Mouvement de révolte dans les ENSA

De manière sporadique d’abord, plusieurs écoles d’architecture ont fait remonter des demandes en termes de progression pédagogiques, mais aussi de moyens attribués à la pédagogie, et surtout sur les conditions d’apprentissage. L’amalgame avec les mouvements sociaux actuels n’est pas étranger à ce grand ras-le-bol national que nous montre la presse à travers la crise de la santé, de l’économie, des énergies, de l’enseignement, etc. Nous vivons une crise perpétuelle dans laquelle s’engouffrent de multiples revendications. Et cela ne date pas d’hier. En effet, depuis déjà plusieurs années, des sites Internet relaient des humiliations, des critiques anti-pédagogiques, des dénigrements, du sexisme, des petites phrases assassines, sur fond de charrette. Que se passe-t-il ?

Malgré la loi sur l’égalité des chances de 2005, et les lois successives, le système de compensation dans les UE n’est pas toujours appliqué, et des coefficients monstrueux font barrage à ce dispositif quand ce ne sont pas les enseignants eux-mêmes qui notent très sévèrement afin de contrer ces effets pourtant prévus dans les accords de Bologne. 

Par ailleurs, le harcèlement sexiste, sexuel et moral est mis en avant dans certains ateliers de projet, toutes écoles confondues, et nous avons du mal à constituer un dossier accumulant des faits car les étudiantes et les étudiants ont souvent peur des conséquences. Mais depuis quelques semaines, ils se lâchent…

À l’heure de l’écriture de ce billet, une quinzaine d’écoles d’architecture ont rejoint ce mouvement de blocage afin de soutenir, en premier lieu, l’école de Normandie, bloquée depuis février. Cette initiative a amorcé un vent de révolte, et viennent s’ajouter les questions d’ordre pédagogique, et aussi ce que l’on appelle les violences pédagogiques, c’est-à-dire des violences proférées dans le cadre pédagogique, mais qui n’ont rien de pédagogique.

Va-t-on vers un nouveau mai 68 ? Aucun sociologue sérieux ne pourrait encore l’affirmer, cependant que toutes les conditions d’une révolte à grande échelle sont réunies (montée des prix des produits de première nécessité, inflation, crise sanitaire, écologique et politique, perte de l’espérance en l’humanité…).

« Dans mes relations aux autres qui n’ont pas nécessairement fait choix des mêmes options politiques, éthiques, esthétiques ou pédagogiques que moi, je ne peux partir du point de vue que je dois « les conquérir » à n’importe quel coût, mais je ne dois pas non plus craindre qu’ils prétendent « me conquérir », nous dit Paulo Freire.

=> Paolo Freire, Pédagogie de l’autonomie, Toulouse : Erès, 2019, p. 146

L’arbre et l’humain

Répétition des sapins, 198os, 5 mars 2023

Encore dans les années 1970, il était de coutume à la naissance d’un enfant, de planter un arbre sous lequel on avait déposé le placenta. Il pouvait s’agir d’un arbre fruitier comme un pommier ou un poirier. Il fallait un jardin et des liens particuliers avec le sol et le milieu.

C’est ce que nous a raconté Jean-Pierre cet après-midi au moment de la pause durant notre répétition pour la semaine d’Empalot.

A travers cette anecdote, nous voyons que l’arbre est étroitement lié à l’humain et que ce rapprochement que l’on dit actuel entre l’homme et le vivant non-humain n’est pas d’aujourd’hui. De tout temps, l’homme a respecté ce qu’il a appelé la nature comme si c’était autre chose de très distant, de très différent, de très inférieur.

En rentrant, un homme en voiture qui sortait du match du stadium m’a traité de fils de pute parce que ma voiture le gênait. Voilà comment sont les liens aujourd’hui : déliés. Dans notre rapport à l’autre et à l’altérité, nous ne sommes plus représentant de notre espèce humaine, mais simplement nous sommes redevenus sauvage. L’autre est un poids, un parasite et un obstacle.

