Les Éditions des Sablons

10 02 2014

 

Les Éditions des Sablons

     Le développement des techniques numériques permet à des individus isolés prêts un investissement minimal d’être auto-éditeur de leurs propres productions. Ainsi, les Éditions des Sablons ont été crées dans l’Yonne, à l’instar des Éditions Odilon.

     Les Éditions des Sablons, 5 chemin des Sablons, 89410-Béon, ont été fondées, en décembre 2008, pour éditer les ouvrages de Patricia Saturnin 

     Fin 2013, cinq ans après sa création, l’entreprise prospère ; disposant d’une maquettiste, installée à Villeneuve-sur-Yonne, un imprimeur, installé à Saint-Étienne, elle envisage de recruter des commerciaux pour une diffusion extra-départementale.




Manuel non publié

25 10 2012

Un manuel non publié

La rumeur nous était parvenue qu’Anthelme Garioux, outre la méthode de lecture qu’il a co-signée avec Raymond Coquille était aussi l’auteur de manuels de mathématiques. Nous n’en avons pas trouvé traces, ni parmi les manuels que nous amassons, ni au catalogue des bibliothèques spécialisées. Nous n’en avons donc pas fait mention. Le récit qui suit nous donne l’explication de l’origine de la rumeur et apporte un éclairage sur le travail préparatoire à l’édition d’un manuel scolaire. 

Bernard Furet fut instituteur, puis conseiller pédagogique à Sens; il a écrit des mémoires et les a auto-publiées : Les Points de croix. Nous en extrayons cette page où il raconte l’histoire d’une édition inaboutie d’un manuel scolaire. Monsieur Furet co-signera plus tard un ouvrage de lecture avec Roger Beaumont.

           Pendant ce temps, ma vie à Piffonds continuait, bien remplie. Mon inspecteur (M. Garioux Anthelme) intéressé par ma nouvelle pédagogie du calcul, on ne disait pas encore Mathématiques dans l’enseignement primaire, me chargea d’élaborer des fiches très complètes qui après examen de sa part, auraient constitué l’armature d’un livre destiné au CM1-CM2. Chaque leçon commençait par dix minutes de calcul mental. En 2006/2007, un ministre de l’Education nationale rendit obligatoire l’enseignement du calcul mental alors qu’il n’avait jamais été supprimé. Il est possible qu’avec le règne des calculettes, ces séquences deviennent rares à l’Ecole élémentaire. Après l’exposé des procédés pour faciliter l’exécution rapide des quatre opérations, les tables de multiplication étant connues par cœur, à la fin de l’année, ces enfants auraient stupéfié bien des adultes par la vitesse de leurs calculs et l’exactitude des résultats. Après l’étude de la numération, intervenait la géométrie. Je partais de la notion des bandes parallèles représentées par des lames de papier de couleurs différentes. Quand elles étaient d’égale largeur leur intersection perpendiculaire faisait apparaître sur une vitre en plus foncé un carré, en oblique un losange. Avec des largeurs inégales on obtenait de la même façon un rectangle ou un parallélogramme. Toutes ces leçons se terminaient par des exercices de travail manuel sur cahier spécial. En système métrique, par le biais d’expériences réalisées en physique sur la pesanteur, j’essayais de montrer que la masse et le poids sont deux choses différentes : la masse caractérisant la quantité d’un corps le poids, la force que la Terre exerce sur lui. Suivaient quantité d’exercices de pesées diverses où d’un coup d’œil on devait calculer la totalité des poids sur le plateau d’une balance. Même chose avec les mesures de longueur où le décamètre (chaîne d’arpenteur) servait pour établir les dimensions des petits champs qui entouraient l’école.

             Mais la véritable révolution résidait dans la volonté de transcrire les lignes de solution en phrases complètes et correctes. D’autres exercices consistaient à partir d’un énoncé exposant une situation, à demander à l’élève de rédiger les questions ou inversement donner entièrement les lignes de solution sans mentionner le résultat des opérations et imaginer le libellé du problème. Tout cela procédait d’une idée fondamentale : ne pas cloisonner étroitement chaque discipline. Toute leçon doit contribuer à l’enrichissement du capital lexical, syntaxique et orthographique de l’enfant. Les exercices d’application nombreux et variés, exigèrent beaucoup de travail et de temps. Monsieur Garioux, de son côté, avait apporté quelques rajouts et se montrait enchanté du produit. Ayant déjà fait publier un manuel de lecture aux éditions Hachette, c’est là qu’il me conduisit un jeudi. L’éditeur qui possédait depuis un mois le manuscrit sembla en apprécier I’originalité. Plusieurs voyages à Paris furent nécessaires pour contacter les gens du comité de lecture, puis les maquettistes puis les graphistes, puis… qui nous incitèrent à apporter quelques modifications. Jamais je n’aurais pu penser que l’impression d’un livre puisse faire appel à autant de compétences différentes ! A la dernière visite, la tête désolée de notre correspondant nous fit craindre encore des rectifications… Ce fut bien pire ! Le comité directeur venait d’apprendre par une fuite du ministère qu’un vaste plan de rénovation des « mathématiques » à l’école élémentaire s’élaborait. La maison devait donc se consacrer à la réalisation de nouveaux manuels et abandonner tout ce qui était prévu dans ce domaine. On nous rendit notre manuscrit. Nous revînmes de Paris bien déçus, mon inspecteur encore plus que moi. Pourquoi ? Pourtant en ce qui me concernait, cela représentait plusieurs années de travail mais je me consolai en pensant que mes élèves en avaient profité.

         Il fallut attendre deux ans pour prendre connaissance de ce modernisme basé sur la théorie des ensembles. A mon avis, les conséquences en furent désastreuses pendant plusieurs années car les enfants perdirent le sens de la numération et la connaissance des mécanismes.

