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DÉ-CONTE – PERSÉPHONE

DÉ-CONTE

La révolte de Perséphone

650 MILLIONS !

650 millions, c’est le nombre d’entre noues qui ont été mariées de force avant d’avoir atteint nos dix-huit ans.

Et oui, même le statut d’enfant des dieux ne permet pas la sécurité et le respect.

On noues marie pour de l’argent ou pour des raisons politiques.

Sommes-noues donc de simples objets, que l’on prise et sur lesquels on enchérit ? Victimes de commissaires-priseurs de pacotille.

Le fléau de ces mariages ne devient que plus répugnant quand l’on sait qu’en réalité la plupart d’entre noues sont données à un membre de nos propres familles. C’est ce que fit mon oncle, le roi et dieu des Enfers. Parce qu’il en avait décidé ainsi, parce qu’il le voulait, il s’est octroyé  le droit de m’enlever, de faire de moi sa femme et de ma vie un enfer.

Et vous ne le savez que trop bien, Mesdames et Messieurs, lorsque ces rois infernaux veulent quelque-chose, ils le prennent et ce sans s’inquiéter de nos sentiments et de nos désirs.

Et malgré les enlèvements, les rapts, les mariages forcés, prendrait-on notre défense ?

NON, tant que l’on ne touche pas à leur confort, ces rois et ces dieux ne lèvent pas le petit doigt pour nous venir en aide, ni pour noues défendre ou pour CRIER à l’injustice.

Cependant, si notre malheur venait à entraver leur bien-être, ils se lèveraient bien vite pour venir y remédier. Mais cela encore en dépit de toute considération pour noues.

Mon père, mon propre PÈRE  n’a souhaité me porter secours que lorsque la vie des mortels, et donc la sienne en tant que roi des dieux, a été impactée. Il aura fallu attendre que ma mère se laisse dépérir de chagrin et laisse à l’abandon les cultures qu’elle protégeait pour qu’il daigne venir à mon secours.

Mais là encore, ils cherchent à minimiser les horreurs que nous vivons. Sous prétexte de quelques grains de grenades mangés, d’une jupe trop courte, ils explosent nos vies et ne solutionnent que ce qui leur est bénéfique. On nous trouve des compromis là où nous n’avons pu choisir nos fiancés. C’est ainsi que noues noues retrouvons à passer seulement six mois de l’année avec nos êtres chers, contre six mois en enfer, à devoir continuer à côtoyer notre ravisseur, notre agresseur, notre violeur ! Et tout cela pour quoi ? Pour que la terre reverdisse et refleurisse, pour leur propre petit confort.

Mais si les rois des Enfers ou les dieux de l’Olympe peuvent agir à leur guise, pourquoi en serait-il différent pour noues ?

Alors, MESDAMES, MESSIEURS, VOUS TOUTES ET TOUS, les victimes de l’ombre, les naufragées de l’enfer : réveillons noues, rebellons noues, révoltons noues ! L’heure est venue de dire NON. NON à la tyrannie des Enfers, NON à l’oppression des oncles et des pères.

Ce pouvoir qu’ils ont sur noues, noues pouvons le leur dérober ! Ne laissons pas nos sœurs, nos filles, nos nièces subir ce que noues avons subi.

Parlons, partageons, témoignons, ouvrons les consciences.

Faisons que ces CRIMES ne restent plus jamais impunis. Montrons leur l’atrocité de leurs actes.

Mais surtout, montrons leur que nous n’avons PLUS peur, que noues sommes fortes, que noues sommes solides et que noues ne laisserons plus JAMAIS faire.

Plutôt que devenir des symboles de l’oppression, de la mort ou de la violence de ces monstres d’un autre temps, faisons en sorte que l’on noues remémore comme des survivantes et des combattantes.

Levons noues, et marchons. Traversons les champs, les routes, les montagnes et les fleuves et faisons entendre notre parole. Munissons-noues de nos plus belles casseroles et faisons du bruit, plein de bruit, trop de bruit. Et comme tant de femmes l’ont fait avant noues et le feront après nous chantons et même CRIONS nos histoires et nos droits pour qu’ils ne soient plus jamais bafoués.

« Je crie pour compenser la vie de silence d’une femme.
Je crie au nom des blessures profondes sur mon corps.
Je crie pour un corps épuisé dans sa cage. Un corps qui s’est brisé sous les étiquettes de prix que vous mettez dessus. »

Sonita ALIZADEH dans Daughters for Sale


ANALYSE

J’ai choisi la figure de Perséphone pour réaliser ce projet, car elle est souvent connue dans l’imaginaire collectif comme la Reine des Enfers, plus clémente et patiente que son mari. Mais peu de gens connaissent la vérité qui se cache derrière cette union.

Elle ne devient en effet l’épouse d’Hadès qu’après que celui-ci l’ait enlevée et forcée à l’épouser. Elle est contrainte de vivre au royaume des Enfers six mois de l’année et ne peut voir sa famille que les six autres mois de l’année.

Son histoire reflète la douloureuse réalité de nombreuses femmes dans le monde, victimes des mariages forcés. C’est un acte encore très ancré dans beaucoup de cultures et qui contribue à la pérennité du sexisme normalisé dans ces régions du monde.

Dans le mythe du rapt de Perséphone par Hadès, celle-ci finit par se satisfaire de la vie qui lui a été imposée et compose avec. Il me paraissait donc intéressant de me pencher sur ce qu’il aurait pu arriver si elle s’était révoltée.

Pour marquer cette révolte féministe et faire un rappel du style de Typhaine B, je lui ai emprunté le mot « Noues » reflétant la volonté de montrer l’existence et l’importance des femmes. De plus, dans un souci d’égalité et de lutte contre le masculin pour neutre, j’ai employé les règles de majorité ou de proximité pour les accords des adjectifs et des participes passés.

L’ouverture du texte est un chiffre sur le nombre de femmes en vie, dans le monde, ayant subi un mariage forcé et vient d’une étude de l’UNICEF. Il me paraissait intéressant de commencer par ce point pour dérouler le propos féministe et expliquer toutes les injustices et inégalités qui en découlent. Je me suis inspirée du cas particulier de Perséphone pour généraliser ce sujet à plus grande échelle.

Enfin, il me tenait à cœur d’intégrer les hommes dans mon discours. En effet, même si ces derniers sont plus épargnés des mariages forcés, certains sont également victimes de violences sexuelles. Le combat féministe vise une égalité entre les sexes, il me paraissait donc important d’intégrer les hommes à cette révolte et de rappeler que les hommes dénoncés, ces rois des Enfers et Dieux de l’Olympe, ne sont en aucun cas une généralisation du genre masculin, mais bien des cas ciblés.

Pour le choix des illustrations, j’ai décidé de représenter deux moments marquant le début et la fin du discours de Perséphone. La première image la représente en train de prononcer un discours devant une assemblée, elle a été générée par l’IA de Canva. La seconde représente la fin du discours, Perséphone et ses auditeurs et auditrices se rebellent et manifestent contre les violences. Elle a été générée par AI Image Generator.

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