Critiques des sources : un exemple éclairant

Le vélo conventionnel est meilleur pour la santé

La recherche scientifique passe par la critique des sources, première étape dans le travail bibliographique. Ce point important laisse supposer qu’un texte rédigé par un « scientifique », appartenant à la communauté scientifique, comportera un biais idéologique moins important, la neutralité n’existant pas. 

Au détour d’un article édité dans Le Monde — un journal accrédité d’une certaine valeur journalistique — je tombe sur un article intitulé « vélo électrique ou conventionnel : quel impact sur la santé ? » de Sandrine Cabut. Je vais le décortiquer pour faire ressortir la part idéologique qu’il contient.

L’article porte sur une comparaison entre le vélo « électrique » et le vélo « conventionnel », qui sera appelé plus loin vélo « traditionnel ». À aucun moment la question n’est posée de savoir s’il s’agit, dans les deux cas, de vélo. Nous partons de l’a priori que le vélo électrique est également un vélo, non conventionnel et non traditionnel. Le sous-entendu suppose que le lecteur de l’article sait que la différence tient à la motorisation de l’un et la force motrice des jambes de l’autre. Toute la question est là, et cette confusion dans la famille des objets techniques engendre un faux débat.

Dans un premier temps, la journaliste se réfère à une étude scientifique quantitative qui compare deux groupes de cyclistes (en VAE et conventionnel) pour mesurer les écarts tant du point de vue des groupes que des bénéfices liés à la pratique du vélo. Cet alibi lui permet de mettre en avant les utilisateurs de VAE responsables d’un « engouement croissant ». Clairement, il s’agit d’un article visant à influencer vers la pratique des VAE. 

On y apprend tout de même que les électro-cyclistes sont plus vieux, plus gros et plus malades, dit dans un vocabulaire politiquement correct, cela donne : « plus âgé, en surpoids et plus atteint de maladies chroniques ». On y apprend aussi qu’ils font moins d’activité physique, puisque le moteur électrique pédale pour eux. On apprend aussi que les femmes sont plus sujettes aux accidents sur VAE. L’argumentation pourrait s’arrêter ici, et concrètement le VAE n’a rien pour lui. Sauf que la conjonction « mais » vient par deux fois retourner l’argumentaire.

Une première fois, pour indiquer que le VAE a été créé pour attirer les sujets qui ne pratiquent pas le vélo traditionnel. Ici, la journaliste utilise avec subtilité un changement de mots et passe de conventionnel à traditionnel. Quand on sait l’importance des mots, ce constat n’est pas neutre.

La journaliste sort ensuite de sa botte secrète la phrase issue du livre passionnant du géographe  Alexandre Schiratti. Dans le monde scientifique, ne pas connaître untel relève de l’habituel, et n’étant pas géographe, j’avoue ne pas connaître Alexandre Schiratti. Aussi je m’empresse d’aller sur these.fr pour voir quelle est sa thèse, qui a été son directeur de thèse et de quelle école doctorale il vient. Ce réflex permet de s’assurer du parcours et de la scientificité de la personne. Bref, aucune information sur le site ; Schiratti n’a pas soutenu de thèse ! N’en est-il pas moins géographe ?

Le statut de géographe n’est pas réglementé comme peut l’être le statut d’architecte. Après l’obtention d’une licence de géographie, n’importe qui peut se dire géographe, tout comme ethnologue ou sociologue. Pour cette raison, on trouve des individus socio-anthropologues, philosophes et urbanistes à la fois. Les multiples casquettes procurent une distinction et une emphase qui généralement suffit à faire autorité. Mais à regarder de plus près, ne pas avoir de thèse de doctorat, n’est-ce pas un peu tricher sur la marchandise ? Plus loin, la journaliste qualifie notre géographe de « spécialiste des mobilités et de l’environnement ». La transition écologique est en marche, nous pouvons dormir tranquille. 

Sur Linkedin, on voit que notre homme est titulaire d’un Master : Transports, territoires, environnement. Est-ce un géographe pour autant ? Titulaire d’un CAP de cuisine, il est aussi cuisinier. 

Une seconde fois, le « mais » intervient dans le dernier paragraphe qui propulse Schiratti au sommet avec un « livre passionnant » refaisant l’histoire de la draisienne jusqu’aux pionniers pour mettre en avant quelques grands noms de la vélocipèdie, histoire de donner envie de refaire les voyages soit « sur un biclou sans pneu », soit en vélo électrique. L’opposition binaire est ici poussée à son paroxysme alors qu’aucun pionnier n’a roulé sur un vélo sans pneu. C’est évident ! Le vélo « traditionnel » est dénigré au profit du vélo électrique.

De cet article, nous pouvons donc conclure qu’une attention est toujours nécessaire lorsque nous utilisons une source journalistique. Il est nécessaire de la citer, et de citer son auteur. Cependant, nous voyons également que les sources utilisées par les journalistes ne font pas office d’analyse critique et qu’il est important de vérifier les sources citées. 