Il y a sûrement des gens qui voudraient être seuls sur terre, bien tranquille. Mais cette tranquillité ne durerait pas longtemps. D’abord parce qu’ils n’auraient plus accès à rien, nourriture comme santé, mais parce que la société c’est d’abord être ensemble pour faire société. Je me demande alors pour ces gens-là quel est le projet de société ?

L’arbre en ville

Dans le cadre des activités de l’association des 198os, sur Empalot, nous préparons une semaine autour des arbres en ville, en avril prochain (lundi 10 avril). J’ai décidé de m’intéresser à l’artiste américain Sam Van Aken, né en Pennsylvanie en 1972. Cet artiste s’intéresse aux arbres et a déjà produit des hybrides constitués à partir de greffes d’arbres fruitiers. Il a réussi à obtenir en 2013 un arbre hybride accueillant 40 fruits différents. Cet arbre a été vendu au enchère en 2013 pour 30 mille dollars.

Dans chaque artiste il y a un subversif, et quelqu’un qui souhaite alerter la société. Ici, Sam Van Aken propose de résoudre le problème de l’approvisionnement (circuit court) en fruits variés. Un seul arbre pourrait produire sur plusieurs mois au cours des saisons. En dehors de l’esthétique fleurie, cette idée germe dans son projet à grande échelle Open Orchard, qui concentre 50 arbres hybrides. Mais surtout Van Aken sensibilise à la « beauté » des arbres et à leur nécessaire préservation.

« The Open Orchard est une nouvelle œuvre d’envergure sur Governors Island qui prendra la forme d’un verger public composé de 50 arbres fruitiers hybrides. Chaque arbre sera greffé avec de multiples variétés de pêches, prunes, abricots, nectarines, cerises et pommes qui sont originaires ou ont été historiquement cultivées dans la région de New York au cours des 400 dernières années, mais qui ont été perdues à cause de l’industrialisation de l’agriculture, préservant ainsi leur biodiversité pour les générations futures. En plus du verger de Governors Island, des centaines d’arbres supplémentaires seront distribués dans des jardins communautaires afin de créer une plantation dispersée dans les cinq arrondissements. »

=> Sam Van Aken

Ville et bonheur

Morning sun, Edward Hopper, 1952, Columbus Museum of Art, Ohio.

Quel rapport y a-t-il entre ville et bonheur ?

L’architecture « frugale heureuse » suppose de mettre en œuvre une architecture économique, sobre, judicieuse, efficace, qui minimise les coûts de fabrication et de production de la ville, limite des déchets sur des circuits courts et écologiques, tout en préservant la qualité de vie. On l’appelle aussi « architecture low-cost » terme moins flatteur, mais tout aussi explicite. Elle peut utiliser de préférence des matériaux biosourcés (bois, fibres…) ou écosourcés (terre du coin, lauze, pierres locales…), et limiter les interventions au maximum. Elle privilégie les circuits courts des entreprises, et sera donc adaptée localement en fonction des ressources humaines et des ressources en matériaux locaux. Globalement, toute l’architecture vernaculaire répond à cette définition, jusqu’au début des années 1970-1980. Quand on a commencé à importer des bois du Canada, c’est devenu un peu moins écologique. Si l’on atteint ce niveau-là, elle sera « frugale », « low-cost », mais sera-t-elle heureuse pour autant ?

Le « bonheur » se définit selon des critères très variables en fonction de la population visée et aussi de l’époque. En termes de classe sociale, de profession, de statut social, d’âge et de genre, d’origine culturelle et cultuelle, et aussi d’histoire personnelle. A travers le temps, on n’est pas heureux pour les mêmes raisons ni de cela même façon. Prenons l’exemple du tout-voiture. Le coût des infrastructures, de l’entretien des routes et des parkings, de l’impact sur l’environnement en termes de pollution et d’acheminement des ressources, rend cette option moins frugale et la ville low cost s’éloigne. Mais cela rend les gens heureux d’être en voiture et de posséder une voiture. À ce titre, la ville de Toulouse est un parfait anti-modèle de la ville low cost. C’est une ville peu sobre, peu efficace, peu économe, sans retenue d’où il ne ressort pas un sentiment de sagesse et de bienveillance. Cela est d’abord l’affaire de la politique de planification urbaine, mais aussi de tempérament et de valeurs. Lorsque par exemple, un week-end est consacré à la circulation de Ferrari au motif plus ou moins fallacieux de venir en aide aux enfants malades, le tout-voiture est exacerbé à travers la couleur rouge des véhicules de luxe non soumis à la ZFE (amendement Ferrari de la Commission du Parlement européen en 2022). 

