Déclaration de Robert Schuman: 9 mai 1950.

  Voici le corrigé du commentaire de document pour les TL 2. Le sujet vous invitait à fare appel à vos connaissances sur le chapitre 1  » l’Europe de 1945 à 1989″ ainsi que sur celui consacré au monde en 1945. Soyez précis dans vos réponses et dans vos analyses.

Correction du commentaire : discours de Robert Schuman. 9 mai 1950.

   1. Cette déclaration solennelle est prononcée, au nom du gouvernement français, par Robert Schuman, le 9 mai 1950, cinq ans presque jour pour jour après la capitulation nazie et dans un contexte international de guerre froide.Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères sous la IVe République, membre du MRP, est un personnage clé de la réconciliation franco-allemande. A ses côtés, Jean Monnet, haut commissaire au plan. Tous deux sont au coeur du projet européen et sont parmi les pères fondateurs de l’Europe. Dans une Europe dévastée par la guerre, une coopération économique est perçue comme le meilleur moyen de faciliter la reconstruction et d’apporter la prospérité. Si en 1949 le Conseil de l’Europe a vu le jour il n’est qu’un simple organisme de coopération, c’est pourquoi Robert Schuman et Jean Monnet pensent qu’il faut lancer un processus concret d’unité européenne, en s’appuyant sur le noyau franco-allemand. Tous deux savent qu’ils peuvent compter sur le soutien de personnalités issues de la démocratie chrétienne : l’Italien Alcide De Gasperi, le chancelier allemand Konrad Adenauer ainsi que du socialiste Paul Henri Spaak.

 2. Il s’agit de promouvoir l’indépendance économique de l’Europe, en amorçant un processus d’intégration et de rationalisation de la production dans les secteurs clefs à la base de la reconstruction économique. Mais Schuman et Monnet veulent aussi rendre impossible un nouveau conflit franco-allemand, les deux produits s’identifiant à la fabrication des armes. C’était de l’Europe qu’étaient parties les deux guerres mondiales, Schuman veut désormais que l’Europe soit à l’origine d’une paix durable, et pour cela il considère l’union comme le meilleur des remparts.Les arguments de Schuman ne sont pas seulement économiques, il pense à l’avenir de l’Europe endeuillée par deux guerres qui ont embrasé le monde. De plus la paix n’est pas assurée. En 1949 deux Allemagnes voient le jour, l’Europe est sous la menace de la guerre froide.

 3. De façon originale Schuman estime que l’économie, plus que la diplomatie, pourra unifier l’Europe. Il suggère un rapprochement sincère et durable à partir d’un «point limité mais décisif». La mise en commun de la production d’une matière première, le charbon, et d’un alliage, l’acier, essentiels pour l’économie de l’époque et symboles économiques des deux premières guerres mondiales. Pour Monnet et Schuman, une Europe du charbon et de l’acier apporterait la sécurité d’importation en charbon à la France et effacerait au plus vite l’amertume allemande née de la défaite.Le tout doit être placé sous la tutelle d’une autorité unique, la Haute Autorité commune, de nature supranationale, c’est-à-dire une instance supranationale indépendante des Etats, embryon de ce qui pourrait devenir une véritable « fédération » européenne. Schuman espère élargir cette union économique à d’autres productions et à d’autres Etats.

 4. L’offre de Schuman suscite l’enthousiasme en RFA, Belgique, Italie, Luxembourg et Pays Bas. Moins d’un an après le discours du 9 mai 1950 la CECA, la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier voit le jour le 18 avril 1951. Elle s’installe à Luxembourg et n’est pas très éloignée de ce que souhaitait Schuman. Une Haute Autorité, dont le premier président est Jean Monnet, indépendante des Etats prend les décisions économiques. L’otique fédéraliste semble l’emporter.Si 1954 voit l’échec de la CED, Communauté Européenne de Défense, le 25 mars 1957 lors du traité de Rome naissent la CEE, Communauté Economique Européenne CECA et la CEEA, Communauté Européenne de l’Energie Atomique comprenant les 6 Etats membres de la CECA. La CEE marque le début de la mise en place d’un marché commun par la suppression progressive des frontières et rappelle la place centrale de l’économie dans le projet européen.

 5. L’échec de la CED a marqué un coup d’arrêt aux ambitions des «pères fondateurs». Le projet de réarmement de l’Allemagne divise la classe politique en France. Le 30 août 1954, le texte est rejeté par le Parlement français sous la double pression des Gaullistes et des Communistes. Ainsi, avec l’échec de ce projet, les enjeux politiques de la construction européenne ne semblent pas réalisables. C’est alors la vocation économique qui va l’emporter et le rêve d’une fédération européenne s’efface derrière une réalité plus prosaïque celle d’une Europe des Etats.

 Voir Annales Bac 2009 Hachette.

 

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