C’est une double tâche qui incombe au scientifique, et sans cette vigilance, on a tôt fait de rabâcher des à peu près ou une idéologie sans s’en rendre compte. Ici, mais je m’en doutais, nous avons affaire à une tentative d’influence d’une part pour le VAE et d’autre part pour le géographe.

La même démarche sera utilisée pour les documentaires, et toutes les sources secondaires comme wikipedia, youtube, etc. devront obligatoirement être critiquées avant d’être utilisées.

=> Sandrine Cabut, « Vélo électrique ou conventionnel : quel impact sur la santé ? », Le Monde, 22 octobre 2022

Comment sauver l’humanité ?

Face aux incertitudes, mais surtout à l’immobilisme de nos politiques, nous devons envisager reconsidérer nos rapports avec la Terre et avec notre civilisation sans attendre. La série des trois documentaires de Cyril Dion permet une approche systémique des grandes questions que nous allons devoir résoudre.

Le monde est en mouvement, tout comme peut l’être la ville, jusqu’à nos échelles individuelles. Ce qui est bien dans ce documentaire, c’est la vision assez positive d’une humanité résiliente et capable d’une vision « régénérative » de la planète et de ses habitants. Bien entendu, les espèces disparues le sont à jamais. La biodiversité sacrifiée sur l’autel du capitalisme ne repoussera pas, quand bien même on y mettrait le prix…

Cependant, il existe des initiatives à travers la planète qui laisse entrevoir un avenir possible.

=> Cyril Dion, Un nouveau monde, 3 épisodes, 53 mn, Arte, 2022

=> Paul Hawken, Drawdown, Comment inverser le cours du réchauffement planétaire, Coll. Domaine du possible, Arles : Actes Sud, 2021

=> Aurélien Berlan, Terre et liberté : la quête d’autonomie contre le fantasme, St-Michel de Vax : Ed. La lenteur, 2021

Constat

Gustave Courbet, Le ruisseau de la Breme, 1872

Pour reprendre les propos d’Aurélien Barrau, directeur du centre de physique de Grenoble, nous vivons la 6ème extinction des espèces.

Directeur du Laboratoire de Physique Subatomique et de Cosmologie du CNRS, Aurélien Barrau, né en 1973, est Professeur à l’Université Grenoble-Alpes. Titulaire de deux thèses, la première est soutenue à Grenoble en 1998 (à 25 ans), dans son domaine de prédilection, l’astrophysique sous la direction de Monique Rivoal, puis une seconde, soutenue à Paris 4 en 2016 (à 43 ans), en philosophie sous la direction de Marc Crépon. Entre-temps, l’astrophysicien soutient son HDR en 2004. Depuis 2006, il a dirigé huit thèses, et dirige actuellement deux thèses. C’est un chercheur reconnu qui a utilisé sa notoriété au service de l’écologie.

Une de ses premières apparitions sur la Toile a lieu le 7 mai 2013 dans le cadre du Salon du livre à Paris, où Aurélien Barrau vient présenter son livre intitulé : Big bang et au-delà, balade en cosmologie, paru chez Dunod. Une seconde apparition sur la Toile a lieu en 2014, alors qu’il vient présenter son métier et sa rate Calliope, au cours de deux minutes vingt de prise de parole dans une séquence offerte sur le thème : Venir présenter l’objet de mes recherches, de l’Université Jospeh Fourier. En octobre 2014, il donne une conférence sur Giordano Bruno à l’université Jean Jaurès de Toulouse. Nous retrouverons l’essentiel de son discours et de ses argumentations dans ses interventions ultérieures, ce qui montre une constance dans son discours.

Le 6 juillet 2016, Aurélien Barrau apparaît sur la Toile, lors d’une conférence à Roanne. Il site un texte par appris par cœur, c’est un acteur né. Il maîtrise les codes du langage et de la rhétorique. Il est vêtu d’une paire de bottines, d’un jean délavé, d’une chemise bleu clair ouverte et d’une veste blanche à deux boutons sur les manches. Difficile d’apprécier la marque ou la facture sur l’écran. Ses cheveux longs reposent sur ses épaules, il soigne son image. Il porte un pendentif qui représente une roue qui pourrait être un soleil ou une galaxie qu’il fait passer devant la chemise, pour le montrer. Chaque détail a son importance. Sur le revers de sa veste, une griffe en forme de rectangle, une poche zippée.

En novembre 2016, il donne une nouvelle conférence à la Villette, qui porte sur le big bang. Sa présentation commence de la même manière, en citant quelques verres d’Arthur Rimbaud. C’est un orateur de talent. Il choisit ses mots et le moment le plus pertinent pour les dire. Ses démonstrations reposent sur des démonstrations par l’absurde, l’évocation de faits et la question. Il utilise l’analogie, la métaphore, la comparaison, il cite de grands noms, des philosophes, des poètes, des scientifiques. Son texte (tout du moins la trame) est forcément préparé, travaillé, relu, amélioré, et appris par cœur.