 Bernard Furet (1925-…), Les Points de croix, 264 pages, biographie auto-éditée (vers 2009), p. 211

 




Pierre Larousse

6 06 2012

Pierre LAROUSSE

(1817-1875)

Pierre Larousse est universellement connu pour son œuvre de lexicographe et de pédagogue. Il est, avec Augustin BOYER – natif de Villiers-Saint-Benoit- fondateur de la maison LAROUSSE et BOYER qui deviendra la maison LAROUSSE. Avant de concevoir son Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, il se consacre à la rédaction de manuels scolaires.

(Note : Pierre Larousse n’a rédigé que deux dictionnaires : le Nouveau dictionnaire de langue française et le GDU…les autres lui sont postérieurs !)

BIBLIOGRAPHIE : Si, de nos jours, les élèves le fréquentent par le truchement du dictionnaire, du larousse, on doit bien d’autres ouvrages à Pierre Larousse :

La Lexicologie des écoles

Lexicologique des écoles primaires (1849)

qui devient en 1851 : Grammaire élémentaire lexicologique.

Cours lexicologique de style (1851)

Traité élémentaire d’analyse grammaticale (1851)

Petite grammaire lexicologique du premier âge (1852)

   

  Traité complet d’analyse et de synthèse logique (1853)

Méthode lexicologique de lecture (1856)

Nouveau dictionnaire de la Langue française (1856)  qui est un ouvrage scolaire. Pierre Larousse l’a voulu petit et bon marché pour tous les élèves puissent l’emporter dans leur cartable.

Jardin des racines grecques (1858)

L’Ecole Normale (1858) C’est la première revue pédagogique à l’usage des Maîtres. Elle contient des exercices avec les corrigés dans toutes les disciplines.

Jardin des racines latines (1860)

ABC du style et de la composition (1862)

Le livre des permutations (1862)  C’est un ouvrage fondamental car il est à l’origine de la grammaire moderne telle qu’on l’a apprise et qu’on l’apprend encore à l’école.

Nouveau traité de versification (1862)  La rhétorique était une matière importante à l’époque.

Petite Flore latine (1862) Livre de citations des auteurs latins aussi important que le suivant.

Miettes lexicologiques (1863)

Traité complet d’analyse grammaticale (1865)

Grammaire littéraire (1867)

Grammaire supérieure (1868)

Grammaire complète (1868)

Exercices d’orthographe et de syntaxe appliqués (1869)

Gymnastique intellectuelle : les boutons (1870)

Gymnastique intellectuelle : les bourgeons (1871)

Gymnastique intellectuelle : les fleurs et les fruits (1873)

 La famille de Pierre LAROUSSE, aussi loin qu’on puisse remonter, est implantée dans le département de l’Yonne. Il est honoré à Toucy, sa ville natale où son buste orne la place qui porte son nom et où une active association pérennise sa mémoire et dont on pourra voir les activités en suivant le lien.

[Nous remercions l’association Pierre-Larousse pour la biographie de Pierre Larousse et la relecture de cet article.]

BIOGRAPHIE : LAROUSSE Pierre Athanase

Pierre Larousse est un Icaunais et même plus précisément un « poyaudin » de pure souche. Il naît à Toucy Le 23 octobre 1817. Edme-Athanase LAROUSSE, son père, est né le 9 septembre 1793 à Courson-les-Carrieres. Louise GUILLEMOT, sa mère, est née le 27 mars 1795, elle appartient à une très ancienne famille de tisserands-drapiers dont on trouve la trace à Toucy dès le début du XVIIe siècle.

En 1820, naît une petite sœur : Sophie-Marie-Louise. Elle aura son importance puisqu’elle est à l’origine de la « dynastie Larousse », Pierre n’ayant eu qu’un seul « enfant » son Grand Dictionnaire Universel (GDU) !

En 1823, l’enfant va à l’école. Pierre est un très bon élève et Edme PLAIT a vite remarqué l’intelligence et l’intérêt sans cesse en éveil de l’enfant si bien qu’il lui donne des leçons particulières après la classe. Ce qui lui permet d’obtenir à 17 ans, en 1834, une bourse que le Conseil Général de l’Yonne – faute d’Ecole Normale à Auxerre – attribue chaque année aux quatre meilleurs élèves du département.

Après 3 années d’études, le 17 avril 1837, Pierre Larousse obtient son brevet d’enseignement du second degré et le 9 février 1838, celui du premier degré ; il a 21 ans, le 7 mai 1838, il est nommé instituteur à Toucy où une place vient de se libérer après la démission de Joseph Barthélémy. Le voilà devant une classe d’une centaine d’élèves de 6 à 17 ans. Conformément à la loi Guizot, Larousse doit donner la première place dans son enseignement à la morale et à la religion. Mais Pierre LAROUSSE est vite déçu par cet enseignement qui ne laisse aucune place ni à l’initiative personnelle, ni à la réflexion, et qui manque cruellement de manuels scolaires. Lui qui a été libre de choisir ses lectures, qui a tout écouté à l’auberge des parents, ne tarde pas à constater la déficience de l’enseignement qu’on lui demande de dispenser. Convaincu qu’une réforme s’impose, il démissionne de son poste en mai 1840 et repart à Paris où il reprend ses études.

Commence alors une période d’une dizaine d’années difficiles au cours desquelles il va falloir vivre sans grandes ressources. Il suit tous les cours gratuits qu’il peut au Collège de France, à la Sorbonne… Certes les parents ne l’oublient pas et lui envoient périodiquement des colis contenant quelques victuailles d’autant plus appréciées qu’elles rappellent la campagne toucycoise et qu’elles améliorent considérablement les repas pour quelque temps.

Pour subvenir à ses besoins, Pierre Larousse devient répétiteur à l’Institut JAUFFRET, dans le Marais. Il y rencontre Suzanne Pauline CAUBEL ; nous sommes en 1845, il ne l’épousera qu’en 1872 mais l’appellera toujours « ma femme » ou « madame LAROUSSE » ! Entre 1848 et 1851 il devient maître d’étude, toujours à l’Institut JAUFFRET, ce qui va lui permettre de tester ses ouvrages pédagogiques dont les premiers paraissent (à Paris chez Vve Maire-Nyon) en 1849 et 1850, il s’agit de la Lexicologie des écoles primaires.

