Succès, traces, enjeux toujours d’actualité
La presse s’est faite l’écho de l’exposition du « Modèle noir d’Achille à Zineb » au musée d’Orsay.
On retrouvera des restitutions et des interviews des professeurs, de même qu’un lien vers l’émission Être et savoir sur France culture dédiée à ce remarquable projet, sur le site de l’académie de Paris : https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p2_1878315/-modele-noir-des-eleves-exposent-a-orsay
La présidente du musée d’Orsay, Laurence des Cars, réservait un accueil aux élèves à la hauteur de l’engagement des élèves et des professeurs : « C’est votre musée, et vous êtes ici chez vous. Vous êtes les bienvenus, toujours. » Et, comme le relatait un article, « l’émotion est palpable — inévitablement, on parle de la France, de la République et de ses missions » (Louise Tourret, Au Musée d’Orsay avec des élèves d’Île-de-France pour une sortie un peu spéciale, in Slate, 3 mai 2019).
Tous, élèves, parents, professeurs, inspecteurs pédagogiques, principaux de collèges et proviseurs de lycée, personnels et équipes de direction du musée appréciaient la présence des recteurs de Paris et de Créteil, même si personne au niveau du cabinet du ministre n’avait fait, semble-t-il, le déplacement.
L’enseignement des valeurs par l’expérience des valeurs
Rappel : « (…) Le service public de l’éducation fait acquérir à tous les élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité. Par son organisation et ses méthodes, comme par la formation des maîtres qui y enseignent, il favorise la coopération entre les élèves.
Dans l’exercice de leurs fonctions, les personnels mettent en œuvre ces valeurs. »
Article L 111.1, Code de l’éducation (extrait).
Le modèle noir, de Géricault à Matisse
L’exposition du musée d’Orsay, Le modèle noir, de Géricault à Matisse, en 2019, devait connaître un retentissement public exceptionnel et mérité au regard de la qualité scientifique comme de la responsabilité éthique de la démarche.
« L’exposition (…) a ouvert un nouvel horizon à l’histoire de l’art, un horizon politique et esthétique encore peu exploré, à tout le moins en France. Cet événement qui a montré la part commune de l’histoire de France et de l’histoire des populations noires a connu un succès public et critique ; il a aussi fait la démonstration, par et autour de l’Olympia de Manet, que la modernité picturale devait désormais être articulée à cette solidarité d’expérience esthétique. », Anne Lafond, L’école au musée : le Modèle noir pour exemple, in Esprit, septembre 2019.
Le modèle noir, d’Achille à Zinèbe
Pendant de l’exposition Le modèle noir, de Géricault à Matisse, une autre exposition de productions plastiques d’élèves dans le musée Le modèle noir, d’Achille à Zineb était également présentée au musée. Une réflexion des élèves et de professeurs d’arts plastiques des académies de Paris et Créteil avait été rapidement mobilisée par trois inspecteurs pédagogiques d’arts plastiques. Elle aboutissait à une remarquable démonstration d’un enseignement des valeurs par l’expérience des valeurs, d’une approche de problématiques profondes – parfois sensibles – par les moyens et les langages de la sensibilité artistique.
« Encadrés par leurs enseignants, un certain nombre de collégiens et de lycéens d’Île-de-France se sont engagés dans une discussion artistique avec l’histoire et la peinture ou la sculpture, par la récupération et la projection de pièces anciennes qui furent au fondement de la création d’œuvres d’aujourd’hui. (…) Si l’on veut identifier la part éducative de ce projet artistique selon la répartition disciplinaire propre à l’école, la leçon fut certainement celle des arts plastiques, de l’histoire, mais encore de l’éducation civique, car il n’a pas échappé à nos jeunes artistes que l’ambition du rassemblement thématique d’œuvres d’art figurant des personnages noirs était aussi d’ouvrir à des questions comme celle de la communauté dans la différence ou encore du rôle de l’image et de l’art dans la fabrique de l’appartenance à une société, en soi diverse, et depuis fort longtemps. », Anne Lafond, L’école au musée : le Modèle noir pour exemple, in Esprit, septembre 2019.
300 élèves, 2 académies, 43 productions sélectionnées avec les élèves exposées à Orsay
En mars 2019, des élèves de la 6e à la Terminale des académies de Paris et de Créteil présentaient donc quarante-trois de leurs productions au musée d’Orsay. Elles résultaient d’une réflexion approfondie des élèves et d’une sélection qu’ils avaient collégialement opérée sur plusieurs questionnements soulevés par l’exposition du musée d’Orsay : qui sont nos modèles communs aujourd’hui ? Peut-on connaître l’autre et se reconnaître en lui ? Comment rendre visibles ceux et celles qu’on ne voit pas ?
300 élèves avaient travaillé de novembre 2018 à mars 2019 à la réalisation de productions plastiques (peinture, dessin, collage, photographie) en lien avec un corpus d’œuvres de l’exposition. Mené dans le cadre des cours d’arts plastiques, ce projet a permis aussi d’associer d’autres enseignements tels que l’histoire et la musique. Conduit en deux temps (un séminaire de formation des enseignants et l’exposition), il s’est inscrit dans un partenariat d’éducation artistique et culturelle entre le musée d’Orsay, deux inspecteurs en arts plastiques et douze professeurs exerçant dans les deux académies.
