Les perles du bac 2012

trigonométrie des nulsParce qu’une collègue correctrice m’a fait suivre ses plus belles découvertes comiques, j’en profite pour partager avec vous quelques perles issues de la fournée 2012 du BAC. Hélas, l’histoire ne nous dit pas qu’elle est la note finale obtenue par ces petits rigolos en herbe !

« Les végétaux fixent l’oxygène sur leur feuille grâce aux globules verts. »

« Nous verrons, dans un premier temps, en quoi le travail peut-il être présenté comme indispensable et, dans un second temps, nous se savons pas encore exactement quel sera notre propos mais nous vous promettons qu’il se révélera de nature particulièrement philosophique. »

« L’accumulation du capital n’a pas grand intérêt pour la croissance économique. En effet, une capitale par pays suffit largement, et nous coûte déjà assez cher en impôts. »

« Les nazis ont commis des crimes humanitaires. »

« Au Japon, le manque de place oblige les autorités à construire des aéroports sous-marins. »

« La poésie satirique c’est une poésie qui développe un culte au satire. »

« Les pays pauvres se sont quasiment tous rassemblés en Afrique. Il aurait plutôt dû se rapprocher des États-Unis, comme l’ont fait le Mexique et le Canada. »

« D’ailleurs, par la suite, De Gaulle est devenu un porte-avion. »

« Pour être heureux, l’homme doit aller en Laponie car là-bas, la nature est encore intacte et ses désirs ne sont donc pas influencés par les autres (pour Épicure, l’homme doit tendre vers l’aponie = la paix du corps et vers l’ataraxie = la paix de l’esprit). »

« La poésie, si elle est bien tournée, permet de critiquer la société sans que le lecteur comprenne quelque chose. »

Vous noterez que certaines de ces perles ne sont pas dépourvues d’un certain bon sens 🙂

Pour les plus friands vous en trouverez encore bien d’autres sur le site des perles du BAC.

Les dix droits du lecteur

En grande amatrice de Daniel Pennac, je vous propose de revenir sur les 10 droits des lecteurs ou que faut-il faire, et surtout ne pas faire, pour que les enfants prennent goût à la lecture:

10 droits du lecteur1 – Le droit de ne pas lire
Lire sous la contrainte ne peut pas être un plaisir. C’est au contraire une cause importante de désertion.
2 – Le droit de sauter des pages
Se forcer à lire toutes les descriptions à souvent été le meilleur moyen pour abandonner une lecture.
3 – Le droit de ne pas finir un livre
Se forcer à terminer un livre que l’on ne veux pas lire, c’est s’empêcher d’en commencer un autre qui nous plairait bien plus.
4 – Le droit de le relire
Si tu l’aime, relie-le, tu découvrira de nouvelles choses à chaque lecture.
5 – Le droit de lire n’importe quoi
Tout les livres ne sont pas bon, mais chacun est libre de choisir ce qui lui semble bon pour lui.
6 – Le droit au Bovarysme
Oui, un livre peut vous faire rêver et vous pouvez désirer que ce rêve devienne réalité; c’est ça vivre un livre.
7 – Le droit de lire n’importe où
Il n’y a pas de mauvais endroit pour lire, alors pourquoi s’ajouter une telle contrainte ?
8 – Le droit de grappiller
Si vous ne voulez lire qu’un petit bout du livre, allez-y, ce sera peut-être l’occasion d’avoir envie de lire le livre en entier.
9 – Le droit de lire à haute voix
Entendre sa lecture peut aider à la lecture alors pourquoi s’en priver ?
10 – Le droit de se taire
Une lecture reste une expérience personnelle et intime et il nous appartient de la partager avec les autres ou de la conserver pour nous-mêmes.

En respectant ces dix droits, vous donnerez aux enfants, comme à tout lecteur, toutes les chances de trouver un livre qui lui plaît et de prendre goût à la lecture.

