« Oppenheimer » de Christopher Nolan

En 2023 sort Oppenheimer, film de Christopher Nolan salué par la critique mondiale qui fera près de 912 millions de dollars au box office ce qui en fait le biopic la plus rentable de l’histoire devant des films comme Dunkerque ou Bohemian Rhapsody.

Ce douzième long métrage de Christopher Nolan aura même son succès en France, réalisant 4,2 millions d’entrées et au delà de la France il devient le 3ème film le plus vu de l’année derrière Mario et Barbie en sachant que ce film a été classé dans la catégorie R-Rated (interdit au moins de 17 ans non accompagné d’un adulte) dans beaucoup de pays du globe comme les Etat-Unis. Ce film est juste avec ces chiffres un succès du cinéma, que ce soit en 2023 ou dans toute l’histoire du cinéma.

Pour vous remettre dans le contexte, ce film retrace la vie du scientifique Oppenheimer durant toute sa vie notamment le projet Manhattan et la période de la Seconde Guerre Mondiale, dans les années 1942 précisément où, suite aux rumeurs que l’Allemagne serait en train de travailler sur un projet nucléaire, les Etat-Unis se lancent dans une course à l’arme nucléaire, engageant celui que l’on appellerait « le père de la bombe atomique » pour mener le projet à bien.

Mais comment ce film a-t-il réussi à plaire à tant de personnes?

L’histoire en profondeur :

Le film raconte l’histoire de ce chercheur qui va révolutionner le monde tout en le détruisant et c’est ça qui est bien dans le film. Dans tout le film on nous présente beaucoup d’autres sujets que la bombe atomique par exemple au début du film on nous parle des universités européennes et des conséquences que ça a eu sur Oppenheimer que ce soit un bien ou un mal. Un autre sujet qui est beaucoup traité est le communisme qui a une grande place dans le film entre l’espionnage, les visions du communisme qui diffèrent selon les pays ou les répercussions dues au fait que l’on côtoie des communistes à l’époque ; cette époque sera vraiment marquée par cette paranoïa du communisme que ce soit juste dans la tête des gens ou que ce soit une réalité.

Une autre chose importante qui est mise en avant seront les pensées des gens. Les états d’âme d’Oppenheimer sont un sujet de discussion durant toute la seconde partie du film avec notamment la bombe H et les répercussions des deux autres premières bombes. Ensuite il y a un vrai combat entre les chercheurs qui sont pour ou contre l’utilisation de bombes atomiques. Cette question morale, présente du début à la fin, fait douter le spectateur sur le fait que le personnage qu’il soutient est dans le camp du bien ou du mal, s’il en existe un bien sûr.

C’est quand le dénouement arrive, et seulement dans les 20 dernières minutes du film, qu’on comprend vraiment le film et qu’on comprend qu’il a vraiment gagné.

Un point histoire :

Je voulais parler aussi des petites choses qui subliment l’écriture de ce film dans le contexte historique par exemple la mention des missiles V2 allemands qui est quelque chose de parfois méconnu alors que ce missile est l’ancêtre de tous les missiles construits à l’heure actuelle ou aussi la mention des prémices de la guerre froide avec les essais soviétiques qui étaient plus avancés que ceux des Américains, ce qui les a fait trembler. La mention de ces événements ou créations permet même à ceux qui s’y intéressent d’encore plus près d’apprécier le film avec de petits détails qui structurent encore plus le film.

Les personnages et les acteurs :

Parmi les acteurs les plus connus qui ont participé à ce film il y a Cillian Murphy (Oppenheimer), Robert Downey Jr. (Lewis Strauss), Matt Damon (Leslie Groves) ou Florence Pugh (Jean Tattlock). Le film a obtenu 7 Awards dont celui du meilleur acteur et celui du meilleur second rôle masculin, un travail bien récompensé pour la difficulté du travail demandé car pour l’acteur de Tommy dans Peaky Blinders le travail n’était pas une mince à faire à cause de la palette d’émotions qu’il devait jouer, de la dépression à la réussite en passant par le doute. Tout a été parfaitement réalisé au point que l’on le voit dans ses yeux.

