Ça se fait pas

Avez-vous déjà entendu parler de l’effet Matilda ? En 1980, Margaret Rossiter a été la première à fonder une théorie sur l’effet Matilda : elle se rend compte que beaucoup de femmes ayant fait des découvertes scientifiques ou de grandes choses, peu importe dans quel domaine, se faisaient voler leur travail par des hommes qui, avec l’avantage d’être des hommes, se faisaient acclamer et récompenser pour un travail qu’ils n’avaient pas fait ou des choses qu’ils n’avaient pas découvertes.

Prenons l’exemple de Rosalind Franklin. Cette brillante scientifique travaillait dans un laboratoire, le même que James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins. Elle a été la première à réussir à prendre en photo l’ADN et à découvrir sa structure en hélice. Les trois scientifiques, sans son autorisation et sans à peine la citer, ont publié le cliché pris par Franklin, dans « Nature ». Ces derniers obtiennent le prix Nobel, 10 ans après la mort de Rosalind Franklin.

Malheureusement, ça n’a pas été la seule. Nettie Stevens était sous la direction de Thomas Hunt Morgan pour sa thèse, et a découvert que le sexe des humains était déterminé avec les chromosomes. Son directeur de thèse, en s’appropriant ses travaux, a reçu le prix Nobel de médecine en 1933.

Et encore, ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres. Le fait que l’histoire ait été modifiée, en faisant croire qu’aucune femme n’a rien découvert, n’aide pas les femmes à croire en elles et en leurs projets. Cela a donc l’effet d’un cercle vicieux : on nous ment sur l’histoire, cela influence notre confiance en nous donc on n’arrive pas à se faire entendre, et on est oubliée.

Dans les écoles d’ingénieurs, les hommes représentent 70% des élèves, et dans les écoles de mathématiques et informatique, 89% ! Cela n’est pas de la faute des filles qui seraient moins intelligentes ou moins passionnées, mais de la faute du fonctionnement de la société, qui les rabaisse en permanence. Quand on te dissuade de faire quelque chose ou qu’on t’ignore toute ta vie, difficile de croire en toi…

Tout cela pour dire que le fait que les hommes aient volé les découvertes des femmes et continuent à le faire, contribue à maintenir les femmes dans une position d’infériorité et d’impossibilité de se faire entendre, aussi bien pour les victimes directes que pour les générations futures.

C’est pourquoi, avec le club égalité du collège Valmy, nous avons renommé les salles du collège avec des noms de grandes femmes, aussi bien connues qu’invisibilisées. A notre échelle, nous pouvons changer les choses !

Esther

Article publié dans La Battle 2024

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