Mini-prime pour les professeurs des écoles

vincent peillonCela fait quelques temps déjà que l’on entend parler d’une prime que toucheraient prochainement les professeurs des écoles et, dans le brouhaha médiatique permanent, l’on parlait approximativement d’une somme de 400€ par an.

Il n’en sera finalement rien si l’on en croit Vincent Peillon, qui est, paraît-il, bien informé. Ce dernier à laissé entendre dimanche, lors d’une émission sur RTL, que cette fameuse prime pourrait s’élever, accrochez-vous bien, jusqu’à la magnifique somme de 100€ par an ; soit environ 8€ supplémentaires par mois : Youhou!

Les mauvaises langues habituelle vont encore nous répéter que les enseignants ne méritent pas de prime et qu’ils sont déjà bien trop payés, je me permettrais donc de rappeler quelques éléments factuels. Tout d’abord, les professeurs des écoles sont bien moins payés que la moyenne de ceux des pays de l’OCDE (-36%). Ensuite, les enseignants du primaire travaillent plus que la moyenne de l’OCDE (140 heures de cours de plus par an). Enfin, en pleine crise des vocations, alors qu’il est communément admis que les enseignants sont insuffisamment payés et qu’ils peinent donc à intéresser et recruter de nouveaux talents (voir la chute du nombre de candidat aux concours), une revalorisation des salaires semble d’une urgente évidence.

temps de travail des enseignants

C’est donc, finalement une enveloppe de 62 Millions d’Euros qui sera distribuée au titre de cette prime et, naturellement, les plus bas salaires seront prioritaires. Bref, en plus d’une somme ridiculement basse, elle ne sera même pas destiné aux professeurs des écoles, mais en priorité aux agents de catégorie C et aux personnels de médecine scolaire. Dans le meilleur des cas, les instituteurs toucheraient donc une mini prime annuelle de 90€.

Et cerise sur la gâteau, parce que ce serait trop facile de ne pas fâcher les syndicats, le ministre voudrait que cette prime soit versée en fonction de « l’évaluation pédagogique des élèves, la concertation en équipes pour mettre en place les projets éducatifs territoriaux, l’accueil des handicapés et le dialogue avec les familles ». Ainsi, tous les enseignants ne seront pas logés à la même enseigne et l’on va encore devoir se reposer la question des moyens d’évaluer de manière consensuelle les résultats sur ces différents domaines. Oui les syndicats vont s’y opposer et ce, d’autant plus que nos collègues des collèges touchent, eux, une prime de 1200€ par an sans aucune condition de mérite particulière et avec un nombre d’heures de cours à préparer inférieur d’un tiers.

Ne serions-nous donc pas tous logés à la même enseigne ?

Merci Lepoint.fr pour la source du graphique

Son fils ne sait pas envoyer une lettre

envelopeMais dans quel monde on vit ? Comment imaginer une seconde qu’un jeune homme ayant de bonnes notes, ayant obtenu son baccalauréat, pratiquant un peu le codage informatique et tapant quasiment 60 mots par minute rien qu’avec ses pouces puisse ne pas savoir envoyer une lettre ?

Dur retour à la réalité pour le père de ce garçon américain qui, un jour, propose à son fils d’écrire une lettre à sa grand-mère, et qui reçoit en guise de réponse une enveloppe avec un timbre à l’envers dans un coin, un bout d’adresse sans nom de destinataire dans un autre et pas d’adresse de retour.

– « Mais si je mets notre adresse sur l’enveloppe, ils ne vont pas me renvoyer cette enveloppe, si ? »

Et le père de se demander comment ils en sont arrivé là : « Sa mère, peut-être, ou le système scolaire public ? ». Aucune remise en cause personnelle ? Environ 18 ans sans jamais lui avoir faire écrire un courrier, mais ça va encore être la faute de l’école…

D’après vous, savoir remplir une enveloppe de nos jours, compétence inutile ou un savoir-faire à sauvegarder absolument ?

Consultez ce fait divers dans la langue de Shakespeare.

