La Mort de Marat

Vous avez sûrement déjà vu ce célèbre tableau de David. Mais connaissez-vous réellement son histoire ? La Mort de Marat est une œuvre néoclassique représentant le corps d’un homme mort dans sa baignoire. Qui était-il ? Et bien Jean-Paul Marat était député montagnard à la Convention pendant la période révolutionnaire. Il publiait quotidiennement son journal L’Ami du peuple dans lequel il appelait à la violence et au meurtre de ses ennemis politiques. Sa vie s’arrête le 13 juillet 1793 lorsqu’une jeune femme l’assassine chez lui, dans sa baignoire.

La Mort de Marat – Jacques-Louis David, 1793. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.

Cette femme, c’est Charlotte Corday, une descendante de Corneille issue de la petite noblesse qui a grandi en Normandie dans un couvent catholique. Elle y a reçu une éducation très soignée. Charlotte Corday a été séduite par les idées girondines et est devenue républicaine. Cependant, elle ne supporte pas les excès de violence et est partisane d’une révolution modérée. Pour elle, Marat incarne déjà le désordre et l’anarchie qui règnent en France. Ce sont les 31 mai et 2 juin 1793 que ses idées se confirment. Les députés girondins ont été exclus de la Convention. Menacés d’être arrêtés, la plupart se sont alors réfugiés dans la ville de Caen, là où Charlotte Corday habite. Ici, ils organisent de nombreuses réunions politiques auxquelles elle assiste à plusieurs reprises. C’est alors qu’elle prend la décision de se rendre à Paris pour assassiner le député Marat. Par ce geste, elle espère mettre fin aux horreurs de la révolution. Elle s’y rend en diligence. Le trajet dure deux jours et elle arrive le 9 juillet. Une fois à Paris, elle apprend que Jean-Paul Marat ne se rend plus à la Convention à cause d’une maladie de peau qui l’oblige à rester enfermer chez lui et à prendre régulièrement des bains de souffre pour le soulager. Elle doit donc trouver une solution pour s’introduire dans sa maison pourtant bien gardée. Le matin du 13 juillet, Charlotte Corday achète un couteau de cuisine et le cache dans son corset. Elle se présente alors à la porte du député, prétextant avoir des informations importantes sur une contre-révolution en préparation à Caen. La femme du député refuse de laisser Corday entrer jusqu’à sa troisième tentative, où c’est Marat lui-même qui demande à la rencontrer. Elle se retrouve alors dans sa salle de bain, face à celui qui représente pour elle toute la monstruosité de cette révolution. C’est après une courte discussion que Charlotte Corday sort son couteau et le plante dans la poitrine du député radical.

Après l’assassinat de Marat, elle sera jugée devant le Tribunal révolutionnaire. Même si elle revendique son crime, les juges auront du mal à croire qu’une jeune femme ait pu agir seule. Elle sera finalement condamnée à mort et guillotinée place de la Révolution. Marat, lui aura alors le droit à des funérailles exceptionnelles et sera même promis au Panthéon.

Aujourd’hui Charlotte Corday est une figure emblématique de la Révolution française. Pourtant, son geste n’a pas eu l’effet escompté : les massacres se multiplient et la Terreur est mise en place peu de temps après. Alors qu’elle voulait faire cesser la violence, Corday ne pourra pas empêcher le fait que Marat sera représenté en héros de la Révolution. C’est notamment le député et ami de Marat, David, qui immortalise la scène en représentant Marat en martyr de la liberté.

Louise