l’environnement avec les « grands travaux de l’Etat » ouverts à l’occasion du Sommet de l’OCI et du FESMAN III.

 

Dans le chapitre sur les impacts, l’accent doit être porté sur les impacts les plus prégnants : les menaces sur la stabilité de la presqu’île (exploitation des carrières de basalte arrêtée dans les 1970’s par décision du Président Senghor ; mais poursuite de l’exploitation clandestine de sablières)….> érosion littorale perceptible à travers le recul du trait de côte sur le littoral nord sablonneux, sur la corniche ouest par éboulement de blocs de roches volcaniques et de marnes, notamment derrière le monument de la Porte du Millénaire et derrière le Palais de la Présidence de la République. Il s’y ajoute le recul de la biodiversité autant sur la terre ferme qu’en mer. Un signe révélateur de ce phénomène est l’augmentation du rayon des sorties quotidiennes de la pêche artisanale pour atteindre les zones de capture en mer. Dans le même ordre d’idée, doit être évoquée la défiguration des paysages littoraux par le bétonnage sur la bande littorale formant le domaine public maritime : ancien immeuble du Musée dynamique devenu Cour constitutionnel, le parc d’attraction Magic Land, l’adjonction au restaurant Terrou Bi d’un complexe hôtelier, le bloc formé par la Place du Souvenir – Seaplaza – Radusson Hotel, la muraille de béton de Fenêtre Mermoz…En évoquant les pollutions, il faudra faire observer que la plupart des canaux collectant les eaux usées utilisent la mer comme déversoir. Une partie des déchets liquides ne subit aucun traitement (la station d’épuration de la plage de l’Université fait exception…et encore ses odeurs !). A l’origine, ces collecteurs devaient évacuer restrictivement des eaux de pluie ; mais par le développement de l’habitat dans la ville, leur fonction première a été détournée.

 

Un dernier chapitre peut être consacré aux perspectives d’aménagement. L’interrogation est justifiée à un double titre. En a-t-on la volonté au niveau des pouvoirs publics ? Dans l’affirmative, en quoi cet aménagement pourrait-il consister ?

 

En tout cas la question mérite d’être posée en raison de la multiplicité des enjeux en cause :

 

–          enjeux fonciers : on observe des confiscations de surfaces de plus en plus importantes par l’Etat dans le cadre de la réalisation de ses « grands travaux » d’infrastructure, et, par des privés soit pour l’édification de logements « les pieds dans l’eau » soit pour l’exploitation indue ou autorisée d’une activité économique. Cette anarchie est favorisée par la dispersion des instruments de gestion du domaine maritime où interviennent concurremment le ministère chargé de l’urbanisme, celui chargé de l’environnement, celui chargé du tourisme, les services déconcentrés et les collectivités locales ;

–          enjeux environnementaux : la sanctuarisation des îles voisines (Gorée érigée en patrimoine culturel mondial et îles de la Madeleine en parc naturel) seule suffit-elle ? N’y a-t-il pas une urgence à limiter le déversement des polluants divers en mer ? De l’Etat et des collectivités, quel est l’acteur à qui il est plus logique d’imputer la responsabilité des opérations de réhabilitation de l’environnement à entreprendre ? La privatisation de certains secteurs littoraux ne constitue-t-elle pas une rupture d’équité quant l’accès de tous aux biens publics communs ? Comment doit être définie la capacité de charge des sites à vocation touristique ou autre ?

–          enjeux économiques : insister sur l’exemple de l’extension de l’espace portuaire pour positionner Dakar comme port d’éclatement de trafic maritime en Afrique de l’ouest.

 

Ce qui précède fait ressortir l’urgence de l’établissement d’une loi sur le domaine littoral unifiant les divers codes existants (code de l’urbanisme, code de l’environnement, loi sur le domaine public maritime…) pour mettre fin à l’imbroglio juridique actuel, ou, à tout le moins corriger les incompatibilités entre les projets d’aménagement et les dispositions juridiques en vigueur.