Gérer autrement les enseignants?

CdCAlors que certains jugent que le ministre de l’Éducation Nationale, qui voulait refonder l’école, ne va pas assez loin avec ses réformes, voici que la Cour des Comptes vient enfoncer le clou et proposer une réforme en profondeur de la répartition des moyens, et principalement des moyens humains au sein du système scolaire (Gérer les enseignants autrement). Plus qu’une réforme, c’est même une remise à zéro des compteurs que propose la CdC.

Je vous épargne le chapitre habituel que l’on sert à la Cour des Comptes à chaque fois qu’elle se penche sur un nouveau sujet (« Ils ne sont pas spécialistes du domaine étudié »,« Ce sont des énarques dans leur tour d’ivoire qui n’y connaissent rien », « Qu’ils s’occupent de surveiller les magouilles des politiques au lieu de dire des bêtises sur notre domaine d’expertise à nous », …) et je vais plutôt regarder les principales conclusions auxquelles les mènent leurs réflexions (quelle qu’en soit la qualité).

Tout d’abord, d’après la Cour des Comptes, l’éducation ne va pas bien. Elle s’appuie notamment sur les études internationales pour dire cela, études que nous avons nous-même déjà critiqué par le passé (Voir Nos enfants savent-ils lire ?) ; argument qui peut donc laisser songeur. Ils s’appuient également sur le constat que le nombre de candidats aux concours de l’enseignement diminue fortement. Ce signe de malaise rappelle que notre profession ne fait plus rêver. C’est même une sévère crise des vocations qui a lieu, d’autant plus étonnante que le statut d’enseignant, en période de crise économique aiguë, devrait être particulièrement attractif. Est-ce la dégradation de la formation des enseignants qui fait fuir la jeunesse ? Est-ce l’assurance qu’ils ont de se retrouver ensuite lâchés dans une école difficile et face à une classe intenable ? Est-ce le salaire peu attractif au regard du nombre de dépressions que cette profession génère ? La question a le mérite d’être posée.

Concernant les solutions, la Cour des Comptes propose plusieurs choses dont les points les plus notables sont les suivants :

Plus les élèves sont en difficulté, plus on met d’enseignantsla CdC

La mesure phare est sans conteste celle de mettre plus d’enseignants là ou il y a plus de difficultés. On rompt ici avec la tradition de l’égalité de tous face au système scolaire en cherchant clairement à mettre fin a une situation intrinsèquement injuste. Deux fois plus de moyens, si ça ne diminue pas d’autant les effectifs là où le système fonctionne, pourquoi pas.

Un salaire proportionnel au travail, pas au diplôme

Plus polémique, la Cour des Comptes pointe du doigt la différence de salaire entre les enseignants titulaire d’un CAPES et les agrégés qui ont un salaire de 15% supérieur pour un service de 30% moindre. Ils proposent notamment de proposer de meilleurs salaires à ceux qui choisissent la difficulté ou qui prennent des responsabilités. Coup dur pour les détenteurs d’une Agrégation… Ou alors l’état à les moyens de revaloriser tout le système par le haut ?

Décentraliser les enseignants

La Cour préconise également de changer le mode de répartition du travail. Terminé le nombre d’heures de cours à assurer, on définirait désormais un nombre d’heures de travail annuel et des missions, et tout serait géré au niveau de chaque établissement. Les enseignants pourront donc avoir des missions et une organisation différentes selon l’établissement dans lequel ils travaillent, et il deviendra impossible de réformer les choses depuis le ministère… Il y a des syndicats qui ne vont pas aimer ça. De même, plus de concours national, mais des concours par académie pour le secondaire. Et puis une évaluation davantage en continu, voire en auto-évaluation. Encore un motif pour que le grand public dise que les enseignants ne sont pas évalués comme tout le monde.

