Fourier chez lui

Fourier chez lui

      La SSHNY vient de publier, dans l’opus 156 de son bulletin, le compte-rendu de ses travaux pour l’année 2018-2019, illustré en couverture la reproduction d’une étude, de 1842, du peintre Eloi Firmin Féron, travail préparatoire au tableau du musée des Beaux-arts de Strasbourg, représentant Les Funérailles du général Kléber au Caire, Oraison funèbre de Joseph Fourier.

      Cette couverture annonce le compte rendu de la conférence, donnée le 6 octobre 2018, par le Président de la SSHNY, Alain Cattagni, p. 120 à 135, titrée « Jean Baptiste Joseph Fourier dans l’expédition d’Égypte, 1798-1801 ».

Le cadre

Le 6 octobre 2018, c’est devant une assemblée attentive, réunie dans les locaux légués par le poète Marie Noël qu’est prononcée la conférence d’Alain Cattagni. La maison, chargée d’histoire, où l’architecture, le mobilier, l’atmosphère, chaque objet, évoquent des temps anciens, très loin, qu’on croyait disparus, oubliés, mais qui restent, ici, bien vivants, n’est pas sans évoquer les quelques réunions de la Société d’émulation d’Auxerre à laquelle Joseph Fourier, en 1790-1791 participa avant d’être aspiré par la tourmente et projeté sur le rives du Nil, en 1798. C’est en quelque sorte chez lui (même si stricto-sensu il n’a pas fréquenté cette maison) qu’un épisode de la vie de Joseph Fourier est évoqué.

Le sujet

Du point de vue militaire, la campagne d’Égypte (juillet 1798-septembre 1801) ne fut pas une réussite : un chef, Bonaparte, qui revient en France secrètement, abandonnant, dès le 22 août 1799, ses armées aux bons soins de Kléber. Kléber assassiné, le 14 juin 1800. Le général Menou, qui bon gré, mal gré, prend les rênes jusqu’à l’organisation du départ du gros des troupes survivantes fin août 1801.

De ce fiasco militaire, l’équipe des savants fit un triomphe scientifique, les quelques 160 savants et artistes rendirent compte au monde entier de l’émerveillement qui les avaient saisis devant ce qu’ils avaient découvert au milieu des sables.

Joseph Fourier y prit sa place, toute sa place. Son expertise en mathématique ne l’aidant pas sur le terrain, il s’occupa donc du lien et de la communication, assurant tout d’abord la sortie des 116 numéros du Courier de l’Égypte, puis en convainquant les savants d’oublier leurs droits individuels pour participer à un ouvrage commun (1799-1801), en rassemblant leurs contributions (1800-1821) en organisant la publication de ce qui fut la « Description de l’Egypte ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Egypte pendant l’expédition de l’armée française », publié entre 1809 et 1830, avec au final, l’Empereur étant mort en exil, l’approbation du Roi !

Fourier est à sa place, mais pas inactif. Le poste qu’il occupe, en Égypte, l’amène au contact des instances dirigeantes ; Monge d’abord, qui lui laisse carte blanche pour choisir les élèves de l’École polytechnique et participe à sa nomination comme secrétaire de l’Institut du Caire , Bonaparte, qui se souviendra de ses qualités en le nommant, en 1803, préfet de l’Isère, un département qui n’était pas gagné aux idées nouvelles. Kléber, dont la disparition crée un vide d’amical  compagnonnage, avec qui, entre autre, il mûrira l’idée de la Description de l’Égypte. Avec qui aussi, il contribuera à régler le quotidien autant qu’à penser la construction d’un monde idéal comme il le précise dans le discours funèbre qu’il prononce le 17 juin 1800 : « Il [Kléber] s’est appliqué à régler les finances, et vous connaissez les succès de ses soins. Il en a confié la gestion à des mains pures et désignées par l’estime publique. Il méditait une organisation générale qui embrassât toutes les parties du gouvernement ; la mort l’a interrompu brusquement au milieu de cet utile projet. ». Menou qu’il accompagna pour négocier avec les anglais les conditions de l’évacuation.

Fourier utilise son charme naturel lors des négociations auxquelles il participe sachant prendre « dans le sens de l’épi » tant Mourâd Bey et Sitty Nefiçah que les Anglais William Richard Hamilton ou Hutchinson et le commodore Sidney Smith. Ce dernier jugeait charmante la compagnie de Fourier qu’il revit ensuite, fort amicalement, à Paris.

L’esquisse préparatoire au tableau, représentant Fourier en train de prononcer l’éloge funèbre du général Kléber, et qui a été reproduit sur ce calendrier de l’année 1903 édité par une entreprise strasbourgeoise (mis en ligne par Gallica)

About cm1

R. Timon, né en 1944 a été instituteur, maître formateur, auteur de manuels pédagogiques avant d’écrire pour le Webpédagogique des articles traitant de mathématiques et destinés aux élèves de CM1, CM2 et sixième.

Category(s): activités associatives
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