Pour faire connaître sa méthode, Larousse n’a que deux solutions : ou bien il vend son ouvrage à un éditeur qui devient le propriétaire de cette première partie mais aussi le propriétaire des suivantes – ce qui aurait assuré la fortune et la célébrité de l’éditeur mais pas celle de Larousse ! Ou bien il édite « à compte d’auteur » …mais dans ce cas, il lui faut de l’argent, or ni lui, ni sa famille n’en possèdent…En fait, la solution trouvée sera de fonder en 1852 sa propre maison d’édition en compagnie d’un ancien élève de l’école Normale de Versailles : Augustin BOYER, la maison « Larousse et Boyer » ouvre ses portes au 2 rue Pierre Sarrazin. Et plus tard, au 49 rue Saint-André-des-Arts à Paris. La maison n’emploie qu’un seul commis : Emile MOREAU, petit-neveu de Boyer.

Les deux hommes ont beaucoup d’affinités communes :

•          Tous deux sont natifs de la même région et sont même compatriotes puisque Boyer est né à Villiers-Saint-Benoît, à 10 km de Toucy.

•          Tous deux ont la même formation (Ecole Normale de Versailles)

•          Tous deux sont républicains !

•          Tous deux sont fils d’aubergiste !

LAROUSSE se tue à la tâche, le mot n’est pas trop fort, il travaille 15 à 16 h par jour et les premiers symptômes de la congestion cérébrale qui l’emportera le 3 janvier 1875, apparaissent. Depuis 1872, c’est Jules qui dirige l’imprimerie et assure la continuité du GDU. A la mort de Pierre, le neveu et Mme LAROUSSE s’associent et continuent la publication du GDU sous le nom de « Veuve Larousse et Cie ». En 1878, la maison déménage au 19 de la rue du Montparnasse où elle se trouve toujours.




Charles Louis Étienne Bachelier

30 05 2012

Charles Louis Étienne BACHELIER (1)

Nota: L’essentiel du contenu de cet article est extrait des informations mises en ligne par monsieur Norbert Verdier.

Il semble que dans le département de l’Yonne, le souvenir de Charles Louis Étienne Bachelier se soit perdu. Des zones d’ombre subsistent dans le tableau de la famille BACHELIER que l’on trouve installée à Chablis dès le XVIIe siècle. Ces zones d’ombre interdisent pour l’instant d’établir un lien avec les Bachelier qui vivent encore (en 2012) à Chablis.

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Au XIXe siècle, il y a deux traditions dans le monde éditorial : une nouvelle génération d’hommes découvre et bâtit le marché éditorial ; une autre, héritière des grandes familles d’éditeurs du XVIIIe siècle conforte ses positions, les développant ou les spécialisant (2).

Charles Louis Étienne Bachelier illustre ces deux tendances de la profession. Né en 1776 à Chablis d’un père Étienne, tonnelier, et de Marie Victoire Boisseau, il s’installe à Paris vers 1800 et entre au service du libraire Denis Simon Magimel, qui se consacre presque exclusivement au domaine militaire. Par son intermédiaire, il rencontre la fille de Jean Courcier, un éditeur tourné vers les mathématiques dans la continuation de Duprat, son prédécesseur. En épousant mademoiselle Courcier, en 1804, Bachelier inscrit son parcours dans une tradition familiale portée par les mathématiques. Entre 1800 et 1811, année de la mort de Courcier, la maison édite environ deux cents ouvrages dont la moitié environ relève directement des mathématiques. Elle édite également la Correspondance sur l’École royale polytechnique lancée par Jean Nicolas Hachette, en 1804. Plus tard, en 1812, Magimel aide Bachelier à s’installer en tant que libraire, au 55 quai des Augustins, à Paris.

Bachelier devient libraire par un brevet datant du premier octobre 1812. Le 30 mai 1832, il est breveté imprimeur (en lettres) et remplace Auguste Alfred Courcier (né le 4 septembre 1809), son beau-frère et successeur de Démophile Huzard. Par ce brevet de 1832, Bachelier associe ainsi à sa librairie du 55 quai des Augustins l’imprimerie du 12 rue du Jardinet, fief de la maison Huzard-Courcier.

Devenu officiellement libraire et imprimeur, éditeur comme le précisent certaines pages de couverture des ouvrages qu’il publie, Bachelier développe la stratégie éditoriale de la maison familiale. Entre 1832 et 1852, il publie environ quatre cent soixante-dix-sept ouvrages, ce qui constitue une publication annuelle d’un peu plus de vingt ouvrages. Il est ainsi l’éditeur des deux principaux journaux de mathématiques que sont le Journal de mathématiques pures et appliquées, ou Journal de Liouville (3) et les Nouvelles annales de mathématiques (4). Le premier est destiné à publier des articles de recherche, tandis que le second s’intéresse à l’enseignement et aux concours d’entrée aux Écoles polytechnique et normale (ENS). Ces deux publications façonnent l’espace éditorial des mathématiques de cette époque.

Bachelier exerce une vingtaine d’années avant de décéder en 1853. Olry Terquem lui rend un hommage appuyé en 1854 dans « ses » Nouvelles annales de mathématiques qu’il a co-fondées avec Camille Gérono, en 1842 : « Bachelier trouva le repos et sans doute la palme du juste, vers la fin de 1852, léguant à ses enfants un nom respecté, une maison de haute réputation et un digne successeur. »(5).  Bachelier, dont le fils est mort en 1832 (6), transmet son entreprise à son gendre Louis Alexandre Joseph Mallet qui lui succède par un brevet daté du 14 mai 1853.