Bref, on le voit bien, la Cour des Comptes propose des pistes de réflexions pleines de bonnes intentions dont certaines étaient déjà prévues dans les projets de réforme de Monsieur Peillon, mais ont été mal accueillies. Car en effet, une telle transformation du système exigerait un soutien massif du monde enseignant et ça, ce n’est n’est vraiment pas gagné.

Et vous, quelle proposition vous fait rêver ?
Quelle proposition vous fait bondir ?

Chers parents d’élèves…

article rue89Vous avez tous déjà lu cette tirade qui a fait sensation sur la toile hier: Chers parents d’élèves, vous nous emmerdez. Le ton y est volontairement trash afin de susciter la réaction, mais le fond n’en pose pas moins question.

Je le constate dans ma pratique quotidienne du professorat, les relations avec les parents sont de plus en plus difficiles et les parents apportent plus que jamais les soucis de leur famille à l’école. Oui, les parents, parce qu’ils ont tous été élèves à l’école, pensent mieux connaitre notre métier que nous. Oui, ils prennent le plus souvent parti pour leurs enfants contre l’équipe pédagogique, attaquant ainsi inexorablement notre crédibilité et notre autorité. Oui, l’autorité administrative ne nous encourage pas à tenir bon face à cette tempête, mais plutôt à courber l’échine. Oui, cela est parfois très désagréable à vivre et même franchement décourageant. Je comprends donc le cri de colère qu’a voulu soulever notre collègue enseignante. Je tempérerais cependant en rappelant que non, ce ne sont pas tous les parents et, surtout, si au moins tous les parents, sans devenir aussi envahissants, pouvaient s’intéresser un tant soit peu à la scolarité de leur enfant et daigner répondre à nos nombreuses demandes de prise de contact. Car n’oublions pas qu’il vaut mieux un parent qui nous em***de qu’un parent absent. Enfin bref.

Il faut cependant être lucide. La société est de plus en plus individualiste et consommatrice de service. Nous ne sommes, pour les parents, qu’un service de plus qu’ils paient (indirectement) pour s’occuper de leur si chers enfants. On les a éduqué à être très exigeant pour tout ce qui touche à leurs enfants (c’est ainsi que la société juge si vous êtes un bon parent ou non) et nous pâtissons clairement de ce changement culturel évoluant vers le si fameux culte de l’enfant roi.  Nous ne pourrons pas lutter à notre niveau contre ce mouvement sociétal de fond. Les choses vont donc être, très logiquement, de pire en pire.

Nous ne changerons pas les parents, mais quand changerons-nous enfin les enseignants afin de les adapter à cette nouvelle situation ?

Si la société et donc l’état veut que les choses fonctionnent désormais ainsi, que les enseignants travaillent pour des parents-clients exigeants et aient à leur rendre des comptes (avoir une activité continue de communication à destination des parents) et à leur proposer des services (aide aux devoirs, suivi des activité en temps réel, …), il va falloir que les missions des professeurs changent, que l’on nous dégage du temps pour ces nouvelles missions et que l’on nous y forme sérieusement ! Si notre métier change, il va falloir également revaloriser nos salaires, mais surtout, puisqu’il nous faudra plus de temps pour nous occuper des parents, ce sera au détriment des enfants et il faudra donc embaucher plus d’enseignants pour compenser. Difficilement imaginable en période de disette budgétaire ?

bonnet aneLa seule alternative crédible serait de sacraliser l’école et de définir dans quelles conditions les parents pourront interagir avec. Bouter les parents hors de l’école il n’en est pas question, cela ne fonctionnerait pas et ne serait pas bénéfique pour les enfants. Il faut au contraire une véritable relation de confiance entre le parent et l’école afin que chaque parent se sente intégré à l’équipe pédagogique. Cela pourra établir clairement ce que les enseignants doivent aux parents et ce que les parents doivent aux enseignants, quelles sont les modalités de fonctionnement de cette nouvelle relation et tracer une belle ligne jaune que les parents ne devront pas dépasser.

Bref, à quand un cahier de suivi des parents avec une amende au bout de trois punitions contestées ?