Parole(s) en archipel

Parole(s) en archipel

Enseigner les arts plastiques, éduquer aux arts et à la culture, aujourd'hui. Un carnet personnel de C. Vieaux.

Et si on regardait (enfin) du côté des galeries d’établissement

En matière d’éducation artistique et culturelle, plusieurs dispositifs sont régulièrement mis en avant : chorales scolaires, quart d’heure de lecture, Renoir des lycéens, etc. Tous sont du plus haut intérêt dans une ambition — déjà plus que trentenaire — de démocratisation de l’accès aux arts et à la culture, dès l’École. La récente mise en œuvre du Pass culture vient en renforcer l’impulsion et le soutien.

Au-delà de ces très belles initiatives, il existe plus de 600 galeries en établissements scolaires réparties dans plusieurs académies. Nous les appelons, d’une manière générique pour embrasser toutes leurs diversités, des E-LRO : Espaces-Lieux de Rencontre avec l’Œuvre. 

Elle s’adressent à tous les élèves et à l’ensemble de la communauté éducative. Si l’on traduit ces quelques 600 galeries d’établissement en nombre d’élèves (au taux moyen d’élèves par établissement (collèges) – 450 ), on pourrait estimer que 270 000 d’entre eux sont touchés. Mais qui d’autre en parle que leurs soutiens dans les territoires où elles sont implantées ?

Un quasi-silence institutionnel  ?

Les premières galeries d’établissement remontent au milieu des années 90, dans des territoires alors propices à l’expérimentation, ayant contractualisé entre pouvoirs publics une volonté d’aménagement culturel des territoires, volontaristes pour lutter contre les inégalités d’accès aux arts et à la culture. Ces E-LRO sont aujourd’hui de plus en plus souvent constitués en réseaux.

Assez curieusement, depuis et aujourd’hui, on en parle assez (trop ?) peu. Du moins si ce n’est dans la presse locale, sur les sites des délégations académiques aux arts et la culture, sur les portails de l’enseignement des arts plastiques dans les académies. De relai institutionnel national il n’y a point.

Étrangement, depuis 2017, le plan éducatif «  À l’école des arts et de la culture  » n’en a pas fait l’un de ses leviers. Pourtant, les galeries d’établissement s’adressent à tous les élèves… Elles accueillent et partagent des oeuvres, souvent permettent la rencontre avec les artistes, font vivre diverses modalités du partenariat éducation-culture. Elles n’ont pas fait l’objet d’une impulsion comparable aux chorales scolaires, elles aussi ancrées dans l’Ecole de longue histoire, dont l’accueil ou l’implication d’artistes n’est pas la caractéristique principale.

Aurait-on manqué l’opportunité d’une complémentarité des formes? Faut-il penser que c’est une «  négligence », à l’instar du traitement du large secteur des arts plastiques et visuels dans diverses politiques ?

Pourquoi ce silence ?

Peut-être parce que certains ont été créés dès 1996 (EROA [espaces de rencontre avec l’œuvre d’art dans l’académie de Lille] : c’est (déjà) une « forme » du passé  !

Mais, d’autres ont suivi (années 2000 et récemment) : De Visu dans l’académie de Normandie, LAC [lieux d’art et culture des académies de Nancy-Metz et Strasbourg], In Situ dans l’académie de Nantes, etc. C’est peut-être bien — finalement — une « forme » d’aujourd’hui et demain pour et dans l’École. Un tiers lieu de l’EAC ?

Ou bien la « choralité » de cette disposition en EAC n’est pas perçue

Pourtant dans et autour d’un E-LRO, il y a toujours du collectif. Leur action s’adresse à tous les élèves de l’établissement, à la communauté éducative, à l’environnement social et associatif. C’est un puissant levier du 100 % EAC qui ne demande qu’à essaimer et à croître.

Quatre arguments contre ce sérieux oubli

Un des lieux concrets du partenariat de l’EAC
Les E-LRO travaillent toujours en partenariat, accueillent et exposent des œuvres d’artistes souvent issues de collections publiques et privées, arriment efficacement chaque fois que possible des résidences d’artistes, travaillent à fédérer des réseaux d’écoles autour d’un collège, favorisent des approches pluridisciplinaires et en équipe coordonnée par le professeur d’arts plastiques, etc.

Un exemple du pluralisme des expressions artistiques
On y « expose » la diversité de la création dans l’univers des arts plastiques avec souvent des connexions vers d’autres arts : dessin, peinture, culture, vidéo, installation, art numérique et… design, architecture, BD, livre, etc. Les E-LRO sont un démultiplicateur de la présence de formes diverses de la création artistique dans une économie de formats qui est celle des arts dits d’exposition.

