Donnée Commentée

J’ai décidé de partir d’une des données que nous voulions recueillir avant notre stage qui est « Se concentrer sur les supports (exemple : livres) et voir comment ils peuvent influencer ou non l’intégration de la diversité culturelle dans la classe ? Sont-ils faits/choisis dans le cadre d’un projet qui intègre la culture d’autrui ? ».

J’ai eu l’occasion lors de mon stage d’assister à une séance sur la production d’un conte par des binômes d’élèves qui devait comporté des caractéristiques chinoises. Cette séance s’inscrit dans un projet de classe sur l’étude des contes chinois et la découverte de la culture chinoise à travers ce support. Elle a été menée en décloisonnement, par l’enseignante de CP et une enseignante présente dans le cadre du programme Plus de Maitre Que de Classe. Avant mon arrivée dans la classe, les élèves avaient travaillé plusieurs séances sur des contes chinois avec les enseignantes, d’abord en lisant des contes très variés sous forme d’albums, puis en établissant les caractéristiques de la construction de ces contes. Les contes étudiés par les élèves sont Le Génie du Pousse-Pousse de Jean Come Nogués, Le prince tigre, Lian, Petit Aigle et Mao et Moi de Chen Jiang Hong, et Le cheval magique de Han Gan.
Ces contes devaient se composer des « ingrédients » suivants: un animal, un enfant (décrire son histoire, dans la plupart des contes étudiés les enfants étaient pauvres, ou avaient un contexte familial difficile, leur histoire était triste), le lieu du conte (décrire le paysage, inventer des noms), une rencontre qui amenait à la découverte d’un talent, d’une passion pour l’enfant, un ou des ennemis, une lutte, et une fin. Ces « ingrédients » sont issus des ressemblances que les élèves avaient pu établir entre les différents contes étudiés avec leurs enseignantes.

Lors de cette séance j’ai pu observer différentes attitudes des élèves face à cette production. Certains se basaient essentiellement sur les contes qu’ils avaient lu par exemple pour le choix de l’animal typiquement chinois (dragon, tigre) présent dans les livres, d’autres ne se conformaient pas aux ingrédients demandés par les enseignantes ce qui amenaient parfois à un manque de cohérence dans leur histoire, par exemple un binôme d’élève avait décidé que leur enfant vivait dans un orphelinat sous-marin et qu’il rencontrait un tigre (Comment ? Pourquoi ? les élèves ne savaient pas répondre). Certains élèves étaient au contraire très investi et très imaginatifs, ils étaient complètement libres de construire cette histoire comme ils l’entendaient tant que cela respectait les caractéristiques du conte chinois. Par exemple, un binôme de deux élèves avait décidé de se baser sur le conte Mao et Moi au début, mais se sont éloignés du conte progressivement lorsque j’ai discuté avec elles. Elles ont donc choisi un enfant riche (contre-parti des autres contes) mais abandonné par ses parents qui travaillaient trop, ce qui le rendait triste, il rencontre un jour une poule qui lui enseigne la magie, cette poule est en réalité un dragon qui se fait tuer par un général jaloux des connaissances magiques de l’enfant. On est ici face à des idées originales mais qui s’appliquent à l’instruction d’origine. Selon les élèves, l’intérêt pour la culture chinoise est très variée, si ces deux dernières élèves étaient passionnées par l’histoire de la Chine (présente dans le conte Mao et Moi), d’autres se désintéressaient complètement de cette culture, ce qui ressortaient de leur production.

Au delà de l’intérêt de l’enseignement du français (production d’écrit, étude du conte), on voit un vrai intérêt des enseignantes à faire découvrir la culture chinoise en l’approchant par les contes, ce qui amène à une intégration de cette culture par un investissement personnel des élèves.