 

Enfin on peut poser la question de la redéfinition de la procédure de gestion du domaine littoral dans une perspective qui vise une plus grande responsabilisation des collectivités locales (communes d’arrondissement de Cambérène, Yoff, Ngor-Almadies, Ouakam-Mermoz, Médina, Fass-Gueule Tapée-Colobane, Plateau, Hann) ainsi que la concertation avec les organisations représentant la société civile.

« On affiche complet » : les usages concurrentiels d’un littoral saturé

littoral saturé yoff

Localisation  de l’espace étudié (voir rectangle rouge sur l’image ci-dessous, cliquer ci besoin pour agrandir)
littoral yoff
Il s’agit d’une portion de littoral d’environ 2 km de long au nord de la péninsule dakaroise. Elle se situe dans le quartier de Yoff à l’ouest d’une zone de pêche traditionnelle du même nom
(voir article).

1) La « course à la mer » : une pression urbaine mal contrôlée.

a) L’évolution sur la décennie 2000-10

On peut la percevoir à partir d’images satellitaires comparées (Googleearth)

Année 2000
front urbanisation dec 2000
Année 2009
front urbanisation 2009

On voit nettement qu’en 10 ans, la zone de construction s’est fortement densifiée et a avancé vers la mer.

L’image 2009 montre -outre l’apparition de campements touristiques (à gauche), une ligne de front de mer rectiligne que semblent franchir de nouvelles constructions.

b) L’évolution de ces derniers mois, inquiétude pour l’avenir.

Ci-dessous une vue du sol (novembre 2009) correspondant à ce qui vient d’être observé sur la vue aérienne.

avancée du front d urbanisation
Le franchissement de la ligne de front de mer par de nouvelles constructions s’opére de façon illégale, au regard d’une loi sur le littoral identique à celle qui existe en France
(interdiction de construire sur une bande de 100 mètres à compter du rivage.)

Des vues plus récentes (février 2010) font apparaître une différence entre des édifices en voie d’achèvement et d’autres qui restent à l’état embryonnaire (cliquer sur les images pour agrandir)
constr illégale en voie d'achevement
campement tourisitique et construction
Un examen attentif de la dernière image permet d’observer les tiges métalliques tordues et des débrits de parpaings. Il s’agirait d’interventions de forces publiques pour empêcher les constructions et ainsi faire respecter la loi. D’autres évoquent une action des habitants du quartier eux-mêmes.

Cette différence entre ce qu’on laisse et empêche de construire met en cause selon certains la la complicité des pouvoirs publics.
Ici ce qui compte n’est pas tant de savoir ce que l’on peut faire mais de savoir ce qu’on laisse faire!

c) Croquis-bilan (à partir de l’image GE 2009)

Cliquer sur l’image pour télécharger le fichier Powerpoint

littoral front d'urbanisation

2) Un espace public récréatif menacé

a) La plage de Yoff, terrain de jeu des Dakarois

Dans un contexte de rareté d’espaces publics et de saturation de l’espace au sein de l’agglomération , la plage de  de Yoff est un élément essentiel à la vie quotidienne de milliers de Dakarois.
plage de yoff bcao septembre
Le loisir balnéaire est  limité à une période saisonnière  (juin-octobre). De novembre à mai, la température de l’eau se fraîchit sous l’effet de courants marins et dissuade des
baigneurs habitués à de températures maritimes tropicales.

yoff plage foot

Ce sont en réalité les activités sportives qui prédominent sur cet espace à longueur d’année. Les week end et jours de semaine à partir de 17h00, le littoral de Yoff forme sur des kilomètres et sans discontinuité une enfilade de terrains de foot improvisés.
L’espace est alors monopolisé au point de rendre impossible toute autre activité récréative.

b) Un espace récréatif  mal partagé.