En fait, pour une grande part de la population, le bonheur se définit à travers l’ostentation, la surconsommation et l’exhibition des richesses et de la prodigalité. Au contraire, la frugalité, ou le low cost exerce une frustration sur ces comportements exubérants et les modes de vie des citadins sont peu compatibles avec un esprit économe et sobre. La ville a d’ailleurs toujours été le théâtre de la démonstration et de la monstration. Comment, dans ces conditions, réussir à rendre la ville attractive et inclusive, c’est-à-dire, qui déploie à la fois des qualités de vie et une offre culturelle et démonstrative suffisante et sobre ?

On parle également de « ville inclusive » ou de « ville bienveillante », autant de termes qui se recoupent et qui donnent une direction vers où aller, alors que la catastrophe socio-écologique est en cours…

=> Aurélien Berlan, Terre et liberté. La quête d’autonomie contre le fantasme de délivrance, La Lenteur, 2021

=> Dominique Gauzin-Müller, Architecture frugale: 22 réhabilitations inspirantes en Occitanie, Autoédition, 2022

Anthropocène vs capitalocène

Pourquoi s’en faire, le monde ne s’est jamais porté aussi bien !

Nous sommes entrés dans l’ère des effondrements : acidification des océans, disparition massive des espèces animales, épuisement des ressources naturelles (pétrole, matières premières, terres rares, etc.), guerres pour maintenir les suprématies (géopolitiques et ressources), tempêtes climatiques extrêmes, pandémies virales globales, et tout cela depuis à peine 150 ans.

Pour certains, la responsabilité incombe à l’Homme dans sa globalité et c’est pour cela que l’ère se nomme Anthropocène. Anthropos, c’est l’Homme au sens large (il inclut la femme, les enfants, les vieillards, mais aussi les riches et les pauvres), et Cène qui est l’époque géologique. Ce néologisme est donc construit sur la base des ères géologiques et pourtant il s’adresse à une période déterminée par le machinisme ­et l’industrialisation qui est au cœur de la logique capitaliste. De plus, il s’agit d’une toute petite période qui peut être longue à l’échelle humaine, mais courte à l’échelle géologique. D’autre part, l’anthropos ne fait pas la distinction entre les pays en développement et les pays industrialisés, ni entre les peuples passifs et pacifiques et l’Occident. Or, l’industrialisation débute en Angleterre au XVIIIe siècle et s’étend en Occident, avant de rejoindre les pays qui s’industrialisent comme l’Amérique du Nord, l’Europe de l’Est et plus tard l’Asie. La logique qui sous-tend ce développement est la logique capitaliste. 

C’est pour cette raison que d’autres préfèrent nommer cette période le Capitalocène, en référence à Karl Marx qui a bien décrit les mécanismes du capitalisme qui tire de la plus-value un bénéfice cumulable. En reprenant la notion d’ère géologique, et en l’associant au préfixe Capital, ils pointent la responsabilité de notre situation au capitalisme et aux capitalistes. C’est en effet le capitalisme qui a massivement permis de détruire les ressources et de penser la Terre comme un objet de rentabilité et d’accumulation. Or, la Terre est un objet fini qui tourne sur elle-même. Et c’est les capitalistes qui sont au centre de cette logique d’accumulation sans limites. 

Les plus fervents capitalistes proposent aujourd’hui d’aller coloniser Mars et d’aller puiser de nouvelles ressources sur des météorites. Cependant, ne faudrait-il consacrer notre intelligence collective à restituer à la Terre sa capacité d’hébergement des espèces animales et végétales dans un esprit d’harmonisation global ?

