L’avènement du sens
Si les sciences en général se définissent par la recherche d’une stricte neutralité et par l’effacement corrélatif du sujet, l’histoire ne peut que se dissocier d’un tel idéal. Tout d’abord le discours historique porte sur des événements et des situations singulières, contrairement à l’approche des sciences exactes qui ne porte que sur le ” général ” (ce qui est commun et reproductible). En outre, l’historien raconte une ” histoire ” selon des choix et les options qui lui sont propres : la dimension subjective de l’approche historique est indépassable. En d’autres termes, l’historien compose son récit en suivant un tracé qu’il dessine lui-même et qui lui fournit ce principe d’intelligibilité sans lequel la suite des actions humaines ne serait qu’un écheveau embrouillé d’événements dénués de sens. C’est ainsi que le chercheur peut dépasser le sentiment commun de la précarité et de l’irrationalité de l’histoire. Une telle approche, dira-t-on peut-être,  n’est-elle pas plus philosophique que scientifique ? Pourquoi l’historien devrait-il imposer une grille rationnelle au cours sinueux de l’histoire ? Paul Ricoeur montre bien que le souci scrupuleux de restituer les faits n’exclut pas la volonté de recomposer et d’unifier l’histoire. Bien au contraire : les deux représentations, ” événementielle ” et ” structurale “, de l’histoire sont complémentaires.

II CROIRE AU PROGRES
Sens et signification de l’histoire
Historien et philosophes se rejoignent donc dans leur souci commun de dégager une logique de l’histoire. Mais cette rationalité, l’historien va la chercher du côté des connexions entre les différents plans du réel (économiques, sociaux, culturels etc …) , tandis que le philosophe effectue une lecture récapitulative et orientée de ce même devenir. Du point de vue de l’historien, il y a là un risque, celui de ramener la signification (le caractère intelligible, compréhensible) à un système (un ordre contraignant  et  préétabli). De fait , l’histoire philosophique associe ” sens ” (orientation générale,  direction) et ” signification ” : c’est Kant  , en particulier, qui insiste sur la nécessité de concevoir l’histoire comme orientée vers une fin, tout en se défendant d’évincer, par là même, l’histoire événementielle et empirique des historiens.

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