La maison Bachelier devient Mallet-Bachelier. Elle est accueillie avec enthousiasme si nous considérons les propos de Terquem qui veut être « l’organe de tous les géomètres » : « M. Mallet-Bachelier, son gendre, quitte une position honorable dans la magistrature pour assumer une grave responsabilité commerciale, soutenir, continuer et améliorer encore un établissement dont la célébrité est un patrimoine de famille. Puisse le succès couronner un dévouement filial si rare ! »(7).

Le gendre fait prendre une extension considérable à la librairie et à l’imprimerie. Sur la période 1854-1863, Mallet-Bachelier publie environ quatre cent vingt-trois ouvrages soit environ une quarantaine par an. La production a donc été approximativement doublée par rapport à l’ère Bachelier. Toutefois, Mallet ne donne pas à la maison d’édition son seul nom : le nom Bachelier reste invariablement associé au sien. Dans les catalogues insérés à la fin des ouvrages, il se présente comme « gendre et successeur de Bachelier » et, dans la continuité de Bachelier, comme « imprimeur-libraire du Bureau des longitudes – de l’École impériale polytechnique – de l’École centrale des arts et manufactures – du Dépôt central de l’artillerie ». Mallet n’est pas qu’un successeur de son beau-père au sens où il aurait été reconduit dans les diverses responsabilités éditoriales octroyées à Bachelier. Il met aussi en place de nouvelles stratégies éditoriales. La « cible » visée par la maison s’élargit ; elle est désormais libraire « pour les mathématiques, la physique, la chimie, les arts mécaniques, les Ponts et chaussées, la marine et l’industrie » comme en attestent les extraits de catalogue insérés presque systématiquement dans les ouvrages et constitués le plus souvent d’une dizaine de pages, au moins.

De la rue de Seine à l’Institut

Les mathématiques figurent systématiquement en tête mais la maison vise nommément tout ce qui concerne le secteur scientifique, technique (génie mécanique, civil, maritime) et industriel. À noter également l’intrusion dans les catalogues de la vente d’instruments de calcul (règles à calcul) ou de globes. La montée en puissance de Mallet-Bachelier est également inscrite géographiquement. En août 1860, l’imprimerie passe d’une petite cour obscure (le 12, rue du jardinet) au 10, rue de Seine, aux portes de l’Académie. Désormais, librairie et imprimerie sont voisines, au 55 quai des Augustins pour la première et au 10 rue de Seine, pour la seconde. La maison Mallet-Bachelier est désormais sise au cœur de la vie scientifique parisienne, éditorialement et géographiquement.

Les réalisations de Bachelier sont sans cesse louées et récompensées lors des expositions universelles. Les récompenses s’adressent, au-delà de l’éditeur, à son directeur de l’imprimerie, Théodore Bailleul. C’est lui qui, tout au long du siècle, a fait progresser significativement la typographie des mathématiques. « [L]es calculs sont présentés avec tant de discernement, les lettres si bien alignées et nivelées, les divers symboles si expressifs, la justification si agréable à l’œil, qu’on est tenté de croire que M. le directeur Bailleul, par une seconde vue, a l’intelligence des formules gigantesques qu’il peint sur le papier. » souligne Terquem dans son Bulletin de bibliographie, d’histoire et de biographie mathématiques, annexé aux Nouvelles annales.

[…]

Le géomètre Joseph Alfred Serret émet un jugement plus général, lorsqu’à la suite de la parution de son célèbre cours d’algèbre, en 1849, il écrit : « J’ai comparé les formules du spécimen de l’imprimerie Bachelier que j’ai entre les mains, avec les formules analogues d’ouvrages publiés par M. Bachelier il y a une dizaine d’années, puis avec les formules d’ouvrages publiés par d’autres éditeurs français, anglais, allemands et italiens. Cette comparaison me permet d’affirmer que l’imprimerie typographique de M. Bachelier répond de la manière la plus complète à tous les besoins de l’Analyse Mathématique actuelle, et que les ouvrages publiés par cet éditeur, depuis six ans, l’emporte, d’une manière incontestable (au point de vue des formules) sur tous les ouvrages de Mathématiques que j’ai entre les mains. »

Un texte de Galois dans les Annales de Gergonne, en 1828-1829 :

Un texte de Galois dans les Annales de Gergonne, en 1828-1829.

Un texte de Galois dans les Annales de Gergonne, en 1828-1829.


… et dans le Journal de Liouville, en 1846 :

... et dans le Journal de Liouville, en 1846.


En 1864, le fonds Bachelier est racheté par un certain Gauthier-Villars. Il écrit à « ses » auteurs : « J’ai l’honneur de vous informer que je me suis rendu acquéreur de l’Imprimerie et de la Librairie de M. Mallet-Bachelier. Je ne négligerai rien pour conserver les bons rapports que mon prédécesseur a toujours eu avec ses Correspondants, et pour maintenir la réputation que la maison s’est acquise par ses travaux typographiques. ». La maison Bachelier entre ainsi dans une autre succession, celle de l’empire éditorial Gauthier-Villars.

D’après Norbert Verdier


(1) D’après : http://images.math.cnrs.fr/Le-libraire-imprimeur-es.html

(2) Parinet, Élisabeth Une histoire de l’édition à l’époque contemporaine XIXe-XXe siècle, Éditions du Seuil, 2004, 151-152.

(3) Le Journal de Liouville est encore aujourd’hui un des journaux de références de la communauté mathématique. Il est édité par Elsevier.

(4) Initialement publiées par Carilian-Goery, les Nouvelles annales sont reprises par Bachelier, fin 1848.

(5) Terquem, Olry Bachelier (Charles-Louis Étienne) , Nouvelles annales de mathématiques, I, 13 (1854), 223-227.

(6) Victor Bachelier a été condisciple de Liouville à l’École polytechnique. Il est mort très jeune en 1832 dans des circonstances que nous ignorons.

