le vote des femmes

Histoire des femmes, les maltraitées du collège

Les manuels d’Histoire gagneraient à s’intéresser davantage aux femmes. Une moitié de l’humanité peut légitimement s’estimer lésée.

Comment revisiter les programmes pour accroître la place des femmes en tenant compte des avancées de la recherche ? Comme le rappelle l’historienne et féministe Michelle Perrot : « Ce qui est intéressant, ce n’est pas l’Histoire des femmes toutes seules, c’est celle des rapports entre les hommes et les femmes aux différentes époques »[1].

Un zeste de femmes dans les programmes d’Histoire

Malgré les efforts des dernières années, les femmes restent peu présentes dans les programmes d’Histoire : quelques figures comme Simone Veil ou Marie Curie ; leur rôle à l’arrière durant la Première Guerre mondiale ; une exclusion politique (depuis la citoyenneté antique) ; l’acquisition du droit de vote (1944) ; leur émancipation multiforme des années 1960 et 1970.

Les derniers programmes vont plus loin. Ainsi, l’intitulé du thème de 3ème  « Françaises et Français dans une République repensée » encourage les enseignant à « mettre l’accent sur une histoire mixte de la société[2] ». De même, un sous-thème – facultatif – concerne la « place des femmes dans la société ».

Le bilan reste donc mitigé, et les apports de l’historiographie tardent à se répercuter sur l’enseignement. Le thème des luttes des femmes reste souvent confiné à des travaux sur dossier ou des études de documents.

Quelles relectures de l’Histoire des femmes sont possibles ?

Deux angles d’attaque : leur rôle d’actrices de l’histoire et le rapport entre masculin et féminin dans la société française des XIXe et XXe siècles. Voici une série d’éléments pouvant être mis en avant.

La Révolution Française

Documents

  • En janvier 1789, une Pétition des femmes du tiers état au roi est publiée.
  • En septembre 1791, Olympe de Gouges publie une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Des femmes actives

  • La marche des femmes des 5 et 6 octobre 1789 contribue à ramener la famille royale à Paris.
  • Les salons de Madame Roland et de Sophie de Condorcet, lieux d’échanges d’idées politiques, sont parmi les plus fréquentés.

Pourtant, elles sont exclues des lieux de débats politiques en 1793 et deviennent « des citoyennes sans citoyenneté »[3].

Histoire des femmes

Le XIXe

  • Le Code civil entérine les inégalités : la femme doit obéissance au mari. En cas d’infidélité, elle peut aller en prison, alors que l’adultère masculin est sanctionné d’une simple amende.
  • Les femmes jouent un rôle essentiel dans les entreprises familiales et les fabriques artisanales.

Le XXe

  • Malgré le rôle qu’ont joué les femmes durant la guerre, on observe un retour à l’ordre établi après 1918 : interdiction de la publicité pour la contraception (1920), refus du Sénat d’accorder aux femmes le droit de vote (1922).
  • La place des femmes dans la Résistance « du quotidien », dans les réseaux, et même dans l’armée, est bien documentée désormais.
  • Comment analyser la violence symbolique et sexuée symbolisée par les femmes tondues ?
  • Après 1944, elles devront lutter pour obtenir davantage de droits sociaux et l’égalité civile.
  • Au contraire, l’aide apportée par le système de protection sociale français bénéficie aux femmes. Mais le recul actuel de « l’État-providence » fragilise les plus vulnérables (mères seules avec enfants, femmes immigrées).

[1]    La Croix, 8 mars 2018

[2]    Programmes officiels

[3]    Dominique Godineau

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