Comme ce sont aussi les capitalistes qui dominent l’aire politique, économique, juridique et idéologique (à travers notamment une remoralisation du capitalisme), tout est fait pour dénier les évidences et dévier les responsabilités. Aussi les deux regards sur l’époque, anthropocène et capitalocène, ont tendance à s’opposer alors qu’elles devraient s’associer pour amorcer une transition réelle et effective. Pourrait-on s’accorder sur les faits et sur les causes ?

Soutenir une thèse, c’est apprendre à convaincre

Soutenir une thèse, c’est avancer des arguments permettant de faire adhérer un jury, non pas par persuasion, mais en arrivant à le convaincre.

Convaincre : « amener quelqu’un à reconnaître la vérité d’une proposition ou d’un fait » nous dit le dictionnaire (Petit Robert 2023). 

Persuader : « amener quelqu’un à croire, à penser, à vouloir, à faire quelque chose, par une adhésion complète (sentimentale autant qu’intellectuelle) » dit-il encore. 

Il y a une différence importante dans cette idée d’adhésion, mais lorsque je dis « faire adhérer un jury » il ne faut pas entendre adhésion complète, surtout d’un point de vue sentimental. Il s’agit d’avantage d’une adhésion intellectuelle. La persuasion a plutôt quelque chose à voir avec la médiatisation. On a tendance à croire ce que l’on voit à la télévision, et sur les réseaux sociaux, et à croire la parole des gens qui ont le plus de fans (followers). C’est un leurre. Un jeune sur six pense que la terre est plate, j’ai entendu ça à la radio ce matin.

Convaincre se concrétise par la méthode. D’abord, en expliquant comment on s’y est pris ou comment on s’y prend. Le choix de la méthode : qualitative ou quantitative. Le choix des questions, le choix de l’échantillon, la pertinence des uns et des autres, les croisements entre eux et avec d’autres sources. Cela amène à deux remarques : 

1. La méthode peut être bonne et le corpus mauvais. Y a-t-il un lien étroit entre la méthode et les ressources ? Pas forcément, on peut avoir une bonne méthode et ne pas trouver les bons informateurs. En sciences sociales, la qualité de l’informateur est une donnée difficilement gérable et qui ne dépend pas « que » du chercheur, sauf au moment de la sélection des informateurs. Pourquoi untel ou untelle ? L’âge, la profession, la disponibilité, l’accroche, le réseau, etc. 

Daniel Terrolle faisait remarquer que dans toute recherche, il y a toujours un informateur (ou deux) qui est systématiquement nommé parmi les autres membres et vers qui l’ont vous renvoie. C’est celui qui est le plus informé, celui qui sait tout, le plus bavard, vers qui les autres dirigent le chercheur. Il s’agit d’une sorte de médiateur désigné par tous les membres du groupe d’une façon consensuelle. Sait-il vraiment tout pour autant ? Et quel est ce rôle de médiateur ?

2. La méthode peut être mauvaise et le corpus bon. Parce qu’un informateur peut détenir une somme d’informations pertinentes, et incontournables, mais on n’a pas les moyens d’en tirer quelque chose. A remarquer aussi que l’information pertinente ne dépend pas « que » du chercheur. Cette deuxième approche laisse plus de place à la controverse chez un jury qui préférera apprécier la qualité de la méthode à la pertinence des informations. Toutes proportions gardées, il vaut mieux réussir les deux volets, mais une bonne méthode passe avant une bonne collecte, il me semble. En écrivant ceci, je me demande si j’ai raison, et s’il n’y a pas , finalement, un lien étroit entre méthode et données de terrain. Pour compléter cette réflexion, on pourra se plonger dans l’ouvrage de Patrick Gaboriau sur l’enquête de terrain.

=> Patrick Gaboriau, L’enquête sociologique. Sociogenèse du fait social, coll. Logiques sociales, Paris : L’Harmattan, 2019

Quel modèle pour le futur ?

Emmanuel Borghi Trio

En ce moment, je lis quelques livres en rapport avec la « transition écologique », c’est-à-dire en rapport avec la possibilité d’une extinction de l’espèce humaine (thèse Barrau), ou d’un effondrement du système économique (Collapsologie, Servigne), d’une catastrophe civilisationnelle (Berlan) ou d’une ethnographie des mondes à venir (Descola & Pignocchi)… Comme je lis lentement et aussi parce que j’ai d’autres occupations, ça n’avance pas vite. Mais il faut mieux avancer lentement car le constat partagé par tous est que nous avançons droit dans le mur.