(7) Terquem, Olry Bachelier (Charles-Louis Étienne) , Nouvelles annales de mathématiques, I, 13 (1854), 223-227.




Éditions Odilon

20 03 2012

Les Editions Odilon

     Les innovations technologiques de ces dernières années permettent à ceux qui le souhaitent et ont un peu d’obstination de se lancer dans l’édition (pas toujours avec l’espoir d’en vivre). Ainsi se sont développées les éditions Odilon dont le siège est à Nailly, dans l’Yonne. Elles propèrent sous l’impulsion de trois instituteurs issus du mouvement Freinet qui ont fondé une SARL ; parmi ces trois fondateurs citons Pierre Varenne, né en août 1946 et Jacques Varenne, né en juillet 1939, qui ont tous deux enseigné dans l’Yonne.

         Les Éditions Odilon, créées en 1995, publient des livres pour enfants, des outils de travail individualisé, des documents, et plus généralement tout outil permettant aux enseignants de l’école élémentaire de pratiquer une pédagogie adaptée aux besoins de chaque élève. Les premiers livrets publiés dans la série « Je m’appelle Odilon », avaient d’abord été diffusés par la C.E.L., puis par un petit éditeur, puis un temps par l’imprimeur, puis à compte d’auteur…  suivirent « Histoire de Lire ».

Le caractère confidentiel de la diffusion de ces ouvrages font que le Musée du livre scolaire d’Auxerre n’a encore (début 2012) reçu d’ouvrage en dépôt.

 

 

Au catalogue des Éditions Odilon

Histoire de lire Maternelle – Début de C.P., livrets pour lire quand on ne sait pas encore lire ;

Fichier d’activités « Histoire de lire » G.S. – Début de C.P., associer les étiquettes des dessins et des textes ;

Cahiers d’exercices « Histoire de lire » C.P., pour une activité autonome à partir des livrets Histoire de lire ;

Je m’appelle Odilon CP- CE1 et plus…., livrets d’histoires pour les débutants en lecture ;

Livrets de lecture « A partir de nos textes » C.P., livrets d’activités de lecture ;

Le P’tit Dico, Grande section – début de CP, répertoire orthographique pour les tout-petits ;

Fichiers d’orthographe O1 et O2 Maternelle – Début de C.P. ; CP- CE1 et plus…. ;

Fichiers d’Incitation à la Recherche et à l’Expression Tous niveaux, français, maths et dessin… et autres ;

Fichiers Lecture – Sciences A partir du CE1, pour améliorer la lecture à caractère scientifique ;

Sciences au bout des doigts Cycle 2 – Cycle 3, fiches d’expériences faciles à réaliser ;

À corps et à cris fichier pour l’expression corporelle et vocale ;

Initiation à l’allemand , à l’anglais , à l’italien, à l’espéranto, à l’espagnol Cycle 2 – Cycle 3 – 6ème, livrets et CD audio correspondants ;

Cahiers d’exercices « Stories, Geschichten, Storie, Rakontoj, Historias » Cycle 2 – Cycle 3 – 6ème, pour une activité autonome en anglais, allemand, espagnol, italien et espéranto ;

Fichier Évaluations C.M.2, C.M.2, fichier d’évaluations pour le C.M.2 ( maths – français ) ;

Graphismes d’enfants, cartes postales, dessins d’enfants ;

Odidocs, brochures pour les enfants et les maîtres ;

À vos fuseaux, méthode d’apprentissage de la dentelle.




Jeannot et Forin, éditeurs

12 01 2012

UNE MAISON D’ÉDITION À AUXERRE,

JEANNOT & FORIN

 

     Aujourd’hui, lorsque l’on parle d’éditeur, on pense à une entreprise gigantesque dotée d’un siège social imposant au cœur de la capitale. Le temps n’est pas si loin cependant où de petites structures provinciales étaient capables d’éditer des ouvrages et d’en assurer le suivi.

     Parmi les ouvrages détenus par le Musée du livre scolaire d’Auxerre, on trouve « la Géographie de l’Yonne » de Gustave Boisseau, publiée chez Arnon-Calmus à Auxerre. Le même Gustave Boisseau publie toujours à Auxerre, cette fois chez Jeannot & Forin une « Histoire du département de l’Yonne ».

     Les renseignements nous manquent encore pour faire l’historique de l’éditeur Arnon-Calmus (éditeur d’un précis d’agriculture de Clémendot), mais nous avons pu glaner quelques éléments concernant Jeannot & Forin dont ils furent manifestement les successeurs (Les frères Jeannot éditant aussi un manuel d’instruction civique du même Clémendot).

 

Les frères Jeannot, Gaston et Robert, originaires de Pouilly-sur-Loire, ont acheté, après la Grande Guerre, la Librairie des écoles à Auxerre. Gaston était licencié en droit, ancien juge de paix au Blanc (36), et son frère Robert agrégé de latin et de grec.

     Robert Jeannot s’est retiré au profit de monsieur Forin qui était un commis si efficace qu’il est devenu l’associé de Gaston Jeannot. Ils sont donc co-éditeurs.

     La librairie Jeannot & Forin puis plus tard, Fraikin se situait 45-47 rue du Pont à Auxerre.

     Pour ce qui est de l’édition, ses activités se concentrèrent sur la Géographie de l’Yonne et l’Histoire de l’Yonne avant de s’orienter vers des ouvrages techniques destinés à la base militaire de Monéteau proche d’Auxerre. Son catalogue resta donc restreint et spécialisé.

     Gaston Jeannot est décédé en 1951, Sa femme Blanche avait travaillé avec lui ainsi que leur fille unique, Marcelle. Née en 1913, Marcelle Jeannot avait eu le permis de conduire à 18 ans et faisait des livraisons dès cette époque. Elle s’est mariée, en février 1939, avec un instituteur parisien, Jacques Fraikin. On ne sait si Jacques Fraikin fut aussi éditeur, mais au moins pour ce qui est de l’imprimerie le couple a été un temps associé de monsieur (et peut-être madame) Forin. Vers 1960, Jacques Fraikin a été libraire à Aix-en-Provence.

