1. De Gaulejac écrit : «« L’individu est le produit d’une histoire dont il cherche à devenir le sujet ».

2. C’est une affirmation qu’aurait pu adopter également Paulo Freire.

3. Le problème c’est qu’on se demande si cette interprétation de l’histoire individuelle peut être celle de la sociologie, ou s’il n’y a pas là une affirmation prescriptive, plus que descriptive, qui relève de la philosophie.

4. En effet, « chercher à devenir le sujet » indique bien qu’il ne s’agit pas d’un donné sociologique, mais d’un processus.

4.1. Or ce processus est construit aussi historiquement et socialement : on peut considérer que se considérer comme un sujet et valoriser cet état de sujet, a été le fait de courants d’idées historiques et politiques : comme le christianisme, le libéralisme, l’anarchisme, l’existentialisme ect…

4.2. On peut considérer qu’il s’agit d’un produit de la modernité en lien avec par exemple l’aspiration à l’authenticité (Charles Taylor), lié également à une descularisation de la société (nécessité pour le sujet de donner un sens à sa propre existence : Sartre)

4.3. De ce fait, le fait de vouloir se considérer comme le sujet de son existence constitue une certaine aspiration philosophique qui peut être partagée ou pas, et qui tend historiquement à correspondre à une aspiration des classes moyennes, formulée souvent pas des intellectuels hommes.

4.4. Néanmoins, il faut reconnaître que cette aspiration à se constituer comme un sujet apparaît reprise dans d’autres mouvements : féminisme, mouvement LGBTQI…

4.5. Comme aspiration individuelle, elle est moins présente dans les mouvements ouvriers et anti-racistes qui sont plus orientés vers la constitution d’un sujet collectif, plutôt qu’un sujet individuel.