Sa femme Cécile Renault (1970-2021) meurt d’un accident de la route le 5 avril 2021. D’après Wiki, ils s’étaient séparés en 2019. Elle-même est astrophysicienne, mais n’a jamais publié d’article en commun. Pour les personnages médiatique, l’intimité n’existe plus.

Bon orateur, se donnant régulièrement en spectacle, il articule les codes du théâtre et de la théâtralisation. Il a su composer une esthétique oratoire calquée sur la démonstration ex cathedra assortie d’un vocabulaire tantôt riche, tantôt désuet (hélas, certes, piètre), sur un ton péremptoire, en appliquant des liaisons désuètes « par rapport_aux », laisse penser qu’il a appris un texte par cœur. Son combat écologique débute vraisemblablement en septembre 2018. Il se dégage une certaine honnêteté de sa personne, peut-être même une certaine naïveté. Sa posture très travaillée, son look, en fait un personnage attachant et dérangeant. Sorte de trublion de service au service d’une cause, Aurélien Barrau s’attache désormais à conscientiser le monde sur les problèmes dont le monde est responsable. Le 14, la chaîne YouTube Thinkerview diffuse un entretien durant lequel Aurélien Barrau explique que nous arrivons au terme de la vie sur Terre. Cet entretien fait suite à l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète, publié dans Le Monde le 3 septembre 2018.

L’appel, signé par des personnalités du show-business, des acteurs et des scientifiques médiatisés, débute par ce constat :


« Nous vivons un cataclysme planétaire. Réchauffement climatique, diminution drastique des espaces de vie, effondrement de la biodiversité, pollution profonde des sols, de l’eau et de l’air, déforestation rapide : tous les indicateurs sont alarmants. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique. »

Un constat : On ne peut pas ne pas savoir.

Voir son intervention au Café frappé de CentralSupelc du 28 novembre dernier intitulé : a-t-on encore besoin d’ingénieurs ?

=> En 1973, le réalisateur Jacques Doillon, accompagné de Gébé et de quelques hurluberlus, produisait un film intitulé L’an 01, qu’il serait peut-être bien de voir ou de revoir. On le trouve heureusement sur la Toile.

=> Aurélien Barrau, entretien avec Carole Guilbaud, Il faut une révolution politique, poétique et philosophique, Veules-les-Roses : Ed. Zulma, 2022

Michael Kenna fait don de l’ensemble de son œuvre à la France

Remise en la décoration par Rima Abdul Malak, ministre de la Culture en novembre 2022

Un acte d’une étonnante générosité, qui transcende l’espace et le temps, puisque d’origine anglaise, et vivant à San Francisco, Michael Kenna a décidé de faire don de l’ensemble de son œuvre à la Médiathèque de Photographie et Patrimoine de Fort Saint-Cyr la semaine dernière. Une cérémonie organisée par le ministère de la Culture lors de laquelle la ministre lui a décerné la décoration d’Officier des Arts et des Lettres, haute distinction après celle de Chevalier des Arts et Lettres décernée en 2001 pour son travail sur les camps de concentration.

Par ce geste, Michael Kenna évoque son attachement à la France, et les nombreux travaux photographiques qu’il y a menés. Des retombées symboliques sont nombreuses, et j’en profite à mon tour, car dans ma modeste vie, j’ai pu accompagner Michael à travers l’industrie dentellière calaisienne à plusieurs reprises entre 1998 et 2000. J’avais pour mission de l’accompagner dans les entreprises en activités ou désaffectées que je connaissais, et j’étais en quelque sorte un intermédiaire. Je l’ai accompagné plusieurs fois dans ces entreprises, présentant son travail photographique aux ouvriers, tullistes, et mécaniciens, contremaîtres, afin qu’ils le laissent travailler tranquillement dans son coin. Michael restait seul dans les ateliers, cherchant la meilleure lumière ou un attrait pour une prise de vue. 

Je connaissais son travail sur les camps de concentration et sa vision de la photographie, très épurée, pure, aux prises en vue lentes, avec son Hasselblad et son 80 mm. Format carré. Il a gagné sa vie en travaillant pour de grandes marques de voitures et de produits de luxe. Sur son temps libre, il partait photographier les quatre coins du monde (43 pays visités). Arrivé à l’âge de la retraite, que va-t-il faire de son temps libre maintenant ? Sur le plan moral, je trouve que cette initiative préserve l’intégrité de son œuvre et évitera les querelles des ayants droit. Nous sommes aux antipodes de l’œuvre de Vivian Maier corrompue par un collectionneur et dont on ne verra probablement jamais plus de 1 %.