 

    La fille de monsieur Forin, Jeanine Forin, épouse de Robert Galley a pu nous indiquer que la librairie-maison d’édition fut vendue en 1962 à une coopérative d’instituteurs, émanation du Syndicat des Instituteurs qui avait déjà pris la succession de l’imprimeur Tridon-Gallot. Plus tard, l’immeuble fut revendu à une société d’assurances cependant que la librairie, devenue Librairie universitaire se déplaça rue de Paris à Auxerre, puis, après des déboires financiers devint la Nouvelle librairie universitaire, rue Louis-Richard toujours à Auxerre avant de se déplacer à nouveau à Appoigny (89).




Armand Colin

16 06 2011

Armand Colin est né à Tonnerre où son père tenait une petite librairie au pied de la rue Saint-Pierre. Une rue de la ville porte son nom (mais la rue Saint-Pierre où son père tenait boutique à conservé sa dénomination  originelle à la demande de la famille). Armand Colin  est cité dans le « Dictionnaire biographique généalogique et historique de l’Yonne » écrit par Paul Camille Dugenne (quatre volumes), publié par la  SGY :

COLIN Armand Auguste

° Tonnerre, 31 VIII 1842 ; † Paris, VI 1900.

– f. d’Édouard Télesphore, libraire, & Marie Augustine Hirmelin.

– Élève au collège Sainte-Barbe et au lycée Saint-Louis, travaille dans deux grandes librairies avant de fonder sa propre maison d’édition « Armand Colin » dont la devise est « Labeur sans soin, labeur de rien », rue Condé (1870), puis rue de Mézières (1877). Il publie des ouvrages pour les classes primaires profitant de la loi de 1881 réorganisant et rendant obligatoire l’enseignement primaire. Sa production passe de 60 000 volumes en 1872 à 139 000 en 1878. Parmi ses succès, l’atlas Foncin, puis l’atlas et les cartes Vidal-Lablache, l’histoire d’Ernest Lavisse, l’enseignement scientifique de Paul Bert et une collection (qui précède Que sais-je) de très haute qualité, dont les chefs de section sont entre autres : Gaston Bachelard (Philosophie), Pierre Renouvin (Histoire et Sciences économiques), Pierre Montel (Mathématiques), Georges Champetier (Chimie). À l’édition, il ajoute une branche « Matériel scolaire ». Il fonde Le Petit Français illustré, Journal des Écoliers et Écolières, qu’il dirige pendant 12 ans. Il obtient un diplôme de Mérite à l’Exposition de Vienne (Autriche), une médaille d’argent de la Société pour l’instruction élémentaire, un diplôme d’honneur à l’Exposition de Compiègne, et une médaille de Vermeil à l’Exposition de Versailles (1877).

– Il est avec P. Foncin un des fondateurs de l’Alliance française, et trésorier ; membre du Conseil d’administration de l’institut commercial ; membre de la commission des valeurs de Douane ; membre fondateur de la ligue des Droits de l’Homme.

¥ (ca. 1872) Blanche Badin, f. de Jules, & Pauline Lheureux.

[SAHT, 34/J. Fromageot, D]

Généalogie de la famille COLIN :

Les ancêtres d’Armand Colin se trouvent dans le nord-est de l’Yonne sur les cantons de Cruzy-le-Châtel, Ligny-le-Châtel, Tonnerre. L’ancêtre connu le plus lointain, Claude COLIN, est né au début du 18e siècle ; on le trouve marié à Anne REGNARD, il est cité lors du mariage de son fils Nicolas, procureur fiscal, le 14 janvier 1744 à Cruzy avec Madeleine THIERRY. Le couple aura au moins deux enfants, Jean Baptiste et Louis. Louis COLIN épouse Thérèse Elisabeth LEGER, le 12 octobre 1778, à Saint-Vinnemer. Leur fils, Louis Michel se marie avec Nicolle Pauline LEGER le 26 janvier 1807 à Saint-Vinnemer avant de décéder le 4 septembre 1835 à Ligny le Châtel. Ce couple COLIN x LEGER, a trois enfants, au moins :

– Nicolas, né le 3 mai 1808 à Cruzy-le-Châtel

– Charles Narcisse, né le 10 mai 1810 à Cruzy-le-Châtel

– Edouard Théléphore, né le 13 novembre 1817 à Cruzy-le-Châtel qui épouse Rosalie Augustine HERMELIN le 9 novembre 1838 à Cruzy-le-Châtel. Auguste Armand COLIN est le fils de ce dernier couple, né le 31 août 1842 à Tonnerre.

 

Tonnerre : la rue Saint-Pierre, rue natale d’Armand Colin

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Armand COLIN,

D’après une page ‘Facebook’ :

Les débuts

A la naissance d’Armand Colin, en 1842, son père Edouard Colin, exerçait le métier de libraire à Tonnerre (Bourgogne). En 1850, ce dernier décide de renoncer à la libraire et de quitter la Bourgogne pour la capitale française où il devient commissionnaire de compagnies d’assurances des bords de Seine, jusqu’en 1870. En 1860 à la mort de sa mère, Armand achève sa scolarité au Collège Sainte-Barbe sans aucun diplôme. En 1866 il se retrouve chez Charles Delagrave, vieille connaissance d’école, lequel vient de racheter le stock de la maison Dezobry et entreprend de vendre livres et matériels scolaires, un autre « barbiste » est embauché, Fernand Nathan.

