Auteur : Raquel Capurro
Titre : Le positivisme est un culte des morts : Auguste Comte
Editeur : Epel
Collection : Monographie clinique
Année : 2001
Prix indicatif : 21 €

Quiconque s’est un peu intéressé à la naissance de nos sciences humaines, à l’histoire des idées, connaît le Cours d’Auguste Comte. Mill, Spencer, Darwin, Littré en sont les héritiers directs. Sans même en évoquer les fruits philosophiques, nous lui devons notre sociologie, notre psychologie, la psychiatrie. Notre médecine même, notre conception de l’évolution humaine, en sont issues, certaines de nos idées éducatives, politiques aussi… L’héritage en est immense. Et son influence demeure telle que le drapeau du Mexique affiche encore sous ses couleurs la devise du savant : Ordre et Progrès.

Cependant, au positivisme comme à la république, une mamelle ne suffit pas. Or, si la première de celles-ci est célèbre, la seconde est aujourd’hui presque ignorée. Quatre volumes pourtant l’informent. C’est le Système de politique positive ou traité de sociologie instituant la Religion de l’Humanité. Raquel Capurro s’en est souvenu qui nous livre chez Epel son analyse de l’articulation entre le Cours et le Système comtiens. Car, de l’un à l’autre, Comte opéra une véritable révolution idéologique. Il y eut, comme le rappelle notre auteur, « d’une part le philosophe positiviste, essayant d’élaborer une nouvelle encyclopédie du savoir scientifique et une nouvelle science des faits sociaux, et, d’autre part, le pontife d’une nouvelle religion qui prétend[ait] inaugurer, avec ses rites et ses croyances, un nouveau lien avec les morts ». Sauf à penser que la première théorie contenait en germe la religion développée dans la seconde partie de sa vie, le hiatus entre ces deux figures du savant pourrait sembler fou. Capurro nous en propose une explication biographique. Si comme le dit Nietzsche, toute œuvre philosophique est le roman d’une vie, celle de Comte méritait bien quelques lignes. D’autant que, hormis quelques maladresses – la relation censée être signifiante, par exemple, de la rupture d’assonance entre Clotilde et Ernestine, Pauline ou Caroline –, la démonstration s’avère assez convaincante : période après période, l’œuvre semble bien avoir suivi les vicissitudes subjectives de son auteur.

Un livre que nous recommandons – accompagné seulement de cette question : le temps serait-il venu où la psychanalyse commencerait de s’interroger sérieusement sur son historicité ?

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