Cet acte est une leçon d’humanité, car ce regard singulier sur le monde doit être partagé. Beaucoup de ses photographies portent sur l’architecture, des villes industrielles, des usines, de paysages, etc. De quoi éveiller en chacun et chacune une sensibilité à la lumière et à la forme…

=> Michael Kenna

=> Le Figaro

Michael Kenna (photographies) Noël Jouenne (texte), Et la dentelle ! Histoire d’une ville : Calais, Paris : Marval, 2002, reliure d’art par Isabelle Lacheré, cuir, papier, tyvek, feuille d’or, 2018

Puisque l’on est à l’époque des congratulations et des auto-satisfactions, j’ai découvert que notre ouvrage Et la dentelle ! avait été l’objet prétexte d’une œuvre d’art qui, aujourd’hui, a transformé le livre en un objet de musée. Dorénavant, ce livre est inaliénable !

Intensif séminaire : apprendre à rêver

Notre groupe s’est retrouvé pour une semaine (du lundi au vendredi) à la Halle de la Machine pour réfléchir autour de la notion de rêve. D’abord, nous avons été super bien accueilli, et nous avons pu profiter d’une immersion dans cette structure, aux côtés des Véritables Machinistes, mais aussi d’un bénévole et de Simone dit Monette, habitante du quartier investie d’une mission de communication. Les étudiants se sont penchés sur ce quartier en évolution, en création, et cette histoire encore ténue, non cristallisée, qui commence. Vendredi soir, ils étaient quatre à présenter le travail collectif de la semaine. Les autres étaient dans leur lit, car un virus nous avait semble-t-il attaqué. J’espère que tout va rentrer dans l’ordre cette semaine, car nous devons finaliser le dossier de restitution, pour nous permettre de revenir l’année prochaine… Comme c’est dimanche, je glisse le texte de ma contribution (premier jet)…

Le Minotaure est un habitant du quartier

« Astérion, le Minotaure, Ariane et Princess, les deux araignées, sont trois machines de spectacle constituées d’organes mécaniques, de vérins et de leviers, recouverts de bois vernis. Ces marionnettes spectaculaires prennent vie au contact des Véritables Machinistes (VM), intermittents de spectacle vivant et des arts de la rue. Soumis à leur volonté, la poésie qui s’en dégage est le fruit d’un travail de collaboration entre artistes, tout corps confondu, de l’insigne créateur aux techniciens de maintenance. Le Minotaure est un habitant du quartier. Dans son écrin de métal et de verre, il repose en attendant les spectateurs. Soudain, il s’éveille, et souffle une vapeur et grogne profondément. Il s’éveille, et lève la tête, ouvre les paupières pour nous faire découvrir de grands yeux bleus, regarde autour de lui, s’étonne du public qu’il reconnaît peut-être. Un visage d’enfant lui sourit. Il répond d’un mouvement de tête. Ses bras s’animent et maintenant il s’élance dans sa promenade circulaire. Il quitte son enclos pour déambuler un instant sur l’aire alentour, guidé par les VM ou bien est-ce le contraire. Dessus, les passagers s’agitent. Ils ne connaissent pas le chemin qu’Astérion va emprunter. Ils se laissent porter et emporter par l’animal-machine, durant un voyage d’une quinzaine de minutes. Cette carcasse qui a pris vie et que l’on imagine dominer le monde. Philippe Descola écrit : « On peut parler à son chat ou à son ordinateur comme s’ils étaient des sujets pensants autonomes, mais cela ne va pas jusqu’à les imaginer existants dans des sociétés parallèles à la nôtre avec leurs normes et leurs institutions, parce que nous n’avons pas de récits qui nous permettent de considérer cela comme normal, en dehors des récits littéraires ». Ne peut-on pas imaginer un instant qu’Astérion soit vivant, faire abstraction des Véritables Machinsites et puiser au fond de son imagination pour voir à travers cette scène un animal semi-mythique semi-inventé qui pose son regard interloqué sur le monde qui l’entoure. Que nous dit-il de nous-même ? Quel regard affûté n’a-t-il pas, lui qui a resurgi du passé, à travers l’imagination et les récits transmis depuis des millénaires. Le gardien du Temple est aujourd’hui cantonné à promener un public avide de sensation, consommateur d’émotion, désabusé du monde, enclin à se satisfaire d’un manège. Ce public cherche-t-il à se raccrocher à la mythologie ancienne ? A s’en rapprocher. Cherche-t-il dans cette étrangeté une réponse à son existence et au sens de la vie ? Astérion n’est-il pas bien placé pour répondre ? Toute machine construite par l’homme est un agent médiateur entre le monde et sa représentation. Parce qu’elle contient en elle l’essence des habitudes humaines, ses peurs et ses espoirs, la machine propose une interprétation du monde, et Astérion, tout comme Ariane ou Princess, n’y échappe pas. Regardons de plus près ce visage, ces naseaux fumants et ces yeux expressifs. Il y a dans ce regard une volonté de dialogue, on sent une envie irrépressible de nous dire quelque chose. Quelle est la grande réponse à la grande question ? Astérion est un habitant du quartier. Il s’y aventure depuis maintenant quatre ans et en connaît presque tous les recoins. Autrefois, il partait le long de la piste historique d’aviation et passait devant les fenêtres des immeubles. Les bambins de la crèche savaient l’attendre et lui faire signe de la main. Pour eux, il était vivant. En ont-ils gardé un souvenir ? Aujourd’hui il a réduit sa course et tels les éléphants du zoo, il forme des cercles plus étroits, comme si l’on appréhendait qu’il ne s’échappe. Mais déjà il retourne sur ses pas, regagne son paddock dans cette écurie d’animaux mécaniques démesurés. Le groupe descend, fier et rieur, se précipite devant l’animal pour un dernier selfie. Non, cette fois, il ne dira rien. Une fois de plus, les hommes n’ont pas compris. En désespoir de cause, Astérion se rendort, paisiblement il repose sa lourde tête et ferme ses paupières. Son moteur s’éteint. Il s’endort, jusqu’au prochain réveil. »

