Compter pour prouver

Source : https://twitter.com/copenhagenize

La preuve de l’utilité de tel ou tel mode de circulation est souvent un argument en faveur du déplacement cycliste en ville. Ici, à Copenhague les mouvements pro-cycles sont de fervents défenseurs de la bicyclette. Il faut dire que les aménagements urbains et une certaine culture (éthos) rendent cette perspective possible. Le comptage vaut pour preuve, et nous nous rendons compte qu’à superficie égale, les cyclistes utilisent moins d’espace (après le bus). La voiture est ici pointée du doigt.

Ce type d’images est assez parlant et bien pensé.

L’anthropologue Manuel Delgado traduit en français

Dans cette conquête de la rue, la lutte mi-voilée des moyens de transports n’est-elle pas à rapprocher plus généralement d’un déplacement de la lutte pour l’espace public (ou de l’espace des rues comme espace public), ou bien de l’espace public comme idéologie, comme le prétend Manuel Delgado dans son livre paru l’année dernière.

Alors que le piéton n’a pas sa place sur la surface goudronnée de la route, le cycliste, lui, s’aventure aussi bien sur les différents bitumes et des dallages des routes et des trottoirs, des places et des parcs. Il va partout. Il empiète sur l’espace du piéton comme sur celui de la voiture, sur les couloirs de bus ou des taxis. Pourtant les conflits sont rares puisque la légitimité n’est pas acquise. Le « mode doux » doit négocier sa place et entretenir des rapports de domination pour préserver ou conquérir son espace. Il n’est donc pas surprenant que la bicyclette trouve un engouement auprès des classes dominantes. Ceux-là même qui prennent possession des trottoirs, des rues et des espaces publics en général. C’est par la classe dominante que le vélo gagnera son droit à l’espace.

« La notion d’espace public, en tant que matérialisation concrète de l’illusion citoyenne, fonctionnerait comme un mécanisme dont la classe dominante use pour dissimuler les contradictions sur lesquelles elle repose, et en même temps pour obtenir l’approbation de la classe dominée en se prévalant d’un instrument – le système politique – capable de convaincre les dominés de sa neutralité » écrit Delgado (p. 34). La lutte pour la conquête de l’espace cyclable est engagée.

Dans ce rapport de domination, il est en effet curieux de constater que les livreurs à vélo, qui appartiennent de fait à la classe dominée  – des serviteurs de la classe dominante – n’empruntent que rarement les trottoirs et les espaces dédiés aux piétons, préférant les rues et les couloirs cyclables.

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