Mais pour ma part c’est le rôle de Lewis Strauss joué par l’acteur d’Iron Man qui m’a le plus plu pour la raison qu’à aucun moment je n’ai pu m’imaginer le dénouement, le rôle était si bien joué que jusqu’au bout j’ai cru au personnage et même à la fin alors que tout est perdu j’ai continué à croire en lui grâce à la confiance qu’il a affichée jusque dans ses dernières minutes d’écran. J’ai vraiment adoré son personnage qui pour moi a été parfaitement maîtrisé par l’acteur du fait qu’il a réussi à convaincre et manipuler le personnage principal comme le spectateur tout le long du film avec une sérénité déconcertante et que cela est resté invisible ou que le spectateur ne s’en soit jamais douté.

Même si oui il est le méchant de l’histoire, je l’ai préféré à Cillian Murphy dans son jeu comme dans ce qu’il représentait, il a tout simplement manipulé le film entier et même si dans le film il a perdu, sa manière d’interpréter son personnage l’a quand même fait gagner.

La musique du film :

La musique du film est composée par Ludwig Goransson qui avait précédemment fait les bandes son de Black Panter ou Tenet. Les musiques sont bien placées dans le film et renforcent vraiment l’immersion mais c’est tout pour la musique en elle-même. C’est la manière dont elle est utilisée qui apporte un petit plus au film. La première manière est celle que le spectateur remarque le plus facilement. Le niveau sonore de certaines musiques est très fort, elles ne sont plus là que pour combler ou mettre en valeur des scènes. Ici, la musique caractérise des scènes en elle-même. Par exemple la musique de fond va monter crescendo jusqu’à que le spectateur la remarque et va aller jusqu’à le déranger, formant plus qu’un bruit sourd, effet qui a pour but de montrer à ce même spectateur ce qu’entend Oppenheimer par exemple au moment de sa déshabilitation où il ne pourra plus réfléchir et ça se matérialisera sous la forme de cette musique trop forte. Un effet simple mais qui parle à tout le monde et qui marche surtout.

Mais dans ce même procès dans une autre scène on réutilisera cet effet en le complétant avec un tremblement de l’image qui se précisera et cette musique devenue un bruit s’affinera pour devenir un bruit de pied qui tape contre une estrade pour provoquer un changement de sens. Cela tient plus de l’effet mais le fait que ça passe par la musique rend le tout bien mieux et sous-entend qu’Oppenheimer n’en peut plus en utilisant un des cinq sens, ce qui parlerait tout autant aux spectateurs prouvant le rôle primordial de la musique dans le film.

Images et effets :

On passe maintenant à une partie un peu plus technique. Dans les films actuels les technologies les plus utilisées sont souvent les fonds bleus, la CGI ou la VFX ou un Stagecraft (des outils pour réaliser des décors par ordinateur) mais Christopher Nolan avait une exigence toute particulière, faire que l’explosion de la bombe soit la plus réaliste possible, ce qui laisse donc deux possibilité pour créer cette explosion sans utiliser les moyens énoncés plus tôt. Le premier serait de faire exploser une vraie bombe atomique avec la même charge que la première ou de réaliser une explosion sur une maquette et c’est ce choix qui a donné un engouement durant la post production chez les spectateurs car Christopher Nolan avait déjà expliqué en interview qu’il n’utiliserait pas d’effets générés par ordinateur pour cette scène. Bon bien évidemment cela a été fait sur une maquette avec l’utilisation de beaucoup de techniques cinématographiques. Pour vulgariser il y a l’utilisation d’un mélange de plusieurs éléments inflammables comme le fuel ou la superposition de bobines de cinéma.