=> Philippe Descola & Alessandro Pignocchi, Ethnographies des mondes à venir, Paris : Seuil, 2022

L’altérité en question

La Halle de la Machine, cette semaine à Montaudran

En cherchant à partir des mots clés sur ce blog, je me suis rendu compte que le mot « altérité » ne renvoyait à aucun billet. Alors que l’on parle à tout bout de champ de l’autre, de notre rapport à l’autre, et des autres, puisque dans nos interactions, nous agissons avec les autres, il était important à un moment donné de parler d’altérité, et de revenir sur cette notion fondamentale des sciences sociales.

Hérodote d’Halicarnasse naît vers 480 av. J.-C. en Grèce. À l’âge adulte, il s’interroge sur l’espèce humaine et effectue de nombreux voyages à la rencontre de peuples tous plus bizarre les uns que les autres. Il note ses observations dans des carnets, sortes de récits de voyages et constitue son œuvre que l’on nomme les enquêtes (L’enquête). La bibliothèque de la Pléiade (éditions Gallimard) a regroupé les œuvres complètes d’Hérodote et de Thucydide dans un même volume de 1876 pages. Parmi les neuf enquêtes qu’il a rassemblées sur XX années. Une œuvre incomplète, mais qui apparaît aujourd’hui comme la première enquête ethnographique (chaque discipline de l’histoire à la géographie s’approprie Hérodote). 

L’enquête II porte sur l’Égypte. Un texte fameux que l’on donne généralement aux étudiants de licence d’ethnologie et qui regroupe en quelques pages tous les a priori d’une lecture comparative entre le mode de vie des Grecs et celui des Égyptiens. Le paragraphe sur la coutume des Égyptiens est éloquent :

« Les Égyptiens […] ont aussi, en général, des coutumes et des lois contraires à celles du reste du monde. Chez eux, les femmes vont au marché et font le commerce, les hommes gardent la maison et tissent. Partout l’on tisse en menant la trame de bas en haut : les Égyptiens la mènent de haut en bas. Les hommes portent les fardeaux sur leur tête, les femmes sur leurs épaules. Pour uriner, les femmes restent debout, les hommes s’accroupissent. Ils satisfont leurs besoins dans leur maison, mais ils mangent dans la rue, ce qu’ils expliquent en disant que, si les nécessités honteuses du corps doivent être dérobées à la vue, les autres doivent se faire en public. »

Il s’ensuit la religion, les sacrifices, nous sommes avant l’ère chrétienne.

Ce qu’il faut retenir pour comprendre la notion d’altérité, c’est qu’à un moment de l’histoire, les hommes d’une société donnée se sont intéressés aux hommes d’une autre société, et plutôt que de faire la guerre ils ont observé les coutumes, les modes de vie et les traditions. Ils ont mis en avant les différences, et en ont respecté le sens. À l’époque, Hérodote était sans doute le seul à s’émouvoir des différences, et les peuples différents étaient généralement classés parmi les barbares. 

De nos jours, les étrangers sont « étranges », différents, de par leurs coutumes et leur mode de vie. Ils sont taxés parfois de « barbares » alors qu’ils sont suppléments différents. Le regard de cette différence s’inscrit dans l’altérité, c’est-à-dire dans le respect de l’autre que l’on perçoit comme autre, différent, certes, mais pas supérieur ou inférieur. Dans l’altérité, il n’y a pas d’échelle de valeurs. En retour, on peut se considérer comme « étrange » lorsque l’on observe, par exemple, les Anglais ou les Allemands prendre leur température corporelle en introduisant un thermomètre dans leur bouche, ou lorsque les Français épluchent les bananes par la queue, alors que les signes le font par la crosse (essayez, c’est beaucoup plus simple en fait). 


Intensif du séminaire

Durant une semaine, du 14 au 18 novembre, nous allons loger à la Halle de la Machine, et arpenter le quartier de Montaudran à la recherche de son histoire récente. Nous avons conservé la même thématique qu’en 2019 : « L’art de faire rêver les gens » parce que nous n’avons pas encore exploré tous les recoins de ce nouveau quartier.

