Concentrons-nous sur cet aspect de la critique de Elster, qui échappe à l’espèce de radotage constant de la philosophie analytique (enfin, dans les pays francophones surtout) contre Lacan, Klein, etc. Très franchement, ces formes d’Obscurantisme Mou de Gaspillage sont en perte de vitesse. C’est un combat d’arrière-garde. On a tous des collègues en tête qui font ch… avec Lacan, Klein et consorts, et qui répètent à l’envi aux étudiants que la seule vraie philosophie c’est celle-là, mais on ne doit pas penser que les combats de salles de profs dans les universités françaises, concernent d’autres personnes que les professeurs. Je n’ai jamais vu, dans les débats auxquels je pense de dénonciation de l’obstacle que constitue une certaine hégémonie de la clinique à l’introduction de méthodes de traitement de l’autisme, qui ont pourtant fait leurs preuves, ni de critique de Bettelheim.

C’est peut-être la marque que, en Philosophie, en France en tout cas, on se place dans des controverses académiques, et l’enjeu, c’est gaspillage ou pas gaspillage. Pour évaluer la nocivité, il faut aller voir les conséquences des mauvaises recherches sur l’ensemble de la société, les universitaires et leurs querelles (qui ont leur sociologie, faut-il le rappeler ?) n’étant qu’une petite portion de cette société…
Les formes d’obscurantisme les plus nuisibles peuvent parfois se trouver, et c’est le grand mérite d’Elster de les montrer, là où on s’y attendrait le moins. Par ailleurs, même si cela n’est pas dit dans le texte, c’est un encouragement pour certaines formes expérimentales de la philosophie et de l’économie.

L’obscurantisme, qu’Elster ne définit cependant pas dans ce texte, est moins dans le fait de dire des conn… que dans le fait de les défendre avec des moyens rhétoriques, quand l’évidence se dresse contre elle, et, aussi, de retourner toute critique comme une preuve de la vérité de la théorie.
Cela semble reprendre le critère de Popper, sauf que l’article de Elster s’appuie sur une tendance de la recherche à déterminer l’origine des obscurantismes, dans la portée qu’ils réussissent soudain à acquérir, et ce en dépit du bon sens…

  Obscurantisme dur et obscurantisme mou dans les sciences humaines et sociales     Jon Elster, paru dans Diogène 2010/1-2 (n° 229-230)  
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