Bien apprendre [3/3] : ce qui ne marche pas

Après avoir vu les méthodes d’apprentissage qui marchent, les méthodes prometteuses, continuons notre série sur les méthodes de travail par les lanternes rouges de l’apprentissage, les « losers ». Ces méthodes sont considérées comme inefficaces, ou efficace seulement pour un certain type de personnes et pour une courte période. Les études systématiques effectuées sur des groupes tests n’ont pas révélé d’amélioration significative des résultats. Ce qui m’a surpris c’est que beaucoup de ces méthodes sont celles qu’utilisent naturellement les élèves…

Surligner

© Sevenke / Shutterstock.com
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Beaucoup d’étudiants soulignent, surlignent ou utilisent toute sorte de méthodes pour annoter le texte. C’est facile et rapide, mais ça n’améliore pas vraiment les performances. Dans les études scientifiques contrôlées, cette méthode n’a pas aidé des stagiaires de l’US Air Force, des enfants, des élèves en difficultés, des élèves d’école primaire, etc. Elle s’est révélée inefficace pour des textes de toute longueur et sur n’importe quel sujet, que ce soit du grec ancien, de l’aérodynamisme ou sur la Tanzanie. Il semblerait que ces pratiques parasitent la compréhension globale des textes. Bien souvent, les étudiants ont tendance à trop surligner, perdant tout le bénéfice de la pratique.
Comment y remédier ? Souligner ou surligner peut se révéler efficace dans la cas où on combine avec des méthodes qui marchent. Par exemple, on peut surligner les termes clés en vue d’en faire des questions pour des auto-tests. Mais il est certainement plus efficace d’annoter les documents, de faire des synthèses par des schémas heuristiques ou non.

Relire

© Ashwin / Shutterstock.com
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C’est une pratique très commune qui ne demande aucun entraînement, prend peu de temps mais elle apporte peu de bénéfice. Lire simplement ne favorise pas la mémorisation.
Comment y remédier ? Ne perdez pas votre temps, utilisez d’autres stratégies autrement plus efficaces. Pour réviser, soyez actif : faîtes des fiches synthétiques, des schémas, etc.

Se faire des résumés et utiliser des mots mémotechniques sont des méthodes qui apparaissent peu efficace et font perdre beaucoup de temps. Pour les résumés, on demande aux étudiants de distinguer dans un texte les informations les plus importantes des informations secondaires. Pour les mots mémotechniques, on utilise des analogies entre mots pour apprendre. Par exemple, on demande de à des étudiants de langue anglaise de retenir le mot « dent » en français (« tooth » en anglais) car c’est comme dans « dentist ». Cette méthode fonctionne pour les langues étrangères et les définitions de mots mais les effets ne semblent pas durer dans le temps.  Une autre méthode dont l’efficacité est controversée est d’utiliser des images mémotechniques dans laquelle on demande aux étudiants d’associer des images mentales aux différents paragraphes qu’ils doivent lire. Les résultats ne sont pas clairs. Ces trois méthodes doivent être utilisées avec précaution car elles ne fonctionnent que pour certaines tâches et dans un certain contexte, mais jamais sur le long terme.

Conclusion de cette étude : pour apprendre il faut s’approprier les connaissances. Nous sommes dans une époque de transition entre une école qui transmet un savoir et une école qui génère du savoir. Bien souvent les élèves sont en demande de savoir pré-mâché (cours avec un plan clair, fiches para-scolaire toute faite, etc.). Il est rassurant de payer pour avoir des fiches toute faite mais le savoir ne s’achète pas. Il se transmet et s’incorpore. Un cours est su quand on est capable de le refaire à sa sauce. Les méthodes les plus efficaces sont celles qui privilégient le sens, les échanges entre pairs (élèves, étudiants), l’appropriation, l’expérimentation. Les moins efficaces sont celles où l’on est passif (surligner, lire, faire des résumés qui collent aux documents du cours). Ainsi, pour être efficace, l’important n’est pas de travailler beaucoup mais de comprendre souvent. C’est une bonne nouvelle, non ?

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3 thoughts on “Bien apprendre [3/3] : ce qui ne marche pas

  1. Je suis sceptique vis-à-vis de l’inefficacité du surligneur. Mes élèves l’utilisent spontanément et manifestement le surlignage les aide à mémoriser les point importants.
    Quid des MindMaps (ou cartes-heuristique ou cartes-pieuvres)?
    ML, PLP2 Lettres-Anglais à Toulouse

  2. @mlcd : il est vrai que ces études sont à prendre avec des pincettes. Ce sont des résultats statistiques donc généraux. Surligner est une façon de s’approprier un texte. Mais c’est insuffisant. Si par la suite on cherche à répondre à une question, cela peut aider. J’ai moi aussi remarquer que mes élèves y avaient largement recours. Mais j’ai remarqué aussi qu’ils avaient tendance à trop surligner.
    Pour les mind-maps je pense que les données sont insuffisantes, que l’usage n’est pas assez répandu et qu’il n’y a pas eu assez d’étude scientifique sur leur efficacité. Les méthodes retenues sont celles qui ont été analysées par un grand nombre de données.

  3. Bonsoir, je pense qu’il est intéressant de montrer à nos jeunes la méthode qui leur convient le mieux. Elle est différente pour tous. Certains ont besoin d’entendre, d’autres de voir. A partir de là les révisions sont plus faciles car adaptées. Attention à ne pas vouloir donner la même méthode à tous 😉 Il est clair en revanche que nos jeunes aujourd’hui ont besoin d’apprendre à apprendre

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