Comment l’installation d’un équipement comme la Halle de la Machine, et l’envole des pionniers, peut-il contribuer à créer un nouveau quartier ?

Mais entre temps, nous avons vécu des confinements, une pandémie et plusieurs crises sociales et économiques. Une inflation galopante, un recul des énergies, et une prise de conscience plus aiguë des problèmes environnementaux et écologiques. Nous nous rendons compte aujourd’hui, parce que nous vivons les événements climatiques d’un été suffocant et d’un hiver printanier, que les éléments se dérèglent. Nous percevons la fragilité de nos sociétés. Quels sont les impacts directs ou indirects sur les consciences, les mentalités, les comportements ?

Durant quatre jours, nos étudiants vont arpenter le ou les quartiers à la recherche de réponses. Ils seront amenés à produire une planche ou un power-point pour restituer leurs analyses et leurs observations. Attendons avec impatience ce moment…

On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même

Auto-interview

– Noël Jouenne, vous venez de publier chez L’Harmattan un nouvel opus sur le vélo, pouvez-vous nous en dire plus ?

– Dans ce livre, j’ai voulu tourner une page et reprendre l’histoire du vélo, depuis la draisienne jusqu’à nos jours. C’est un travail exploratoire, c’est-à-dire que j’ouvre des pistes sans forcément les refermer. Je suis partie de la draisienne, que l’on connaît aujourd’hui sous forme d’objet destiné à l’apprentissage de l’équilibre chez les enfants pour ensuite remonter cette histoire, étant donné que nous savons où elle nous a menés. Pour ce premier chapitre, je me suis appuyé sur le travail de Keiso Kobayashi, qui est un travail pionnier et méritant. C’est le premier chercheur à avoir mené une recherche en France sur les origines du vélocipède. Son travail s’est déroulé sur une décennie et il maîtrise l’histoire du baron Carl von Drais dans ses infimes détails. Une relecture de sa recherche, combinée avec des sources disponibles sur Gallica m’a permis de proposer une nouvelle hypothèse : celle-ci concerne cette idée que la pédale a fait basculer la draisienne vers le vélo, mais une relecture attentive permet de comprendre que la selle a autant d’importance, sinon plus, que la pédale. D’ailleurs, Keizo Kobayashi m’a dit qu’il était d’accord avec cette hypothèse.

– Mais votre livre fait 260 pages, vous ne l’avez tout de même pas entièrement consacré qu’à cette question ?

– Non, bien évidemment, c’est une entrée en matière, parce qu’ensuite, je discute de l’objet technique qu’est le vélo. D’abord, il est question des avantages et des inconvénients d’une innovation aussi importante, et je montre à travers un exposé que l’innovation ne va pas de soi. Dans le langage courant, bien souvent, on parle d’innovation alors qu’il s’agit d’une invention ou d’une amélioration d’un procédé ou d’un dispositif technique. Pour qu’il y ait innovation, il faut que l’invention soit acceptée par la société. C’est ce qui est arrivé avec le vélo, mais cela a pris vingt ans à partir des vélocipèdes à pédales. En fait, les trois premiers chapitres sont destinés à cerner cette question et je reviens à la fin du troisième chapitre sur la selle et la pédale pour montrer leur égale importance. La pédale a donné lieu au verbe pédaler, ce qui n’est pas rien.

– L’organisation de vos chapitres laisse penser un certain flottement, pourquoi ce choix ?

– Comme je l’ai dit, il s’agit d’une recherche exploratoire, et je m’autorise à traiter des questions au sujet desquelles j’attends une réponse. Par exemple, cette « petite reine » que l’on attribue aujourd’hui à la reine de Hollande semble être une reconstruction, car je n’ai rien trouvé pour le prouver. Ce point est à déposer dans la boîte des contre-vérités et des falsifications de l’histoire, et elles sont nombreuses autour du vélo. Donc, j’apporte une contribution à la remise au propre d’une histoire bercée par des enjeux nationaux que l’on peut suivre depuis l’origine du vélo moderne, et même depuis la draisienne.

– Et le texte sur le vélo pliant en est un autre exemple ?

– Là c’est autre chose. Dans la continuité de mon précédent livre, dans lequel je me centrais sur l’objet, ici j’opère un décentrement : je me place à distance et j’observe. J’avais commencé à m’intéresser au vélo pliant, parce que cet objet technique particulier n’a pas de sens en soi dans les premières inventions. Dès le début, les inventeurs ont cherché à rendre pliant le vélocipède, pour permettre de l’entreposer plus facilement. La dépense d’énergie intellectuelle ne s’explique pas parce que l’on disposait de place. Alors l’idée a été de le rendre pliant pour permettre de le transporter plus facilement sur son dos. C’est ainsi que sont nées les troupes cyclistes. L’armée s’est saisie de cette particularité sans en faire un objet militaire. Mais le commun des mortels n’avait aucun usage d’un tel objet. Cependant, les brevets se sont succédé pour arriver à nos jours à des modèles performants capables de saisir l’intermodalité des déplacements.

