Artemisia Gentileschi, une artiste talentueuse et engagée

Artemisa Gentileschi est une peintresse italienne, considérée comme l’une des premières peintres baroques. A une époque où la société refuse les femmes dans les domaines artistiques et intellectuels, elle s’impose comme une des premières femmes à peindre des sujets historiques ou religieux.

Elle apprend l’art de la peinture dans l’atelier de son père, également peintre, puis ce-dernier lui donne un précepteur privé car l’école des Beaux-Arts était interdite aux femmes. Le précepteur va marquer Artemisia à vie. Non pas à cause de ses conseils artistiques ou de sa bienveillance avec elle, mais à cause du viol qu’il lui a fait subir le 9 mai 1611. Agostino Tassi -le violeur- promet d’épouser la peintresse afin de se faire pardonner. Le père de la jeune femme emmène Tassi devant les tribunaux pour « défloration par force ». Le procès ne sert qu’à accentuer l’humiliation d’Artemisia Gentileschi ; en plus de devoir énoncer devant les juges, les avocats et les personnes restantes son viol, elle est soumise au supplice des sibli. Les sibli n’étaient rien de plus que de la torture, ils consistent à attacher une corde autour des doigts de la personne et à serrer très fort (au risque de briser les os) pour vérifier la véracité des propos de quelqu’un. Au cours du procès qui durera au total neuf mois, on apprendra que Tassi est déjà marié, qu’il avait agressé sexuellement sa belle-sœur et qu’il voulait voler des peintures au père d’Artemisia. Tassi est condamné à cinq mois d’exil hors des états pontificaux (Italie) mais il ne respectera jamais vraiment ce jugement.

Suite à cet acte traumatisant, l’artiste peindra Judith décapitant Holopherne, tableau qui a fait le tour des réseaux sociaux il y a quelques mois. Ce tableau reprend une célèbre scène de la Bible. Holopherne est envoyé par le roi de l’Empire néo-babylonien, Nabuchodonosor II, pour châtier les peuples de l’Ouest car ils ont refusé de le soutenir dans la guerre contre le roi des Perses. Après avoir pillé et massacré tout le Proche-Orient, Holopherne assiège la ville juive de Béthulie. La stratégie pour que les habitants se rendent fonctionnent presque, les habitants assoiffés désirent céder. Mais, une jeune femme qui a la foi plus que tout autre, Judith, prend les choses en mains. Avec sa servante, elle est amenée vers Holopherne car sa grande beauté ne permet pas à ses soldats de le lui refuser. Holopherne subit le même traitement que ses soldats, il est ensorcelé par la grande beauté de Judith. C’est en son honneur qu’il organise donc un grand banquet. Une fois seuls, Judith tranche la tête de Holopherne et la rapporte à son camp. Le lendemain matin, la plupart des soldats de Holopherne vont s’enfuir et les quelques restants seront facilement assassinés par les Juifs.

Artemisia Gentileschi sort d’une certaine façon du cadre fidèle au récit biblique car sur son tableau, c’est le visage d’Artemisia qui est peint sur celui de Judith et c’est celui de Tassi qui est représenté assassiné tel Holopherne. La peintresse donne une dimension féministe au tableau. Prenant sa revanche sur son violeur, elle n’est plus la victime en position de vulnérabilité mais bien la meurtrière vengeresse. De la même manière que Judith tue un homme puissant – Holopherne -, Artemisia tue un homme également puissant.

De nos jours, environ 250 000 viols sont déclarés selon les chiffres de l’ONU, dont 84 767 viols déclarés aux USA, 66 196 en Afrique du Sud et 22 172 en Inde. Cela fait environ 693 viols par jour dans le monde. Ce chiffre ne montre pas l’ampleur des viols car beaucoup ne sont pas déclarés (par peur de ne pas être cru par exemple), certains pays ne considèrent pas le viol comme un crime et les viols en temps de guerre ne sont pas recensés aux forces de l’ordre. En France, d’après le ministère de l’Intérieur, 34 300 viols ont été enregistrés en France en 2021 (32 % de plus qu’en 2020). Libérons la parole des victimes, homme, femme ou autre, on vous croit ! Ne laissons pas la culture du viol rendre les habits, le maquillage ou l’attitude de la victime responsables du viol. La seule cause d’un viol, c’est le violeur ou la violeuse.

Mathilde

Sources : https://www.etaletaculture.fr/culture-generale/judith-decapitant-holopherne/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Holopherne

https://fr.wikipedia.org/wiki/Judith_d%C3%A9capitant_Holopherne_(Gentileschi,_Naples)

Les grandes oubliées, Titiou Lecoq, page 113

https://www.planetoscope.com/Criminalite/1202-viols-dans-le-monde.html