Un être pessimiste aura tendance à penser qu’on ne peut rien y faire et qu’il faut mieux consacrer ses derniers instants aux plaisirs de la vie que procure le capitalisme. C’est un peu court, et pour les étudiants qui cherchent d’autres issues, il faut mieux réfléchir à deux fois avant d’avancer ce genre d’argument, et proposer une lecture critique et ouverte.

Certes, les données disponibles tant du point de vue du climat, des ressources naturelles, biologiques, des non-humains, de la pollution, etc. ne sont vraiment pas bonnes. Trop de CO2 dans l’air, pas assez dans l’eau, réchauffement de l’atmosphère plus rapide que prévu, effets incontrôlés du réchauffement des eaux qui du coup n’absorbent plus le CO2. Pollution aggravée des villes, responsable de milliers de morts par an, rien qu’en France, de millions à l’échelle de la planète. Système économique capitaliste en berne, annonçant des crises économiques (entreprises) et financières (banques). Disparition massive des espèces animales et végétales depuis cinquante ans. Etc, de quoi rester morose pour le reste de la journée.

Comme je n’ai pas fini le livre du philosophe Aurélien Berlan, Terre et liberté, mais qu’en même temps j’ai lu celui de Benoît Bohy-Bunel, Une critique anticapitaliste de la collapsologie, et que je termine celui de Descola & Pignocchi, Ethnographies des mondes à venir, j’ai quand même des choses à dire.

D’abord, qu’il faut être prudent avant d’avancer tête baissée dans un courant idéologique. Oui, chaque auteur est représentant d’un courant idéologique, et il faut mieux savoir où l’on pose un pied, histoire d’arriver en pleine conscience. Mais il faut poser ses pieds quelque part et sortir la tête du sable.

Le petit livre du philosophe Benoît Bohy-Bunel est tout à fait bien argumenté et limpide dans sa démonstration. Il reprend les thèses marxiennes pour contrecarrer la collapsologie, et dire que finalement, ce courant n’attend rien d’autre que l’effondrement inéluctable de la civilisation pour asseoir un retour au capitalisme avec ce qu’il restera. Par exemple, l’auteur écrit « qu’ils injectent dans leur futur post-apocalyptique les valeurs productivistes, comportementalismes et formalistes qui sont à la racine des crises du capitalisme contemporain » (p. 54).

J’ai donc demandé à Chat.JPT, une intelligence artificielle, de me répondre sur le problème de l’effondrement. Voici ça réponse :

« L’effondrement climatique fait référence à l’idée que le climat de la Terre se détériore rapidement et se dirige vers un état d’effondrement total. Ce terme est souvent utilisé pour décrire les conséquences potentielles d’un réchauffement planétaire continu, qui pourrait entraîner des dommages environnementaux de grande ampleur, tels que l’élévation du niveau des mers, des phénomènes météorologiques extrêmes et l’extinction de nombreuses espèces. L’effondrement du climat est une préoccupation sérieuse et il est important que les individus, les communautés et les gouvernements prennent des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atténuer les impacts du changement climatique. »

Translated with DeepL

Pris au jeu, j’ai ensuite posé la question de savoir si la bicyclette pouvait être un bon moyen de régler le problème de la planète :

« Les bicyclettes peuvent constituer un élément important d’un système de transport durable, car elles sont non polluantes, à faible émission de carbone et à propulsion humaine. La bicyclette peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la pollution atmosphérique et la dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Elle favorise également l’activité physique et la bonne santé, et peut réduire les embouteillages et les accidents.

En outre, l’utilisation de la bicyclette comme moyen de transport peut également présenter d’autres avantages, comme la réduction de l’usure des routes, la réduction de la pollution sonore et la création d’une communauté plus vivable et plus facile à marcher [là il y a un bug mais on comprend l’idée].