– Vous faites un saut temporel, car vous parlez de votre dernier chapitre et de cet engouement pour le vélo, propulsé par des think tank et des influenceurs. Si l’on revient un peu en arrière, votre livre, vous le dites vous-même, tire son originalité de la conception simondonienne de l’objet technique.

– Oui, c’est le point central de ce livre. J’ai étudié Gilbert Simondon à l’époque où je m’intéressais aux calculatrices de poche. Il employait souvent le principe de la calculatrice électronique dans ses exemples, et son analyse du rapport à l’objet est très enrichissante pour comprendre le lien entre ce dernier et l’homme, à travers la société. C’est un petit chapitre comparé à d’autres, mais en dix-huit pages, il permet de cerner les concepts comme celui de l’individu technique et de prendre conscience du rôle de médiateur du vélo. C’est l’occasion pour moi de reprendre à mon compte les ouvrages critiques de Katja Ploog sur la mobilité et de Monique Sélim et Bernard Hours sur la moralisation du capitalisme, pour montrer en quoi le capitalisme s’est déplacé aujourd’hui autour du vélo, et notamment le vélo à assistance électromécanique pour conquérir des marchés prometteurs, sur fond de transition écologique.

– Ce chapitre est assez éloquent, mais vous abordez ensuite l’histoire singulière d’un champion cycliste oublié.

– Oui, c’est chez moi une sorte de constance. En travaillant sur les calculatrices, je m’étais penché sur les règles à calcul, et j’ai pu ainsi produire un texte sur le sociologue Jacques Jenny qui au tournant des années 1960 avait inventé une règle à calculer spécialisée pour le calcul des écarts à l’indépendance, et un inventeur de règles marines. Pour moi, faire sortir de l’ombre ces personnes permet de montrer qu’il existe des gens oubliés qui ont tout de même contribué à faire quelque chose. Maurice Archambaud est de ceux-là, et son histoire de coureur cycliste, champion de monde sur piste, est une pièce à ajouter au puzzle des oubliés. À son époque, il a su faire rêver, et le sacrifice qu’il a consenti durant sa carrière n’a pas été suffisamment valorisé à mon sens. Mais là aussi, c’est un travail exploratoire, et je n’ai pas cerné toute sa vie. Il reste des zones d’ombre qu’une recherche future pourra combler, faite par moi ou par d’autres.

– Vous semblez quand même avoir bien montré que l’histoire personnelle du coureur y est pour quelque chose, et le harcèlement dont il fut victime montre l’étroitesse d’esprit d’une communauté cycliste tiraillée entre les fabricants de vélo, les dirigeants des courses cyclistes et le public. Bref, dans le chapitre suivant, vous abordez la question du voyage, un peu, semble-t-il, à contrecœur ?

– Pour les anthropologues, le mot voyage résonne avec Tristes Tropiques et l’incipit de Lévi-Strauss « Je hais les voyages et les explorateurs ». Mais pour moi, après avoir parlé des courses cyclistes, et fallait bien aborder la question du voyage. Parce qu’en définitive, quand on possède un vélo et que l’on ne se rend pas à son travail avec, que reste-t-il ? Le loisir des déplacements. C’est-à-dire aller plus loin, découvrir, ce que le vélo a permis. Souvent on peut lire que le vélo a permis d’émanciper la femme, certes, mais il a aussi permis d’émanciper l’homme. Et comme je voulais m’intéresser aussi aux pratiques féminines, j’ai abordé la question du voyage avec des femmes hors du commun. Je n’en dirai pas plus.

– Pouvez-vous maintenant parler du chapitre huit qui n’apparaît pas dans le mémoire de votre soutenance d’habilitation à diriger des recherches ?

– J’avais ce texte sous la main, car j’avais traité de la question de l’objet technique comme médiateur au sens où dans la sphère publique, le vélo est plus visible que des gens qui manifestent. C’est pour cette raison que des groupes se forment pour constituer une masse critique qui est un état d’équilibre juste avant l’explosion nucléaire. Voyez la métaphore. Et puis j’étais tombé sur un article d’un confrère économiste qui prétendait que la manifestation parisienne de 1971 était la première au monde. C’était un peu présomptueux de dire cela parce que je savais que d’autres manifestations avaient eu lieu bien plus tôt, au démarrage même des pratiques cyclistes. Alors j’ai remonté le fil de cette histoire et j’ai cherché des exemples de manifestations à vélo. Cela m’a permis de voir que très rapidement, les bourgeois et les aristocrates qui pouvaient se permettre d’acquérir une bicyclette, sont montés au créneau lorsqu’il a fallu payer une taxe, etc. On pourrait dire que de tout temps le vélo a été un médiateur dans la sphère publique parce qu’il permet d’être vu, parce qu’il donne à la manifestation un caractère positif et non belliqueux, et qu’en son sein, on trouve toujours des gens influents et politiquement proches du pouvoir.

