Gisèle Halimi, le combat d’une femme pour toutes les femmes

Zeiza Taïeb naît le 27 juillet 1927 près de Tunis en Tunisie. Dès son plus jeune âge elle s’oppose à la différence de traitement entre elle et ses frères. Elle s’oppose à ses parents pour ne plus avoir à servir à table les hommes, et va même jusqu’à faire des grèves de la faim pour ne pas faire le lit de son frère et pour avoir le droit de lire. Lors de sa quinzième année elle refuse un mariage arrangé et vient s’installer en France afin de poursuivre ses études. Elle étudie le droit et fait une formation sur les sciences politiques. Elle devient avocate en 1948, à 21 ans. Un an plus tard, elle prend le nom de son mari, Paul Halimi et change de prénom pour Gisèle.

Durant sa carrière elle va s’engager contre la colonisation de la Tunisie mais également de l’Algérie. Gisèle va être l’avocate de dizaines de militant.es condamné.es sous la base d’aveux extorqués. En plus de sa lutte contre la colonisation, Gisèle Halimi milite pour le droit à l’avortement. C’est pour cela qu’elle fait partie des signataires du Manifeste publié en 1971 des 343 femmes qui affirment publiquement avoir avorté, aux côtés de Simone de Beauvoir et Marguerite Duras.

Deux procès vont rendre Gisèle Halimi encore plus célèbre, le procès de Bobigny et celui d’Aix-en-Provence. Le premier se déroule en 1972, c’est un procès à l’encontre d’une jeune de 16 ans, Marie-Claire et des proches qui l’ont aidé à avorter après son viol par un garçon de sa classe.  La jeune fille est relaxée et les autres sont condamnés à de légères peines. Lors de sa plaidoirie, l’avocate dira : « Est ce que vous accepteriez, vous, Messieurs, de comparaître devant des tribunaux de femmes parce que vous auriez disposé de votre corps ? Cela paraît démentiel […] Accepter que nous soyons à ce point aliénées, accepter que nous ne puissions pas disposer de notre corps, ce serait accepter, Messieurs, que nous soyons de véritables boîtes, des réceptacles dans lesquels on sème par surprise, par erreur, par ignorance, dans lesquels on sème un spermatozoïde. Ce serait accepter que nous soyons des bêtes de reproduction sans que nous ayons notre mot à dire. »

Le procès d’Aix-en-Provence se déroule en 1978. Gisèle Halimi est l’une des trois avocates d’un couple de deux lesbiennes belges ayant été victimes d’un viol collectif et de tortures de la part de trois hommes. Le procès sera autant médiatisé que le premier, les débats seront violents au point que la fameuse avocate se fera gifler. Mais les trois violeurs sont finalement condamnés à six et quatre ans de prison. Le procès contribuera à son tour à l’adoption d’une loi renforçant la répression du viol.

Gisèle Halimi va occuper le terrain politique en s’engageant dans plusieurs actions. Elle va être élue députée en Isère en 1981, elle sera ambassadrice de la France auprès de l’UNSECO, rapporteuse pour la parité entre hommes et femmes en politique pour l’ONU, elle écrit une quinzaine de livres et tout son engagement sera récompensé puisqu’elle sera faite chevalière, officière puis commandeure de la Légion d’honneur en 2012.

Sources : https://histoireparlesfemmes.com/2021/01/20/gisele-halimi-avocate-des-droits-humains/

Mathilde