Il convient toutefois de noter que la bicyclette ne suffira peut-être pas à elle seule à résoudre les problèmes de la planète en matière de changement climatique et de pollution, car il est important d’adopter une approche globale comprenant d’autres mesures telles que l’investissement dans les énergies renouvelables, la réduction de la consommation et des déchets, la promotion d’une utilisation durable des sols et bien d’autres actions. »

Translated with DeepL

Je ne l’aurai pas dit mieux moi-même. L’intelligence artificielle peut-elle aider à prendre une décision, ou à assumer sa pensée ?

En conclusion de ce billet, vous trouverez un lien logique avec la pochette du CD d’Emmanuel Borghi à savoir : arroser les bonnes graines.

=> https://chat.openai.com/chat

Une rustine sur la ville

On ne peut faire l’économie de sa lecture

Disons-le tout de suite, l’ouvrage assez médiatisé, bon marché, est rédigé à deux voix par la présidente de l’Ordre national des architectes et un urbaniste, ressemble à un manifeste d’urbanisme. Tenter de vouloir réparer la ville, c’est apposer une rustine là où le bâti se dégrade, lorsqu’une friche est à combler, là où la « densification douce » permet d’ajouter du toujours plus là où il faudrait peut être un peu moins. Ce texte compte de bonnes propositions, mais il part d’un postulat erroné, de mon point de vue, d’où découlent forcément des solutions mal adaptées puisque ne remettant pas en cause le principal problème.

Les huit chapitres de ce recueil de 90 pages offrent un éventail de réflexion en cours, lesquels se terminent par des propositions (d’où le manifeste). En préambule, l’architecte et l’urbaniste se présentent et expliquent leur démarche centrée sur la « transition dont on parle beaucoup ». Ici, l’emploi du « on » très critiqué chez les étudiants est abondamment utilisé pour englober le discours (ou le noyer) dans un collectif qui ne dit pas son nom. « On ne réfléchit plus…, on devrait…, on parle beaucoup…, on pense…, on fabrique…, on a des responsabilités.., tout cela en deux paragraphes. Certes, nous vivons « un siècle incertain » et « les crises nous imposent de changer de modèle ». Mais selon moi, il n’est pas clairement identifié. 

Pour preuve, le premier chapitre tente d’identifier le problème qui est réduit à trois crises : celle du climat, celle des ressources et celle de la biodiversité. Nous pensons à juste titre, et pour avoir lu d’autres ouvrages, que ces trois crises sont le résultat d’une crise du capitalisme qui les englobe toutes les trois. Si l’on omet de préciser ce détail, alors nous pouvons essayer de régler chaque crise en adoptant une réponse technique qui ne sera apposée qu’une rustine à un problème plus général, plus vaste, et plus complexe. 

Évidemment nous sommes d’accord avec les auteurs lorsqu’ils pointent ces problèmes et lorsqu’ils écrivent que « nos modèles de ville participent aussi activement à la crise climatique ». Mais si l’on ne pointe pas l’origine de cette crise climatique, à savoir les effets délétères du capitalisme, comment diminuer la production de gaz à effet de serre ? L’imperméabilisation des sols est le résultat de la politique du tout voiture et de la bétonisation des villes, lesquels participent à l’accumulation des richesses, et à l’absence du partage des espaces. La ville est gourmande, mais le problème n’est pas posé : pourquoi nos villes croissent-elles sans cesse ? La ville est-elle le seul modèle vivable lorsqu’elle-même devient invivable ? Nous avons vu qu’en pleine pandémie, les plus riches repartaient à la campagne. La ville serait donc le ghetto des pauvres ?

Et puis il y a des choses agaçantes comme dans le chapitre deux lorsque l’architecte énonce « qu’il y a un attachement français à la propriété où chacun possède son jardin et sa voiture, sa buanderie ». C’est aller un peu vite et oublier que 24% des ménages possèdent 68% des logements et que 42% des ménages ne possèdent aucun logement (source Insee, 2021). Aussi lorsqu’il est question d’habitants ou de citoyens, rien n’est précisé sur leur qualité au regard de leur statut de propriétaire ou de locataire. Ce n’est pas la même chose, et « l’urbanisation douce » dont il est question et qui consiste à ajouter du bâti dans « les espaces vides » (jardin, toit, etc.) ne sera pas vécu de la même manière par un propriétaire ou un locataire. La densification douce, heureuse ou dure, reste de la densification. 