– Enfin, nous arrivons au dernier chapitre, assez long, qui traite de l’accélération des pratiques dans un contexte de pandémie. Quels sont les points essentiels à retenir ?

– J’ai effectué cette recherche durant la pandémie du Covid-19 lors d’un congé pour études et recherches. Je ne pouvais pas ne pas parler de ce qu’il se passait alors. Et le vélo a été vraiment au centre des attentions du moment. Par exemple, je montre comment les réseaux d’influences ont permis de libérer du port du masque les cyclistes. Je montre aussi comment les services de l’État ont récupéré la notion d’urbanisme tactique pour, c’est une hypothèse, essouffler les mouvements activistes comme Vélorution et masse critique. Et je reviens sur cette injonction à la mobilité et à ce rapport au vélo comme objet devant sauver le monde, alors que la planète s’effondre.

– À vous entendre, on pourrait penser que le vélo est une mauvaise chose, un mauvais atout pour la planète ?

– En fait, dans son rapport à la médiation entre l’homme et le monde, le vélo n’est qu’un intermédiaire. Il n’est ni bon ni mauvais, c’est l’usage que l’on en fait qui est bon ou mauvais. Globalement, je suis plutôt satisfait de voir que le vélo regagne des points de participation à la course vers la transition écologique. Mais il faut envisager cette question de manière globale et si vous permettez d’un côté aux possesseurs de grosses voitures de continuer à polluer avec des moteurs surpuissants, vous ne pouvez pas demander des efforts continuels aux classes dominées en les obligeant à se rendre à leur travail à vélo au motif que la planète s’effondre. Il faut rétablir une harmonie collective à travers un équilibre entre les rapports de domination sans quoi ces efforts seront vains.

=> Noël Jouenne, La simplicité apparente du vélo face aux enjeux de société, Exploration d’un objet technique cet social, Coll. Logiques sociales, Paris : L’Harmattan, 2022, 262 p.

La semaine prochaine Inclus & Sens

Mercredi prochain, nous invitons, comme chaque année depuis 2018, l’association Handi’Apt devenue Inclus & Sens depuis l’année dernière.
Nos deux architectes Océane de Matos et Mélanie Barrès s’attachent à impliquer l’architecture dans le processus de fabrication de la ville autour des notions de handicap (physique, mental, psychologique, .etc.).
Lors de cet après-midi, elles nous conduirons à travers des exercices de prise de conscience de l’espace inclusif jusqu’à l’architecture inclusive.
L’affiche a été réalisée sous le cycle de « conférence » mais il s’agira plutôt d’une conférence gesticulée où les gesticulants seront les étudiant·e·s.

Chaque nouvelle intervention est un moment d’expérience et de surprise, car chaque année, de nouveaux outils pédagogiques sont développés pour permettre une assimilation plus facile et un travail en médiation architecturale plus performant.

S’agit-il d’urbanisme tactique ou bien de marketing urbain ?

Montage lors du confinement autour d’un Brompton Explore


Lors de la journée mondiale sans voiture du 22 septembre dernier, la marque de vélos anglais Brompton a utilisé les services d’un architecte pour remodeler une ancienne station-service et en faire un événement marketing. Bien sûr derrière cette forme de marketing urbain, destiné à promouvoir la marque, nous noterons les arguments en faveur de la marche à pied et du vélo. Et si les mouvements activistes se mobilisaient et concevaient ensemble des événements de la sorte, cela s’appellerait de l’urbanisme tactique.

Dans une ancienne station-service désaffectée de la banlieue de Londres, reconvertie en show room pour la marque, il était possible de venir essayer un vélo pliant, et d’en acheter un pour repartir au guidon d’un des 70.000 vélos fabriqués chaque année dans cette usine londonienne. En s’adjoignant la morale de l’association caritative « Possible », les arguments allaient tous dans le sens de la décroissance de la voiture au profit de la marche et du vélo (y compris électromécanique). Faire culpabiliser les automobilistes, et leur faire prendre conscience que les ressources en énergie ne sont ni infinies ni illimitées dans le temps.

Voilà comment la revue Forbes illustra cette journée mondiale sans voiture, dédiée au 22 septembre chaque année. Sur Toulouse, cet événement a été abandonné depuis une dizaine d’années d’après La Dépêche.

En tout cas, il s’agit d’une idée intéressante qui devrait germer dans les têtes des étudiant·e·s en architecture.

=> Carlton Reid, « Brompton Turns London Gas Station Into Bike-Promoting Pop-Up For Car Free Day », Forbes, 22 sept. 2022

=> Hocine Zaoui, « Toulouse : la journée sans voiture a disparu de la circulation », La Dépêche, 1er novembre. 2021

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