Pour l’image, comme je l’ai dit juste avant, Christopher Nolan apprécie beaucoup le réalisme et donc dans ce film c’est passé par l’utilisation des dites maquettes qui aident le film à se conserver au fil des ans comme avec Le seigneur des anneaux ou Harry Potter qui ont aussi utilisé la même technique pour filmer certaines scènes. Mais aussi l’utilisation de vrais décors que ce soit des petits bureaux construits pour le tournage ou la création de lieux entiers comme Los Alamos recréé exprès pour le tournage. On parle quand même d’une ville entière, ce choix permettra au film de ne pas vieillir au fil du temps et pousse vraiment le réalisme jusqu’au bout.

Et bien sûr d’autres effets numériques ont été utilisés pour la réalisation du film, plus de 200 que ce soit de l’amélioration de la teinte d’une image ou des effets de flashes .

Dans le film il y a un très grand nombre d’effets utilisés et celui dont j’ai parlé est justement le plus connu, les autres, comme les effets d’une bombe atomique sur une personne qui sont principalement réalisés par une équipe de maquillage, ou celui d’un corps calciné réalisé en partie par ordinateur, occupent une grande partie du film. Ces effets, que soit celui de l’animation d’un atome en CGI au début du film, ou celui de l’explosion de la bombe, sont une des raisons de vraiment aller voir ce film.

Le côté artistique :

Durant le film on pourra constater quelque chose d’inédit au cinéma soit la présence de scènes en noir et blanc et d’autres en couleur. On pourrait supposer un choix du réalisateur de différencier deux époques :

-celle avant la bombe atomique

– et celle après,

et cela resterait logique et marquerait une émancipation simple par des effets appliqués au film et qui est un marqueur temporel pas commun du tout. Au travers de ce film il casserait les codes en présentant deux time lines en opposition durant des séquences qui se déroulent en même temps.

Cependant ce choix caractérise une vision mais pas celle-là. Au travers des scènes en noir et blanc on discerne une vision objective du déroulement du projet Manhattan mais pour celle en couleur on discerne non pas la vision des événements mais la vision d’un Homme. Au travers d’un point de vue plus subjectif on rentre dans le cerveau du scientifique pour y découvrir quelqu’un de tourmenté par le poids de millions de vies entre ses mains. Cette utilisation des couleurs arrivera à opposer les scènes qui sont visibles de l’extérieur par le monde et les caméras de l’époque donc ce qui est compréhensible par le spectateur au travers du noir et blanc comme dans la scène de sa déshabilitation en 1954. La couleur, quant à elle, nous plongera dans les pensées et les hésitations subies par le savant tout au long du film notamment ressenties avec les discussions entre lui et ses proches. Le réalisateur casse les règles du cinéma en offrant un point de vue qui n’est pas unique et non pas en donnant la parole à d’autres personnages mais en scindant la vision d’un personnage en deux entre celle vue par le monde et celle vue par le protagoniste et comme l’a dit le réalisateur « Le film cherche à pénétrer dans son esprit. Vous regardez littéralement à travers ses yeux. ». Ce film s’émancipe complètement de la manière de faire actuelle comme cela a été fait part le passé dans un autre film de Christopher Nolhan, Memento. Une vraie preuve de l’avenir du cinéma par son renouvellement perpétuel et surtout unique à chaque point de vue et de chaque personne différente .

La réalisation et le scénario au service de l’histoire :

On entame la dernière partie, c’est la plus technique mais la plus intéressante. La réalisation du film est très différente des autres films car le film possède trois times lines (trois époques différentes) et ces trois times lines se croisent tout au long du film de manière à expliquer des faits ou à poser de nouvelles questions. Cependant si je vous disais que la fin du film avait été donnée au tout début de l’histoire… dans les premières scènes on nous raconte déjà la fin.

Il y a un détail qui est mentionné plusieurs fois mais qui n’est jamais vraiment montré à l’écran il est juste énoncé par les chercheurs, le phénomène d’embrasement de l’atmosphère. Ce phénomène qui est qualifié comme presque impossible par les chercheurs, ayant une chance de se produire proche de 0 %, est la clé de voûte du film. Durant tout le film le risque de la déshabilitation d’Oppenheimer ou la réussite du projet Manhattan nous est présenté comme le sujet du film mais non l’embrasement de l’atmosphère.

