Introduction ERCAPP

Lorsque j’ai observé en début d’année de Master Meef les sujets proposés pour mener l’ERCAPP, une thématique m’a tout de suite intrigué : les compétences interculturelles à l’école. En effet, dans le descriptif de cet atelier, plusieurs thèmes me semblaient en adéquation avec ce que je souhaiterais faire en classe : amener les élèves à se questionner et puiser dans des cultures parfois éloignées des leurs. D’autre part, la dimension pluridisciplinaire de cet atelier me paraissait pouvoir intégrer l’un de mes domaines de prédilection : la musique. Après les premières séances d’atelier, il m’a fallu choisir une thématique qui pourrait m’apporter des éléments pour une pratique de classe mais également avec laquelle je pourrait prolonger mes connaissances préalables. Après avoir discuté avec les autres personnes de l’atelier, une thématique m’a semblé à la fois claire et riche à explorer : les supports de l’interculturalité. Avec mon collègue, qui par ailleurs possède le même attrait pour la musique et la littérature, nous nous sommes décidés pour poursuivre notre travail dans cette direction.

La collaboration s’est effectuée de manière très efficace car nous avions déjà tous les deux l’expérience de la recherche durant nos études antérieures. Ainsi, notre problématique a émergé sur le questionnement de la pertinence de l’utilisation de certains supports pour une pratique interculturelle efficace à l’école. De part notre intérêt pour la pratique de l’éducation musicale à l’école, nous avons pu faire un focus sur cette pratique en classe et sa possible appropriation pour les élèves comme vecteur d’altérité. Nous avons pu ainsi directement observer et pratiquer cette thématique dans nos stages de pratiques accompagnées. Nous allons ainsi voir comment nous avons procédé pour étudier les supports d’apprentissages menant à une pratique interculturelle en classe.

Questionner l’interculturalité, l’altérité, les compétences culturelles, implique d’étudier l’objet de ces concepts, la matérialisation concrète des transferts opérés par les individus concernant l’interculturalité. Cette matérialisation est opérée à l’aide de supports, de vecteurs permettant à l’individu de transférer son « moi » vers « l’autre » pour créer une inférence interculturelle, un impensé d’altérité. Notre société actuelle, de part la mondialisation opérée par les flux de biens et de personnes, met en évidence le questionnement de l’interculturalité avec des perspectives encore difficiles à analyser car il est encore ardu d’avoir un point de vue objectif quant aux conséquences sur les sociétés et les individus de ces flux. Pour discerner les composantes et les enjeux de l’interculturalité, il est tout d’abord nécessaire d’expliciter en prédicat ce concept et d’en saisir le cadre. Pour clarifier les multiples notions liées à l’interculturalité, nous nous sommes appuyés sur le travail de Christian Puren, La compétence culturelle et ses composantes in «Parcours de formation, d’intégration et d’insertion: La place de la compétence culturelle», et plus particulièrement sur les cinq piliers qu’il énonce dans un tableau récapitulatif des mécanismes en jeux dans la compétence culturelle à savoir les composantes : trans-culturelles ; méta-culturelles ; inter-culturelles; pluri-culturelles et co-culturelles. Ce travail permet de distinguer les processus à l’œuvre dans les échanges culturels des individus et les transformations opérées dans ces échanges.

Ce cadre va nous permettre de mettre au premier plan la thématique qui nous intéresse à savoir : la nature et l’utilisation des supports de l’interculturalité. Ne pas étudier ces supports serait occulter la nature des échanges liés à l’altérité, ne pas identifier le transfert opéré entre les individus entre eux. Nous pouvons alors nous poser plusieurs questions pour étayer notre problématique.

Quels sont les différents supports permettant la mise en place de interculturalité ? Quels processus cognitifs sont mis en jeux dans l’utilisation de ces supports ? Y-a-t-il des supports favorisant la découverte de l’autre pour dépasser l’approche méta-culturelle ? Comment utiliser au mieux ces supports notamment en école primaire ?

Nous allons voir dans un premier temps qu’il existe de nombreux supports identifiables pour mettre en place le socle du développement de pratiques interculturelles. En catégorisant, nous pourrons déterminer six supports dont nous expliciterons les intérêts et les approches possibles. Dans un second temps, nous nous attacherons à détailler deux supports en particulier, le support auditif et plus particulièrement la musique ; le support écrit par l’utilisation du conte comme vecteur d’interculturalité. Ensuite, nous mettrons en perspective notre analyse de ces supports pour voir quelle approche il est possible d’en faire à l’école primaire en lien avec le stage de pratiques accompagnées que nous avons tous deux effectué en cycle 3 au sein d’une classe de CM1. Cette approche nous permettra d’observer en quoi il existe de nombreuses démarches à mettre en place avec les élèves pour activer des processus d’interculturalité. Nous mettrons également en évidence les limites inhérentes à l’approche interculturelle dans une classe mais également dans une société complexe, toujours en mouvement. Enfin, nous présenterons le recueil de données que nous avons réalisé à ce sujet durant notre stage durant la première année du Master.