Certes, des campements touristiques se sont développés pour offrir un usage sédentaire des lieux.
yoff-campement

Le calme (relatif), l’ombre  et la propreté sont garantis mais ces avantages ont un prix : 1500 francs cfa le parasol (un peu plus de 2 euros) c’est peu pour la bourse d’un Européen, c’est un luxe pour un Sénégalais de quartier populaire pour qui un repas coûte déjà 500 francs.
Ces campements ont une apparence- on les dit touristiques-  mais aussi une réalité : ils restent désespérément vides à l’exception de la période estivale. Peu d’autochtones, encore moins de touristes étrangers, peu nombreux à Dakar.

c) Espace sacré, activités profanes : une cohabitation difficile

Face à la mer un sanctuaire musulman regroupe mosquée, mausolée et cimetière
plage de dunes depuis le mausoléeVoir localisation sur Google Map

Devant le mur du cimetière, un panneau annonce la couleur
sport interdit

L’activité sportive, bruyante, profane est jugée inconvenante devant un lieu estampillé sacré.


A quelques mètres de là, un autre appel au calme évoque la notion de respect.
respectons
L’existence même de ce type d’affichage montre que la cohabitation entre tradition et modernité sur un tel littoral n’est pas sans tensions.

d) Attention, la mer monte, l’espace se raréfie!

foot lieu saint et mer haute
La photo ci-dessus a été prise en février 2010. En cette période de l’année, la mer est beaucoup plus haute qu’en phase estivale (N.B : ici la marée n’a qu’une faible amplitude). Plusieurs font remarquer qu’elle gagne du terrain d’année en année. (Voir constats et hypothèses sur l’article « Le match de foot n’aura pas lieu… »)
On observe d’une part que le terrain de foot improvisé est des plus étriqués, sensiblement incliné et offrant des marges aquatiques aux ailiers de débordement les plus valeureux.
On note d’autre part que la nécessité impose ici sa loi : les jeunes Sénégalais ont fini par faire fi de l’interdiction religieuse. Mausolée et cimetière ou pas, on joue au foot, faute de place!

e) « Attention je passe » : la plage est aussi une route!
yoff charrette et foot
On n’oubliera pas que le littoral sablonneux constitue une liaison importante entre la zone de pêche de Yoff et d’autres quartiers de Dakar (voir article). Le va et vient quotidien
et quasi permanent des charrettiers sur la grève s’ajoute donc au phénomène de saturation. Tenter un débordement sur l’aile, c’est d’abord vérifier que la voie est libre!

f) Attention, obstacle à franchir : le déversement des eaux usées.
deversement des eaux usées
C’est le parcours d’obstacles des joggeurs de la plage : tous les 500 mètres environ, il faut un grand bon pour pouvoir enjamber les rivières d’eaux usées qui se
déversent à ciel ouvert sur le littoral.(voir image satellitaire et croquis en haut de l’article). Si les adultes semblent avoir conscience du danger sanitaire que cela représente, ce n’est pas toujours le cas d’enfants que l’on voit jouer avec des eaux épaisses et sombres.

3) Des schémas en guise de bilan

a) L’interprétation géographique
Cliquer sur l’image pour télécharger le fichier Powerpoint
littoral saturé, schéma

b) Le développement durable en question (en collaboration avec D Champigny, IPR ac Créteil)

Cliquer sur l’image pour télécharger le fichier Powerpoint

schéma dd yoff

La ville et ses îles : la fonction insulaire liée à l’agglomération dakaroise

Utiliser le curseur au bas de l’image pour faire défiler l’animation

 

 

 

Le croquis

 

Utiliser le curseur au bas de l’image pour faire défiler l’animation

Une étude de cas à l’examen des critères de développement durable.

 

Economiquement rentable?

Gorée et Ngor :  activités touristiques et récréatives, fréquentation massive, rôle majeur dans l’économie et les fonctions urbaines.

 

Socialement équitable : des espaces pour tous?

– Des espaces partagés, massivement fréquentés dans un contexte de littoral urbain saturé et où les espaces publics se font rares

-mais en bonne partie investis par l’habitat individuel de luxe (cf Ngor)

Un environnement préservé?

Deux cas de figure :

– Gorée : protection du patrimoine architectural (classement UNESCO) et gestion environnementale (norme ISO)

– Madeleine : protection de la nature (biodiversité). Difficultés à faire respecter l’interdiction de pêche.