En 1870, le père d’Armand quitte les assurances et dépose une demande de brevet de librairie sur Paris ; c’est donc au 16 rue Condé qu’Edouard Colin va installer sa librairie. Le nom du jeune Armand Colin apparaît pour la première fois en tant qu’éditeur dans le Catalogue général de la librairie de 1870, à propos d’une série de traités du mathématicien Joseph Adhémar (1797-1862). L’année suivante, deux livres porteront son estampille, un livre d’histoire religieuse, de Mathieu Tidon, et un ouvrage, de Jules Tardieu,  sur le conflit franco-prussien qui vient de se terminer. Guerre à laquelle le jeune éditeur avait pourtant participé en tant qu’engagé volontaire dans le 20ème bataillon de la 1ère compagnie de la Garde nationale.

C’est grâce à Auguste Merlette, professeur de science, et Aimé Hauvion, un de ses anciens élèves, tous deux à l’origine d’un hebdomadaire l’enseignement primaire, L’Encyclopédie des Ecoles, qu’il va publier à la rentrée de 1872, le Manuel de grammaire signé sous le nom de « Larive et Fleury ».

La réussite d’Armand Colin

Au lendemain de la défaite face à la Prusse, les Français cherchent, par le biais d’une meilleure instruction, les voies d’une émancipation intellectuelle et les ventes de manuels scolaires triplent entre 1870 et 1874. Armand Colin impose sa marque grâce à la clarté de son texte, au soin apporté à ses illustrations, à la pertinence de ses exercices, voire à son type de couverture.

De plus il a appris auprès de son père et de Delagrave combien le sens du contact personnel est important et il envoie à tous les instituteurs de France un spécimen gratuit de son manuel avec une notice.

En 1873, Armand Colin s’associe à Louis Le Corbeiller qui apporte un tiers du capital de la société, fixé à 190 000 francs, les deux autres tiers étant aux mains d’Armand, mais la responsabilité de la direction est partagée à égalité. Leur collaboration continuera jusqu’en 1899, date à laquelle Le Corbeiller s’effacera au profit de son gendre, Henri Bourrelier.

Armand Colin se voit décerner, en 1889, la Médaille de bronze de l’économie sociale grâce à la mise en place d’une caisse de retraite pour le personnel, de salaires plus élevés qu’ailleurs, de prêts pour l’achat de livres, un congé annuel de huit jours, des avances pour ceux qui souhaitent prendre des cours du soir, des rabais de 50% pour l’acquisition de la production interne et enfin des dons au moment d’une naissance, d’un mariage ou d’un décès.

Armand Colin soigne ses relations avec l’appareil ministériel, et insiste pour que ses manuels soient retenus par la commission d’examen de la Ville de Paris.

Pour les illustrations du Petit français illustré il fait appel à Christophe, l’inventeur de La Famille Fenouillard, du Sapeur Camembert, du Savant Cosinus, de Plic et Ploc. Premiers titres et premiers jalons dans l’histoire de la BD.

Pas moins de 50 millions de volumes, soit le quart du marché du livre scolaire, seront vendus par la maison Armand Colin entre 1872 et 1889. Le catalogue passe de l’enseignement primaire, secondaire, au supérieur et s’étend à toutes les disciplines des lettres, de l’histoire, de la géographie, des langues, anciennes et vivantes, et des sciences.

Il crée en 1892 lors d’un vent de réformes sur les universités, la Revue universitaire, qui sera suivie de la Revue d’histoire littéraire, des Annales de géographie, de la Revue de métaphysique et de morale, de la Revue philosophique, la Revue politique et parlementaire.

La vie personnelle d’Armand Colin

Deux mois après la naissance de la société, Armand se marie à Blanche Badin. De dix ans sa cadette, elle est issue d’une famille de vieille souche parisienne. Le couple a deux filles, Jeanne et Alice, et mène un train de vie très bourgeois.

Jeanne, épouse, en 1894, Max Leclerc, fils de la grande bourgeoisie qui signe chez Armand Colin, L’Education des classes moyennes et dirigeantes en Angleterre, Choses d’Amérique, Lettres du Brésil.

Alice, épouse Victor Bérard, qui signe en 1902, chez Armand Colin, Phéniciens et Odyssée, puis Les Navigations d’Ulysse.

Armand Colin s’implique dans l’affaire Dreyfus en se mettant, dans L’Aurore, en tête des signataires de la deuxième protestation en faveur du « maintien des garanties légales des citoyens contre tout arbitraire » tout en stigmatisant les « irrégularités » du procès de Dreyfus, en 1894, devant le conseil de guerre. Il figure au rang des dreyfusards aux côtés de ses gendres, Bérard a signé la première protestation, le 14 janvier, au lendemain de la lettre de Zola, Leclerc la suivante avec son beau-père.

Armand Colin, l’un des premiers membres de Ligue des Droits de l’Homme, rejoint également l’Alliance française, qu’il considère comme le prolongement de ses travaux d’éditeur.

A l’Exposition Universelle de 1900, l’Alliance française rend hommage à l’éditeur qui lui a fourni des centaines de manuels, Mais cet hommage, le destin a voulu qu’Armand n’ait pas eu le temps de l’entendre.

Il décède le 18 juin 1900.

La succession d’Armand Colin

A la mort d’Armand Colin en 1900, son catalogue est riche de 1 100 titres.

Max Leclerc est le dauphin désigné par Armand Colin, ainsi qu’Henri Bourrelier qui succède à son beau-père Louis Le Corbeiller. Leur association va durer vingt-six ans.

En 1910, ils décident d’adopter un nouveau logo dessiné par René Ménard, autour duquel s’enroule la devise « Labeur sans soin, Labeur de rien ». En 1913, la société emménage boulevard Saint-Germain, au 103.

Jusqu’à la Première Guerre Mondiale, Armand Colin & Cie, jouit d’une belle santé, toutefois la Grande Guerre fait des dégâts sur le plan humain et financier. Vingt-deux employés sont morts dans les tranchés, pendant ces quatre années, l’activité est suspendue. Au sortir de la guerre le redémarrage s’avère lent. Pourtant c’est à ce moment que naît l’idée d’une collection originale : une vulgarisation de qualité sous la forme de livres bon marché (15 francs) à la pagination réduite, et au format de poche, destinés aux jeunes sortis de l’école, désirant s’instruire mais empêchés de suivre des cours à l’université. Une maxime résume l’esprit : Vulgariser sans abaisser.