Un creuset de compétences pour « partager le sensible »

Les élèves sont invités à y penser des «  commissariats  » d’exposition, à conduire des médiations inter-cycles, inter-générations, à cultiver l’oral . Démarche de projet, sens du débat, croisement des regards, des perceptions et des réceptions de l’œuvre, partage du sensible avec un public et entre citoyens, etc. sont au coeur des actions conduites

Surtout, dans tous les aspects éducatifs sous-tendus, les élèves y développent des compétences socio-comportementales si propices à l’amélioration du climat scolaire.

« Exposer » : une compétence désormais intégrée à l’enseignement des arts plastiques

Les récents programmes du lycée ont introduit dans leurs compétences travaillées la compétence « exposer » et, au baccalauréat, les élèves de l’enseignement de spécialité en arts plastiques peuvent choisir un sujet portant sur une note d’intention pour un projet d’exposition. Les programmes de la scolarité obligatoire avaient déjà intégré le projet d’exposition depuis la réforme de la scolarité obligatoire de 2015.

L’inspection, des chefs d’établissements, des partenaires culturels, des recteurs en soutien

A l’IGESR, expertise arts plastiques du groupe enseignements et éducation artistiques, nous encourageons ces démarches, voire aidons chaque fois que possible à les impulser. Parce qu’elles concernent tous les élèves, nous contribuons à en structurer les dynamiques territoriales, notamment sous le label E-LRO (Espaces_Lieux de Rencontre avec l’Œuvre).

Il s’agit de reconnaître la nécessité et l’intérêt de formes plurielles, raisonnées et construites par les acteurs des territoires, de favoriser autant que de garantir des convergences éducatives, gages de cohérence dans une politique académique et levier d’une politique nationale et interministérielle en EAC. Modestement, nous travaillons avec nos interlocuteurs, à rassembler toutes ces formes comme une disposition forte du 100 % EAC.

Une contribution essentielle au 💯% EAC

Ces formes de lieux et de pratiques de l’exposition sont très contributives au 💯% EAC. Valeur ajoutée aux enseignements et à l’éducation artistiques, au-delà elles soutiennent l’accès aux arts et à la culture de tous les élèves : elles s’inscrivent dans une «  tradition  » de la démocratisation culturelle et portent en elles des dynamiques de projets se reliant également aux éducations transversales, elles s’enrichissent de rencontres partenariales disponibles aux renouvellements, à l’invention, mais aussi à la recherche de pérennisation, elles cultivent la pluralité des expressions, sont disponibles à la reconnaissance et au développement des compétences émotionnelles des élèves, etc.

Elles se développent, à l’initiative d’équipes pédagogiques. Celles-ci, notamment les professeurs d’arts plastiques qui les coordonnent, ne ménagent pas leur effort.

Faire vivre artistiquement, culturellement, pédagogiquement une galerie d’établissement est un sérieux travail. Il ne va pas de soi  !

Christian Vieaux, mars 2022.

Vous pouvez me suivre sur :

Mon compte Twitter : Christian VIEAUX @igartsplastique

Mon compte Linkedin

Quelques ressources pour poursuivre

  • Un lien vers des ressources sur le site arts plastiques de l’académie de Nantes, sur le dispositif In Situ, par exemple. https://lnkd.in/echqJFGs
  • Un dossier complet en ligne sur « Les formes d’exposition [d’art] en établissements [scolaires] » sur le site arts plastiques l’académie de Nancy-Metz. Le dispositif de l’académie présente une certaine singularité : 4 niveaux complémentaires d’approches, sur une même dynamique et selon les possibilités des établissements et des équipes pédagogiques.
    1. Galeries d’art : Lieux d’exposition d’œuvres d’arts et de pratiques plastiques des élèves
    2. LAC : Espaces d’exposition et de rencontres, interdisciplinaires et dans différents domaines artistiques https://lnkd.in/eWz2y-Ue
    3. Galeries virtuelles EntreLAC : Espaces numériques d’expositions d’Arts et de Cultures, également 1 contribution au travail académique sur enjeux du numérique en appui sur les sites d’établissements https://lnkd.in/eJP7K2ku
    4. Collections d’art : acquisition d’œuvres par l’établissement [galerie, LAC] pour des actions mutuelles entre établissements, inter-degrés, etc., dans le bel esprit d’ouverture et de partage des artothèques #culture # #https://lnkd.in/eiNcE-r3
  • De Visu, académie de Normandie. Ce réseau d’espaces d’art actuel en milieu scolaire et universitaire De Visu met en contact élèves, étudiants et créateurs contemporains en arts plastiques. Au grand bénéfice des élèves, les artistes vivent une expérience de diffusion et de médiation liée à leur œuvre et à leur démarche artistique et les enseignants mènent un travail de sensibilisation pédagogique privilégiant la rencontre directe avec l’œuvre et l’artiste.

https://www.ac-normandie.fr/actualites/de-visu-5-edition-2021-2022-125191

https://www.ac-normandie.fr/actualites/de-visu-5-edition-2021-2022-125191

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You may use these HTML tags and attributes:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong> 

buy windows 11 pro test ediyorum