A un autre moment, l’urbaniste écrit : « nous avons pléthore d’équipements publics aux horaires d’ouverture étriqués qui pourraient servir plus ». Cette idée a été récupérée chez Carlos Moreno, qui prône l’utilisation des écoles pour d’autres activités le soir, le week-end ou pendant les vacances. Cette idée qui consiste à récupérer de l’espace est absurde et renvoie à l’idée d’optimisation de l’espace, c’est-à-dire à la densification de l’espace à travers le temps. Et comme chacun le sait, le temps c’est de l’argent. L’optimisation du temps et des lieux est une idée faussement bonne. 

D’abord parce que chaque lieu est la propriété d’une personne morale, une commune, une institution, une entreprise, et que partager l’espace nécessite de définir les responsabilités d’affectation et d’usage. Penser qu’un bureau de poste va mettre à disposition une salle de réunion après 18 heures, puis servir de réfectoire la nuit pour les personnes à la rue, et se transformer en salle de cours le week-end, renvoie à cette idée de polyvalence qui existe déjà à l’échelle communale, mais difficile à réaliser avec des bureaux. 

Reste que les propositions avancées témoignent d’un bon sens que chacun doit prendre en compte dans sa réflexion sur la « transition, bifurcation, redirection ou révolution ».

Le troisième chapitre met l’accent sur les incohérences administratives à l’échelle européenne, avec la libre concurrence des marchés. Les auteurs abordent le problème du béton, responsable des gaz à effet de serre à hauteur de 8%, et proposent de penser en termes de circuits courts, tout en insistant sur l’utilisation des matériaux biosourcés et géosourcés. Est-ce là une solution ? Comme le souligne ailleurs Aurélien Barrau, la technique n’est pas la solution à tout, un peu comme ces gens qui pensent que la science ou même Dieu viendront au secours de la civilisation (certains pensent même que les extra-terrestres viendront au secours de la Terre). La politique de l’autruche n’a jamais rien résolu. Sans un changement des mentalités et du système de valeur, il n’est pas envisageable de changer quoi que ce soit. 

Reste que ces propositions sont évidemment à prendre, car elles peuvent être à l’origine d’un bouleversement des pratiques. Le chapitre quatre aborde la question du logement neuf, et des inégalités dans les mobilités. Les cinq propositions qui clôturent ce chapitre restent clampées sur une vision néolibérale de la ville et de la construction. « Multiplier les innovations en termes de financement » revient à proposer un crédit à taux zéro pour les ménages les moins riches, et faire disparaître le sol de la propriété revient à ne faire payer que le bâti, comme en Angleterre où la propriété privée n’est jamais acquise. Mais il n’est rien dit sur le gel des loyers ni sur le contrôle du prix du mètre carré et de la spéculation foncière.

Le chapitre cinq ne propose là encore que des solutions techniques. Si la désimperméabilisation des sols devient une évidence, ou créer une nouvelle canopée, rien n’est dit sur qui habite la ville, en dehors d’une image d’Épinal de la famille modèle allant pique-niquer le dimanche dans la parc voisin. C’est intéressant de concevoir l’extérieur comme un prolongement de l’habitat, mais à qui s’adresse ce modèle ?

Disons tout de suite que je n’ai pas de solution, et que cet ouvrage abonde d’idées qu’il faut prendre en compte, qui servent de point de départ. Le sixième chapitre pourrait être qualifié de « chapitre bobo » où l’on voit la mère de jeunes enfants circuler à vélo cargo, pour aboutir à la proposition d’interdire la circulation aux abords des écoles ?? Cette injonction morale est à la fois curieuse et étrange (au sens ou curieux et étrange n’auraient pas tout à fait le même sens). De même que « créer des réseaux de pistes cyclables sécurisés à l’échelle de l’agglomération » relève d’une idée fausse en matière de déplacement et de relation vélo-voiture. Des études ont montré qu’en séparant le vélo de la voiture, on rend beaucoup plus vulnérable des vélos isolés qui choisissent de circuler sur la route. Cette dernière ne peut être la seule voie royale de la voiture, et je vois comme une contradiction à vouloir réduire ou supprimer la voiture en ville et aménager des pistes cyclables. N’y aurait-il pas intérêt, plutôt, à réconcilier le vélo et la voiture en établissant un dialogue et en rendant le vélo visible ? 