Max Leclerc souhaitait passer la relève à son fils aîné, André, mais ce dernier meurt subitement en 1924 d’une septicémie, Max s’en remet donc à son deuxième fils, Jacques. Henri Bourrelier souhaite également se retirer et céder la place à son fils, Michel. Un conflit d’intérêt naît entre Max et Henri sur les sommes investies ; à la suite d’un procès un accord à l’amiable est trouvé. Max rachète les parts d’Henri qui ne pourra pas transmettre le témoin à son fils.

Max Leclerc décède le 6 juin 1932. Jacques Leclerc reprend le flambeau, accompagné par l’adjoint de son père, René Philippon.

La guerre 1939-1945, la librairie Armand Colin l’a vécue dans les fers de la censure. A la fin de cette dernière, René Philippon est déféré devant les tribunaux en tant que président du Syndicat des éditeurs, cité à comparaître sous l’accusation d’atteinte à la sécurité de l’Etat, et la Librairie se retrouve sur le devant de la scène. Le reproche fait a René est d’ « avoir collaboré avec l’ennemi en imposant la mise en vente de publication crées par la propagande allemande et en s’associant à la convention de censure du 28 septembre 1940 et à l’établissement des listes Otto, ainsi qu’à la participation à des manifestations culturelles organisées par l’occupant ». Toutefois la Cour de Justice l’acquitte.

En peu de temps la maison redore son blason grâce à de nouveaux ouvrages et de nouveaux auteurs.

En 1963 Armand Colin fusionne avec les éditions Bourrelier crées en 1963 par le fils d’Henri Bourrelier. La société est conduite par Jean-Max Leclerc, tout juste sorti d’HEC qui succède à son père Jacques. Ce dernier met en place la collection « U » qui ravit la vedette aux autres. Dominique le frère de Jean-Max devient directeur général et sa fille Caroline intègre également l’équipe et créée la collection « Cursus », qui fait son apparition en librairie en 1988.

Toutefois, en 1987, la maison devait abdiquer son indépendance et Jean-Max la céder à Masson. Le nouvel ensemble devient le principal éditeur français d’ouvrages universitaires et de sciences humaines avec un chiffre d’affaire de 600 millions de francs.

En 1994 après la mort prématurée de Jean-Max Leclerc, le groupe de la Cité s’empare de Masson-Colin . Le groupe de la Cité, CEP communication, transfère les activités scolaires d’Armand Colin chez Nathan et les fonds droit et sciences humaines de Masson passent dans l’escarcelle « U ».

La sphère éditoriale connaît un nouveau développement avec la reprise en 2004 par Hachette-Livre, d’Armand Colin, Dunod, Larousse, suite à l’acquisition d’une part importante du groupe Editis. Colin hérite du secteur universitaire de Nathan, la collection « Fac », la collection « Circa », la collection « 128 », « Essais et recherches » dirigée par François de Singly et auquel contribue le sociologue Jean-Claude Kaufmann et du fonds de la maison Sedes, spécialisée dans les ouvrages pour les concours d’enseignements.

Quelques dates

• 1842 : Naissance, le 31 août, à Tonnerre (Yonne)

• 1850 : Arrivée à Paris.

• 1870 : Armand Colin se lance dans l’édition à son compte. Il s’installe au 16 de la rue Condé.

• 1872 : Première édition de la grammaire Larive et Fleury.

• 1873 : Débuts officiels de l’association Armand Colin – Louis Le Corbeiller

• 1877 : La librairie s’installe rue de Mézières.

• 1880 : Armand Colin emménage boulevard Saint Germain

• 1883 : Armand Colin rejoint l’Alliance Française

• 1884 : Publication du « Petit Lavisse »

• 1898 : Armand Colin signe dans L’Aurore, le 19 janvier la protestation contre l’irrégularité du procès Dreyfus. Il adhère à la ligue des droits de l’Homme.

• Louis Le Corbeiller se retire.

• 1900 : Mort, le 18 juin, d’Armand Colin. Max Leclerc, gendre d’Armand Colin et Henri Bourtelier, gendre de Louis Le Corbeiller, sont à la tête de la Librairie.

• 1913 : La Librairie Armand Colin est installée boulevard Saint Germain.

• 1926 : Rupture entre Max Leclerc et Henri Bourrelier. Max Leclerc est seul aux commandes.

• 1929 : Premier numéro, le 15 janvier, des annales co-dirigées par Marc Bloch et Lucien Febvre.

• 1932 : Mort, le 6 juin, de Max Leclerc. Son fils Jacques lui succède.

• 1938 : Rupture entre Jacques Leclerc, d’un côté, Marc Bloch et Lucien Febvre, de l’autre. Les Annales ne renoueront avec Armand Colin qu’en 1958

• 1944 : Bloch fusillé, le 16 juin, par les nazis à Saint Didier de Formans (Ain)

• 1945 : Procès, le 29 novembre, de René Philippon, président du Syndicat des éditeurs et bras droit de Jacques Leclerc. Il est acquitté.

• 1949 : Publication de la Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II de Fernand Braudel.

• 1956 : Mort de Jacques Leclerc. Son fils Jean-Max, lui succède. A ses côtés, son frère cadet, Dominique, est directeur de la production. Il sera plus tard directeur général.

• Mort de Lucien Febvre.

• 1960 : Premiers titres de la collection U.

• 1963 : Armand Colin rachète les éditions Michel Bourrelier

• 1987 : Masson absorbe Armand Colin

• 1992 : Mort de Jean – Max Leclerc

• 1994 : Le groupe de la cité rachète le groupe Masson – Armand Colin

• 2004 : A l’occasion de la cession Vivendi, reprise par Hachette-Livre d’Armand Colin

     

Tonnerre : La rue Armand-Colin.