Film : The Hours

(Réalisateur : Stephen Daldry, 2003)

Résumé : « Dans la banlieue de Londres, au début des années vingt, Virginia Woolf lutte contre la folie qui la guette. Elle entame l’écriture de son grand roman, Mrs Dalloway.

Plus de vingt ans après, à Los Angeles, Laura Brown (Julianne Moore) lit cet ouvrage : une expérience si forte qu’elle songe à changer radicalement de vie.

A New York, aujourd’hui, Clarissa Vaughn, version moderne de Mrs Dalloway, soutient Richard, un ami poète atteint du sida.

Comment ces histoires vont-elles se rejoindre, comment ces trois femmes vont-elles former une seule et même chaîne ? La littérature est si puissante qu’un chef-d’oeuvre peut, par-delà les époques, modifier irrévocablement l’existence de celles qui le côtoient. »

Commentaire sur le personnage de Laura Brown :

Laura Brown est un personnage qui vit une vie inauthentique. Elle est une mère de famille dans une banlieue américaine des années 1950. A peine sortie du lycée, elle a été demandée en mariage par un jeune homme. Elle n’apparaît pas comme un sujet, mais comme un agent passif. Elle se plie au désir d’un homme de fonder une famille. Et de manière générale, tous deux vivent selon les normes de conformité de leur milieu social et de leur époque.

Mais les scènes où apparaissent Laura laissent transparaître un mal-être et une angoisse diffuse dans ce qui pourtant ressemble à la vie idyllique promue dans les publicités de l’époque : une maison pavillonnaire, une femme au foyer, un enfant.

Ce qui est laissé entre voir également par les scènes du film est le désir homosexuel de Laura.

Un jour sans raison apparente, elle quitte le domicile conjugal et disparaît pour toujours, sans doute pour vivre une autre vie.

Laura fait le choix d’une vie authentique : vivre son désir homosexuel contre le conformisme social de l’hétéronormativité ou de ce que Wittig appelait plus justement : le régime politique de l’hétérosexualité.

Mais, ce choix de la vie authentique (« la vie dans la vérité ») est un choix tragique. Il a un coût. Dans l’Amérique des années 1950, Laura abandonne son fils Richard. Le prix est ici le mal fait à son fils en l’abandonnant.

Il en résulte un résidu moral et un sentiment de culpabilité.