On pourrait discuter d’une donnée groupée faisant état de 438 décès entre les piétons et les cyclistes en 2019. Ce chiffre est peut-être dû à une extraction du nombre de piétons tués en 2019 (483) ajouté au nombre de cyclistes tués (187), dont moins de la moitié l’ont été à la campagne. Le « zéro accident » n’est strictement pas possible et pour avoir étudié la mortalité cycliste depuis l’instauration de statistiques, je peux dire que le nombre de tué a considérablement diminué depuis des années 1970, et qu’il apparaît comme incompressible sous un certain seuil. Ne serait-ce que parce que 70% des chutes sont le fait du cycliste seul. La chute pouvant entrainer la mort, il est impensable de vouloir réduire cette donnée à zéro. Même si, comme le prétendent nos auteurs, le vélo a le vent en poupe, et pourrait reconquérir les rues, ils restent campés sur la promotion des infrastructures sécurisées. Cela relève, de mon point de vue, plus du fantasme que de la réalité, et ne supprime pas les points chauds ou les nœuds urbains qui sont, à un moment ou à un autre, des points d’insécurité essentiels non résolus.

J’ai d’autres arguments dans ma besace, et pour celles et ceux qui souhaiteraient prolonger cette réflexion, je vous invite à lire le texte de Pierre Légaré, Rien, Stanké, 2001, pp. 36-39 (Je le déposerai un jour sur le blog).

Si le vélo peut être un bon moyen de reconquérir la ville, il ne doit pas se superposer à la voiture, mais construire un dialogue avec la voiture. L’opposition franche aboutirait au développement d’une population très réfractaire au vélo, qui ne supporte pas le vélo, et qui parfois, provoque des accidents. 

Il reste deux chapitres, et pour aujourd’hui, ce bilan est tout de même assez encourageant. Il y a des raccourcis, des approximations et des idées reçues, mais tout le mérite revient à exprimer des idées et des propositions qu’une ville apaisée sera en mesure d’écouter. 

=> Christine Leconte et Sylvain Grisot, Réparons la ville ! Propositions pour nos villes et nos territoires, Rennes : Ed. Apogée, 2022

=> Pierre Légaré, Rien, Montréal : Stanké, 2001

Je ne te demande pas si ta grand-mère fait du vélo ?

Fernand Léger, 1950

Pour clore cette année 2022, une note d’humour et de réflexion à propos du vélo. Fernand Léger (1881-1955) s’est penché sur cet objet technique comme beaucoup d’artistes contemporains de son époque. On a pu voir cet été au musée Soulages de Rodez une exposition temporaire rétrospective de la vie de l’artiste, aux côtés de Pierre Soulages (1919-2022). Le prince de l’outrenoir laissait place aux couleurs chatoyantes de Léger, pour des mises en scènes de la vie quotidienne comme au travail. Nous voyons peut être avec ces deux gouaches une évocation émancipatrices de la femme chevauchant le cadre d’un vélo (sans doute de cirque).

Dans les années 50, le vélo était encore perçu comme un engin de déplacement pour les classes populaires, un objet de loisir pour les randonneurs et le cyclotourisme, et bien sûr comme un objet fétiche des courses cyclistes avec notamment les critériums dans les vélodromes et les compétitions par étapes symbolisées par le Tour de France. Trois aspects de la bicyclette qui produiront trois dimensions sociales et historiques entremêlées et indépendantes à la fois. Aujourd’hui, les enjeux pour des villes saines et durables font du vélo l’objet indispensable des programmes écologiques. Des discours à la réalité, 2023 nous montrera si le fossé se rétrécit ou bien s’il s’éloigne.

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