Alors dépeint comme impossible durant près des trois quarts du film, il constituera la plus grande création des chercheurs américains, car l’embrasement de l’atmosphère n’est pas plus que l’escalade militaire et nucléaire qui mènerait à une guerre provoquant la disparition de toute l’humanité par le lancement de toute les bombes atomiques à travers le globe au même moment créant une mer de flammes comme si l’air se mettait à brûler. Cet embrasement, ils l’ont créé et ils le savaient déjà tout au début du film.

La discussion entre Einstein et Oppenheimer se déroule dans les premières minutes du film, dans la deuxième time line soit juste avant la déshabilitation de Oppenheimer. A ce moment-là, Oppenheimer comprend déjà qu’il a créé ce phénomène et le dit à Einstein, qui lui aussi comprend l’ampleur de ce qu’ils ont créé avec cette bombe, alors qu’ils sont juste après la Seconde Guerre Mondiale. Le spectateur n’entendra cette discussion que tout à la fin du film, pourtant ce moment vu par le regard de Lewis Strauss sera rappelé plusieurs fois dans le film sans que le spectateur s’en soucie, étant complètement absorbé par la création de la bombe et non pas ses conséquences. Cette scène qui paraît si dénuée d’intérêt donnée dans les premières minutes du film était en fait la conséquence du projet Manhattan.

Mais en fait ce phénomène d’embrasement nous est déjà présenté encore avant dans les deux premières minutes du film. Les premiers effets ne sont pas mis par hasard, il s’agit déjà de ces flammes, de cette mer de flammes et des étincelles de ce projet. On nous montre déjà la conséquence de tous leurs actes et si cela pouvait sembler encore trop abstrait alors il suffit de lire cette petite phrase donnée au tout début, qui le dit aussi « Prométhée a volé le feu aux dieux et l’a donné à l’Homme. Pour cela, il a été enchaîné à un rocher et torturé pour l’éternité. »

Dans cette phrase Prométhée est comparé à Oppenheimer volant le pouvoir de détruire aux dieux pour le donner aux Hommes, il en sera puni pendant toute sa vie sans qu’il puisse fuir, comme Oppenheimer restera tourmenté toute sa vie. La première phrase du film détaille tout ce qui va se passer ensuite, le dénouement était fixé avant même que le film ne commence.

Son destin était déjà écrit, cependant il le savait déjà dès sa désabilitation, il avait compris les mots d’Einstein. Dans la scène de leur discussion, Einstein expliquera et présentera toute la vie d’Oppenheimer et même ce qui s’en suivra sans se tromper à un seul endroit, du moment de sa désabilitation jusqu’à sa réhabilitation des dizaines d’années après.Quand sa femme lui en voudra de ne pas vouloir se battre après le faux procès qu’il a subi, il réagira très calmement. Pourquoi ? Parce que des années plus tôt Einstein lui avait déjà dit comment tout allait se dérouler et Oppenheimer l’avait lui aussi bien compris, il savait qu’il serait réhabilité des années après.

Le film grâce à sa réalisation est parfait, manipulant le spectateur à sa guise tout en lui offrant la possibilité de connaître la fin, cette fin que tout le monde pouvait savoir dès le début et qui pourtant qui sera totalement ignorée par ce même spectateur. Un film montrant de multiples aspects de l’Homme et de ses actes grâce à sa manière de penser au travers un projet complètement fou. Le spectateur, comme Oppenheimer, se retrouvera face à une réalité que l’on pensait impossible car sa probabilité était proche de zéro mais il s’en rendra compte trop tard tout en connaissant tout ce qui va en découler par la suite. Impuissants, les deux ne feront que voir le résultat de cette évolution.

Tout ce que je pourrais vous dire c’est aller voir ou revoir ce film !

Axel Arlaud – 1G6

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